Androcur et risque de méningiome : l’ANSM met en place un numéro vert

Aude Lecrubier

20 septembre 2018

 

Réactualisation, Saint Denis, le 20 septembre 2018 –  En attendant les recommandations du comité pluridisciplinaire d’experts indépendants (CSST), prévues courant octobre, l’ANSM invite les patients à contacter leur médecin pour adapter si besoin leur traitement. L’agence met également en place un numéro vert pour répondre aux interrogations des patients ou de leur entourage (0 805 04 01 10, du lundi au vendredi de 9h à 19h). Enfin, elle a adressé un courrier aux professionnels de santé afin de leur préciser la conduite à tenir.

 

Recommandations temporaires aux professionnels de santé

-Informer les patients de l’existence du risque de méningiome

-(Ré) évaluer le rapport bénéfice /risque pour chaque patient en tenant compte du risque de méningiome

-Lors de l’initiation de traitement, vérifier auprès des patients l’absence d’antécédent de méningiome ou de méningiome connu en évolution

-Prescrire l’acétate de cyprotérone dans le respect des indications autorisées par l’AMM et aux doses les plus faibles possibles et sur une courte durée.

 

Androcur et risque de méningiome : vers un renforcement des conditions d’emploi

Saint Denis, France/12 septembre 2018 –  Après le scandale de la Dépakine® va-t-on vers une nouvelle crise avec l’Androcur® ?  Face au risque de méningiome associé à l’acétate de cyprotérone et à une forte utilisation hors AMM de l’anti-androgénique, l’ANSM a lancé une réévaluation qui devrait aboutir à une révision des conditions d’emploi [1].

Trop de prescriptions hors AMM

Lors d’une conférence de presse organisée le 11 septembre [2], l’ANSM a précisé que plus de 89 000 femmes avaient reçu au moins une fois Androcur® ou un de ces génériques en 2017 et qu’il existait en France une forte utilisation hors AMM (endométriose, acné ou kystes ovariens...) et donc un réel besoin de mieux encadrer les prescriptions.

« Androcur® a une réelle utilité dans certaines indications bien précises. Il s’agit de sensibiliser les médecins à bien respecter les indications lors des prescriptions », a commenté Jean-Michel Race (Directeur des médicaments en cardiologie, ANSM) lors de la conférence de presse.

Indications de l’acétate de cyprotérone

Androcur 50 mg

Androcur 100 mg

-Hirsutimes féminins majeurs d’origine non tumorale (idiopathique, syndrome des ovaires polykystiques), lorsqu’ils retentissent gravement sur la vie psycho-affective et sociale.

-Traitement palliatif anti-androgénique du cancer de la prostate.

-Traitement palliatif anti-androgénique du cancer de la prostate.

-Réduction des pulsions sexuelles dans les paraphilies en association à une prise en charge psychothérapeutique.

NB : Diane 35 contient 2 mg d’acétate de cyprotérone (soit 25 fois moins qu’Androcur 50 mg) et 0,035 mg d’éthinylestradiol.

Méningiome : risque mentionné dans les RCP

Le méningiome est une tumeur des méninges le plus souvent bénigne, mais dont le retrait chirurgical, notamment, peut induire de graves séquelles comme des troubles de la mémoire, de l’épilepsie ou une perte du goût et de l’odorat.

Comme pour la Dépakine® avant lui, le risque n’est pas toujours bien connu et expliqué aux patient(es) pourtant, il figure dans les RCP et la notice du médicament depuis 2011.

Il est notifié dans la liste des effets indésirables que « des cas de méningiomes (simples et multiples) ont été rapportés en cas d’utilisation prolongée (plusieurs années) d’androcur à des doses de 25 mg et plus par jour ». Et, il est clairement stipulé que la présence ou un antécédent de méningiome est une contre-indication à l'utilisation de ce médicament anti-androgénique et que l'apparition en cours de traitement doit conduire à son arrêt.

Pour préciser, en vie réelle, la relation entre la prise du médicament et l’apparition de méningiome, une nouvelle étude a été menée par l’Assurance maladie en coopération avec le service de neurochirurgie de l’hôpital Lariboisière. Les donnés préliminaires, divulguées fin août par l’ANSM, montrent que le risque de méningiome augmente fortement en fonction de la durée d'utilisation et de la posologie.

Un risque de méningiome multiplié par 20 au-delà d’une dose cumulée de 60g

L’étude AM/hôpital Lariboisière a été réalisée sur 250 000 femmes exposées au cyprotérone, en comparant celles qui ont reçu de fortes doses (plus de 3g sur 6 mois, soit au moins 3 boites, puis poursuite du traitement) à celles faiblement exposée (moins de 3g sur six mois, soit une ou deux boites, puis arrêt du traitement). La survenue d'un méningiome chez ces femmes a été surveillée pendant 7 ans.

Les résultats préliminaires montrent que l'exposition à l'acétate de cyprotérone à forte dose est associée à un risque de méningiome (pris en charge en neurochirurgie) multiplié par 7 par rapport au groupe de femmes faiblement exposées et qui ont arrêté le traitement.

Il existe, par ailleurs, une effet dose-réponse important. Le risque est multiplié par plus de 20 au-delà d'une dose cumulée de 60 g, soit environ 5 ans de traitement à 50 mg/j ou 10 ans de traitement à 25 mg/j (lorsque le traitement est pris 20 jours par mois).

Le plan d’action de l’ANSM

Face au non respect des indications et compte tenu des nouvelles données françaises, l’agence a lancé une réévaluation du dérivé de la progestérone qui devrait aboutir à une révision des indications, de la posologie, de la durée de traitement, des précautions d’emploi et de la surveillance du risque.

Pour ce faire, l’agence a réuni, en juin, un comité d'experts indépendants (CSST), composé d'endocrinologues, endocrinologue-pédiatres, gynécologues, neurochirurgiens et dermatologues puis mobilisé les sociétés savantes afin d'établir de nouvelles recommandations d'utilisation de l'acétate de cyprotérone et des mesures d'encadrement du risque de méningiome.

Elles seront présentées lors de la prochaine réunion du CSST du 1er octobre.

L’ANSM a annoncé que, dès la publication des résultats définitifs de l’étude française, elle partagerait ces nouvelles données ainsi que les recommandations du CSST avec l'Agence européenne des médicaments (EMA) afin de réévaluer le bénéfice /risque au niveau européen.

 

 

 

 

 

 

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