Le blog du Dr Boris Hansel - Diabétologue et nutritionniste
TRANSCRIPTION
Aujourd’hui, je vais vous parler des services connectés qui mettent en relation les patients avec une machine ou un soignant pour l’aider à gérer sa santé. Ces services connectés font l’objet de publications régulières de plus en plus nombreuses dans différents domaines de la médecine. Parmi ces domaines, le diabète n’y échappe pas. Il y a des applications, des objets connectés, des algorithmes, mais aussi quelque chose de très simple : le SMS. Le simple envoi de textos pourrait-il améliorer la santé des diabétiques ? Cette question, elle a déjà fait l’objet de plusieurs publications, mais la dernière dont je voudrais parler aujourd’hui, c’est une publication qui est importante car elle concerne spécialement les patients qui ont le plus besoin d’une aide, ceux qui ont un diabète mal équilibré avec une hémoglobine glyquée qui dépasse 8 %. La question est : est-ce qu’on peut, avec simplement des SMS, aider ces patients à réduire leur hémoglobine glyquée, à équilibrer leur diabète ?
L’étude dont je parle est parue dans le BMJ[1]. C’est un essai randomisé de 366 patients répartis en deux groupes. Le « groupe SMS » est celui des patients qui recevaient des messages courts sur leur téléphone à une fréquence décidée par les patients eux-mêmes — une fréquence qui pouvait aller jusqu’à neuf messages par mois. Par exemple, parmi ces messages, il y avait des choses très simples : « Bonjour Boris ! Une alimentation saine est une part importante de votre traitement du diabète, cela aidera à mieux contrôler votre glycémie ». Voilà des messages très simples. Il y en avait de ce type qui étaient envoyés sur tous les aspects du traitement du diabète, que ce soit l’activité physique, l’observance au traitement ou des examens à réaliser. Cela paraît si simple et si peu cher… est-ce que cela fonctionne ? La réponse est positive : à neuf mois, l’hémoglobine glyquée est réduite en moyenne de 0,4 % dans le groupe SMS par rapport au groupe témoin. Je ne vais pas détailler l’ensemble des autres données qui ont été évaluées dans cette étude. Il y a des choses où l’envoi des SMS s’est avéré efficace et d’autres sans effet. Mais pour le critère principal, donc l’hémoglobine glyquée à neuf mois, cela fonctionne.
Il faut, toutefois, nuancer ce résultat. C’est vrai qu’à de rares exceptions près, tous les patients ont estimé, dans une étude qualitative, que les SMS pouvaient être utiles. Mais c’est un peu différent quand on regarde ce qui se passe sur la durée, puisque les deux tiers des individus ont choisi volontairement d’arrêter de recevoir les SMS avant la fin des neuf mois de l’intervention. Et là-dessus, je voudrais dire que je regrette que les auteurs n’insistent pas davantage sur ce point dans la discussion. Non pas que cela remette en question l’intérêt potentiel des SMS, il a été démontré, mais cela pose une question essentielle : quel est le profil type du patient qui fait partie du tiers de cette population qui accepte de recevoir des SMS pendant neuf mois, c’est-à-dire jusqu’au bout de l’étude, et qui, probablement, bénéficie le plus de l’intervention ? D’ailleurs, ce n’est pas non plus dit dans le texte s’il est vrai que ces patients très observants et qui réacceptent d’avoir des SMS régulièrement sont ceux qui bénéficient le plus. On l’imagine, mais ce n’est pas dit dans l’article. Donc, il y a quand même du flou dans les résultats de cette étude et leur interprétation.
Pour finir quand même sur une note optimiste, je voudrais rappeler que ce n’est pas la première fois de simples SMS semblent aider les patients à risque cardiométabolique pour réduire ce risque. Rappelez-vous l’étude TEXT ME[2] qui montrait qu’un programme d’envoi de SMS sur six mois était associé à une baisse du LDL cholestérol. Pour ma part, je pense personnellement que les SMS peuvent aider certains patients à gérer leur santé, mais c’est probablement une minorité de nos patients. Est-ce qu’il faut les proposer ? Je pense que oui, parce que pour eux le SMS est utile et très bon marché. Alors à défaut de disposer, aujourd’hui, de données pour nous dire quel patient est réceptif aux SMS — parce que c’est ce qu’il faudrait savoir — je serais pour ma part assez favorable à tester chez tous nos patients en difficulté, les SMS en arrêtant le programme dès lors qu’on se rend compte que cela ne sert à rien, parce qu’à mon sens, il ne sert à rien d’insister. Il y a les répondeurs et les non-répondeurs, comme toujours en médecine….
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Citer cet article: Améliorer la santé des diabétiques grâce à des SMS ? - Medscape - 18 juin 2018.
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