Comment rendre un service d’urgences attractif ?

Dr Isabelle Catala

21 juin 2018

Paris, Urgences -- Alors que quelques rares chefs de services affichaient des lignes de gardes remplies pour l’été, beaucoup d’autres – plus pragmatiques – ont assisté à la session « Je veux rendre mon service attractif » du congrès Urgences 2018. Et ils ont eu raison car les orateurs, après avoir reconnu la difficulté à attirer et à maintenir les urgentistes dans leurs unités, ont proposé des pistes de travail intéressantes.

Si travailler sous pression permet une sélection des éléments motivés, cette approche majore le risque d’erreurs. Ce n’est donc pas la bonne option. Mieux vaut, pour motiver les troupes, améliorer l’attractivité soit en privilégiant de bonnes conditions de travail, soit en revalorisant les salaires. Tour d’horizon.

Comment améliorer l’ordinaire tout au long de sa carrière ?

« Peu d’urgentistes sont informés qu’il existe des moyens d’optimiser leurs rémunérations en dehors du mercenariat. Pourtant différents recours à des solutions légales sont possibles pour améliorer le quotidien », analyse le Dr François Braun (Président de l'association Samu-Urgences de France, Metz).

Pour attirer les plus jeunes urgentistes, la possibilité de proposer un statut de PH contractuel (Art R.6152-401) permet de faciliter le recrutement avec des contrats à durée déterminée rémunérés au 4ème échelon de PH avec une prime de 10 % maximum.

C’est aussi en début de carrière qu’il est possible de proposer l’engagement à la carrière hospitalière disponible dans certaines spécialités et pour des postes identifiés. Dans l’attente de l’obtention du concours de PH (praticien hospitalier), l’urgentiste peut recevoir, en deux versement, des primes comprises entre 10 000 et 30 000 euros.

En milieu de carrière, « il faut savoir profiter des nouvelles opportunités permises par l’exercice territorial (décret n°2017-327) qui favorise la mise en réseau de plusieurs établissements sur plusieurs sites. Le gain mensuel est compris entre 250 et 1 00 euros et les déplacements sont pris en charge », continue le Dr Braun.

Temps additionnel

Le temps additionnel est l’un des piliers de la rémunération optimisée. Ce temps est réalisé au délai des obligations de service, il est moyenné sur un quadrimestre, sur la base du volontariat et seulement en travail diurne (circulaire DGOS n°2014-359, Instruction DGOS/RH4/2015/234, Instruction DGOS/RH4/2017/42).  .

Les mesures de recrutement de praticien clinicien (Art R.6152-701) permettent de pallier les difficultés de recrutement avec des contrats de 3 mois maximum renouvelables une fois et qui comprennent des objectifs qualitatifs et quantitatifs. La rémunération est constituée d’une part fixe et d’une part variable pouvant aller jusqu’au 13ème échelon avec une prime de 65 %.

Enfin, en fin de carrière, l’urgentiste peut opter pour l’exercice libéral à l’hôpital avec un contrat de 5 ans renouvelable, dans une activité de même nature que son activité hospitalière et avec un nombre d’actes inférieurs à celui réalisé en activité publique. Les actes – qui sont affichés et pour lesquels les patients donnent leur accord après information – sont soumis à une redevance (15 à 25%).

Aucun urgentiste n’est obligé d’en « chier »

Pour Arnaud Depil-Duval (Chef de service du département d'Urgences - Centre Hospitalier Eure Seine, sites d'Evreux et Vernon), « il faut en finir avec les stéréotypes : aucun urgentiste n’est obligé d’en « chier ». Améliorer les conditions de travail en se fondant sur des règles simples et partagées permet d’en finir en partie avec des déficit chroniques des médecins ». Ainsi, depuis les décrets sur le temps de travail des praticiens hospitaliers urgentistes, seules 39 h cliniques doivent être effectuées. « Les 9 heures restantes peuvent être, au choix du médecin, utilisées en travail clinique ou hors clinique. Et le temps hors clinique ne doit pas impérativement être effectué à l’hôpital : le télétravail n’est pas une solution suffisamment utilisée chez les urgentistes », analyse le Dr Depil-Duval.

Créer de nouveaux métiers

A Evreux, pour que les urgentistes puissent intégralement consacrer leur temps clinique au soin, de nouveaux métiers ont été créés : le scribe qui rédige les documents administratifs (certificats, courriers…), gère les rendez-vous post-urgence et s’occupe des ambulances ; ou le gestionnaire d’accueil qui informe les accompagnants sur les délais d’attente et temps de prise en charge, organise les rencontres avec le médecin, appelle les familles et s’occupe des transports non médicalisés.

 
Le télétravail n’est pas une solution suffisamment utilisée chez les urgentistes Dr Arnaud Depil-Duval 
 

Apprendre à faire la sieste

La gestion de la fatigue est l’un des autres axes mis en avant pour le bien-être des soignants à Evreux. Trois types de siestes ont été instaurées : les siestes longues de 90 minutes en nuit profonde qui ont une visée réparatrice mais s’associent à une phase d’inertie, les siestes courtes de 30 minutes effectuées l’après-midi ont elle aussi une fonction réparatrice, enfin les micro-siestes de 10 minutes sont proposées dès que nécessaire. Ces dernières ont l’avantage de ne pas créer d’inertie post-sommeil, mais elles nécessitent un apprentissage et des locaux appropriés (zone calme, température adaptée, matelas confortable…).

 

 

 

 

 

 

Commenter

3090D553-9492-4563-8681-AD288FA52ACE
Les commentaires peuvent être sujets à modération. Veuillez consulter les Conditions d'utilisation du forum.

Traitement....