Y aura-t-il des tensions aux Urgences cet été ? Résultats d’une enquête flash

Dr Isabelle Catala

Auteurs et déclarations

29 juin 2018

France – Au vu de la situation déjà limite pendant l’année scolaire, faut-il s’attendre à des pénuries majeures, des fermetures de lits, voire de services entiers pendant la période estivale sur la région de l’Ile-de-France ? En toute logique, la réponse est positive à en croire les résultats de l’enquête flash menée par l’ARS Ile-de-France (« Anticipation des tensions en période estivale 2018 ») auprès de 76,5 % des 299 établissements sollicités et mis en ligne par un syndicat, l’Association des Médecins Urgentiste de France (Amuf), lequel précise que d’autres zones géographiques risquent de connaitre en situation complexe en juillet/août.

L’armée en renfort

Les différents établissements ont déclaré que 531 plages de 12 h de garde n’étaient pas pourvues en juillet et 711 en aout : soit un total de 14 904 h. Dans ces mêmes services, 33 780 heures d’intérim ont été réalisées en 2017 contre 15 429 en 2015 (voir encadré). Pour apporter une solution à cette situation, l’ARS propose de faire appel à la solidarité régionale en promouvant le « pool régional d’urgentistes qui compte à ce jour 27 volontaires pour effectuer des plages additionnelles dans d’autres services d’urgences que le leur. Ce dispositif existe depuis juillet 2017 et il est régi par une convention entre la FHF et l’AP-HP. Il fonctionne par le biais de l'application WHOOG.

Outre ce pool de volontaires, l’Agence a sollicité la réserve sanitaire de Santé publique France pour un total de 115 vacations en juillet, août et septembre.

Parmi les autres pistes d’action, l’ARS IDF propose un recours au Service de Santé des Armées – à qui les dates de plages non pourvues sur les établissements prioritaires ont été fournies.

Démissions en hausse

Pourquoi manque-t-on d’urgentistes ? Pour le savoir, l’enquête s’est intéressée au turn-over dans les structures d’urgences – un critère souvent assez révélateur – et montre que 148 postes étaient vacants (contre 103 en 2016), que seulement 732 ETP (équivalent temps plein) étaient en activité (contre 765 en 2016). En 2017, ce sont 73 urgentistes qui ont démissionné (contre 43 en 2015) ! Avec un pic dans le Val-d’Oise : 22 démissions signalées. En outre, 51 mutations ont été validées (contre 8 en 2015) et 50 urgentistes sont passés à temps partiel (contre 53 en 2015). Voir aussi notre article Comment rendre un service d’urgences attractif ?

 

Intérim médical et boycott

Le document mis en ligne par l’AMUF n'oublie pas les difficultés liées au boycott de l’encadrement récent de l’intérim (plafonnant le montant journalier des dépenses) par les médecins remplaçants :

  • Au niveau national, la constitution d’un collectif de médecins remplaçants préconisant le boycott de certains hôpitaux depuis mars 2018 pourrait entrainer des difficultés, en particulier de façon localisée (Rhône-Alpes et Grand-Est essentiellement) se surajoutant aux problèmes récurrents de recrutement dans certaines spécialités (anesthésie, bloc, urgences)

  • L’IDF serait, en revanche, relativement préservée du boycott car les marchés publics sont antérieurs au 1er janvier 2018.

 

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