Stockholm, Suède – Une étude de cohorte prospective incluant 43 880 participants a montré que pour les moins de 65 ans, dormir cinq heures ou moins en moyenne par nuit pendant le week-end est associé à un risque de mortalité augmenté de 52 % en comparaison avec des nuits de sept heures.
Les résultats ont été publiés dans le Journal of Sleep Research[1].
Dormir trop peu ou trop longtemps pendant la semaine et le week-end augmente le risque de mortalité. Cependant, le taux de mortalité des participants petits dormeurs en semaine et gros dormeurs le week-end ne diffère pas de celui du groupe de référence, ceux qui dorment sept heures par nuit.
« Il est possible que les longues nuits du week-end compensent le peu de sommeil de la semaine » écrivent les investigateurs dirigés par le Pr Torbjörn Åkerstedt (Karolina Institute, Stockholm) qui indiquent cependant que des travaux supplémentaires sont nécessaires.
La fin de la courbe en U ?
« Des études antérieures ont montré une relation en courbe de U entre la mortalité et la durée du sommeil (pendant les jours de semaine) » écrivent les auteurs. Autrement dit « un sommeil, qu'il soit particulièrement court ou particulièrement long, est associée par une mortalité plus élevée ».
Cependant, ils indiquent que les travaux précédents publiés jusqu'à maintenant manquent de cohérence, en particulier quand il s'agit de distinguer le sommeil en semaine de celui du week-end.
Pour cette étude, les chercheurs ont demandé à 43 880 membres de la Swedish National March Cohort de remplir un questionnaire fouillé sur leur mode de vie et leur passé médical. Une fois les critères d'exclusion appliqués, la cohorte finale (38 015 personnes) a été suivie pendant treize ans, d'octobre 1997 à décembre 2010 et les résultats ont été croisés à différentes bases de données, telle que le Registre national suédois des décès.
Les participants ont été divisés en sous-groupe selon la durée moyenne de leur sommeil : depuis les petits dormeurs (< ou = à 5h/nuit) jusqu'aux gros dormeurs (>ou = à 9h/nuit). Le groupe de référence dort en moyenne 7h/nuit.
Des résultats « spéculatifs » ?
Dans le groupe des personnes de moins de 65 ans, le hasard ration (HR) est de 1,52 pour ceux qui dorment 5 heures par nuit ou moins le week-end, en comparaison avec le groupe de référence (IC 95% : 1,15-2,02). Il n'y a pas de lien significatif entre le risque de mortalité et les gros dormeurs du week-end.
Un taux de mortalité augmenté de 65 % est observé chez ceux qui dorment 5 heures par nuit ou moins toutes les nuits (HR, 1,65 ; [IC95 :1,22-2,23]), en comparaison avec ceux qui dorment constamment 6 à 7 heures par nuit. Quant à ceux qui dorment en moyenne 8 heures par nuit ou plus toutes les nuits, le taux de mortalité est augmenté de 25 % (HR, 1,25 ; [IC95 : 1,05-1,50]).
Il n'y a pas d'association significative entre la durée du sommeil et le risque de mortalité chez les participants âgés de 65 ans ou plus.
Le constat suivant « dormir plus longtemps le week-end pourrait compenser les couchers tardifs de la semaine » diverge des recherches précédentes. Les auteurs analysent cette divergence par le fait que «les précédents travaux ne s'intéressaient qu'au seul sommeil durant la semaine». Or, toujours d'après les auteurs, les deux types de sommeil diffèrent (durée, effet de l'âge…).
Reste que « l'interprétation des résultats sur la durée du sommeil et ses effets sur la récupération ou sur le sommeil compensateur est spéculative » écrivent les chercheurs.
« Tout ceci nécessite une confirmation grâce à des études qui associeraient les changements de la durée du sommeil lors d'une approche longitudinale sur plusieurs semaines » ajoutent-ils.
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Citer cet article: L’intérêt de la grasse matinée du week-end a des fondements scientifiques - Medscape - 11 juin 2018.
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