Mais qu’est-ce qui fait fuir les urgentistes vers la médecine générale?

Dr Isabelle Catala

Auteurs et déclarations

27 juin 2018

Paris, France -- Comment éviter le départ des urgentistes vers la médecine générale ? En améliorant leurs conditions de travail et en leur proposant un soutien institutionnel en réponse à leur peur des erreurs médicales, selon une étude coordonnée par le Dr Hugo Krebbs (Montpellier) et présentée à l’occasion du congrès Urgences 2018[1].

En se fondant sur les résultats de cette étude, on peut affirmer que la reconversion n’est pas qu’une question de lassitude de l’activité d’urgentiste, elle correspond aussi à un choix personnel qui permet un épanouissement dans la pratique médicale. Pour autant, tous les médecins ne rejettent pas la pratique de l’urgence et certains arrivent même à combiner les deux activités de façon harmonieuse.

Une étude sur des urgentistes reconvertis

Pour quelles raisons certains urgentistes se réorientent vers la médecine générale ? Dans un contexte de difficulté de recrutement et de manque d’attractivité des services d’urgences, il était opportun de s’intéresser à cette question.

C’est ce qu’a fait une équipe d’urgentistes montpelliérains en interrogeant un panel de 8 anciens urgentistes du Languedoc Roussillon sélectionnés pour leur pluralité en terme d’âge, de sexe et de lieu d’exercice de la médecine d’urgence et de la médecine générale. La formation initiale, la durée d’exercice de la médecine d’urgence et le délai depuis la reconversion ont aussi été pris en compte.

Médecine d’urgence : les tops et les flops

Dans un premier temps, les facteurs positifs et négatifs rencontrés en médecine d’urgence par ces médecins ont été analysés.

-Les conditions de travail :

  • Le positif : le travail en équipe, la pression positive, l’implication de la hiérarchie, le statut hospitalier ;

  • Le négatif : l’évolution professionnelle non satisfaisante, la pression négative, la violence ;

-Le rythme de travail :

  • Le positif : le temps libre ;

  • Le négatif : le retentissement sur la vie sociale et familiale, la fatigue physique et psychique qui peut mener au burn-out ;

-L’évolution de la médecine d’urgence :

  • Le positif : l’activité et les modalités de prise en charge variées ;

  • Le négatif : l’activité trop soutenue, la patientelle difficile.

- La peur de l’erreur médicale

Médecine générale : satisfaction générale

Une analyse similaire a été faite avec les facteurs positifs mis en avant en médecine générale.

-Une relation médecin/patient plus satisfaisante

-Un respect de la vocation initiale

-Le défi d’une réorientation avec une certaine indépendance et une autodétermination

-Les opportunités professionnelles, la création d’une activité

-Une activité qui permet un suivi, une diversité, une polyvalence et une prise en charge globale (familiale, sociale, approfondie)

- Un type de pratique qui permet de choisir son lieu d’exercice son rythme de travail, en gardant parfois une activité d’urgence.

 

Prendre en compte l’ensemble de ces facteurs – qu’ils soient positifs ou négatifs – pourrait permettre de proposer des carrières d’urgentistes plus harmonieuses et projetées sur un long terme.

Au final, interrogés sur la création du DES de médecine d’urgence, les opinions des médecins interrogés divergent. « Malgré un apport certain en termes de formation et de reconnaissance de la filière universitaire, des craintes subsistent concernant les possibilités de réorientation », expliquent-ils.

 

 

 

 

 

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