Le blog du Pr Christian Perronne – Infectiologue
Les cas de légionellose sont en augmentation en France depuis 2017. Quand doit-on suspecter une infection à Legionella pneumophila? Comment la traiter? Le point avec le Dr Christian Perronne.
TRANSCRIPTION
Bonjour, je vais vous parler aujourd’hui de l’augmentation soutenue de la légionellose constatée en France depuis 2017.
Santé publique France a lancé une alerte [1] sur l’augmentation importante du nombre de cas de légionellose. Cette augmentation du nombre de cas a commencé en 2017, qui a été une année record depuis le début de la surveillance de la légionellose, avec 1630 cas. Cette tendance se poursuit en 2018 avec 619 cas sur le premier semestre. Ceci représente une augmentation de 75 % par rapport aux données habituelles de ces dernières années. Cette augmentation est plus marquée en Île-de-France, en Auvergne, Rhône-Alpes et, dans une moindre mesure, la région Centre-Val de Loire et Nouvelle-Aquitaine.
Les caractéristiques des cas de légionellose survenus récemment diffèrent de celles observées habituellement : les cas récents touchent plus souvent des hommes (80 % versus 69 %), des personnes plus jeunes (60 ans versus 66 ans en moyenne), porteurs de plus de facteurs de risque (77 % versus 70 %) avec au premier plan le tabagisme (55 % versus 39 %). Toutes ces différences sont hautement significatives. Il n’a pas été observé du nombre de cas de légionellose à l’hôpital ou dans les établissements de personnes âgées. Parmi ces cas communautaires, plusieurs cas groupés ont été identifiés, mais on n’a pas pu pour l’instant malgré les enquêtes, identifier, comme par le passé, de sources communes, comme par exemple des tours aéroréfrigérantes contaminées. Et pourtant les méthodes de recueil et de diagnostic n’ont pas changé. En l’absence d’explications claires, une hypothèse est d’incriminer des facteurs météorologiques : la température, les précipitations et l’humidité, influençant la prolifération des légionelles.
Le centre de surveillance des maladies en Europe, l’ECDC, conduit actuellement une consultation des états membres de l’Union européenne pour savoir si ce phénomène est limité ou non à la France ou s’il est observé dans d’autres pays.
Pour les médecins, il faut penser à la légionellose devant une pneumonie aiguë et la pneumonie à Legionella pneumophila a tendance à s’installer moins brutalement que la pneumonie à pneumocoque qui, elle, s’installe le plus souvent en quelques heures. Il faut systématiquement penser à la légionellose devant une pneumonie qui ne s’améliore pas sous bêtalactamines, comme l’amoxicilline, l’amoxicilline acide clavulanique ou la ceftriaxone. Et le traitement repose sur un macrolide ou une fluoroquinolone. Les cas sévères doivent être hospitalisés et la déclaration est obligatoire.
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Citer cet article: Recrudescence de la légionellose en France : les points à retenir - Medscape - 17 sept 2018.
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