Sarcome pédiatrique : plus de guérisons grâce à la chimiothérapie d’entretien

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

5 juin 2018

Chicago, Etats-Unis Dans le rhabdomyosarcome de l’enfant à haut risque de récidive, prolonger le traitement initial par une chimiothérapie d’entretien quotidienne à base de vinorelbine et de cyclophosphamide pendant 6 mois augmente le taux de guérison. Selon des données de l’étude RMS2005 présentées en session plénière au congrès de l’ASCO 2018[1,2], cette chimiothérapie de maintenance augmente le taux de survie à 5 ans (taux de guérison) de 73,7 % à 86,5 %.

Pr Gianni Bisogno

« Nous avons traité le rhabdomyosarcome de la même manière depuis 30 ans et bien que différentes approches aient été tentées, il s’agit du premier essai randomisé dont les résultats font état d’une amélioration. En utilisant des traitements existants de façon différente, nous établissons un nouveau standard de soins et, plus important, nous aidons des enfants et des jeunes adultes atteints de ce cancer rare à vivre longtemps avec moins de risque de récidive de leur cancer », a commenté l’auteur principal de l’étude, le Pr Gianni Bisogno (CHU de Padoue, Italie et président de l’European Paediatric Soft tissue Sarcoma Study Group).

A propos des rhabdomyosarcomes

Les rhabdomysarcomes sont les plus fréquents des cancers des muscles de l’enfant. En France, environ 100 enfants et adolescents sont touchés chaque année par cette maladie rare. La tumeur peut être retrouvée partout dans le corps mais surtout dans la région de la tête et du cou, des membres et de la sphère uro-génitale. La prise en charge standard des enfants et adolescents atteints d’un rhabdomyosarcome à haut risque de rechute consiste à administrer neuf cures de chimiothérapie dites d’induction. En fonction de la pathologie, de sa localisation, la chirurgie et la radiothérapie peuvent aussi venir compléter le traitement. Avec cette prise en charge, environ 70 % des patients guérissent.

Augmentation significative de la survie globale à 5 ans

L’étude RMS2005 a enrôlé 371 patients de 6 mois à 21 ans considérés comme à haut risque de rechute en raison de tumeurs de grande taille situées dans des parties du corps difficiles à traiter, comme la tête.

Après avoir complété une chimiothérapie d’attaque, les participants ont été randomisés dans un bras sans traitement (soins standards) ou 6 mois de faibles doses de vinorelbine en intraveineuse (25 mg/m²à J1, J8 et J15) et de cycloposphamide orale quotidienne (25 mg/m² en sirop ou comprimé en fonction de l’âge).

Cinq ans après le diagnostic, le taux de survie sans progression était de 68,8 % avec le traitement de référence et de 77,6 % avec la chimiothérapie de maintenance (RR=0,68, p=0,06). Les taux de survie globale étaient respectivement de 73,7% versus 86,5% (RR=0,52, p=0,0111).

Une bonne tolérance

En termes de tolérance, l’effet secondaire le plus fréquemment observé dans le bras « chimiothérapie de maintenance » était la leucopénie, généralement légère. Une neutropénie fébrile de grade 3/4 est survenue chez 25 % des patients.

Le taux d’infections était moindre avec la chimiothérapie de maintenance versus le traitement standard et les effets secondaires neurologiques (neurotoxicité de grade 4 pour 1,1 % des patients) ont disparu après l’arrêt du traitement. Toutefois, comme pour la plupart des chimiothérapies, des effets secondaires sur le long terme peuvent subsister et les patients continueront à être suivis.

Globalement, selon un communiqué du centre Gustave Roussy qui a participé à l’étude, « cette chimiothérapie d’entretien est le plus souvent bien tolérée et les enfants peuvent reprendre une scolarité normale ».

Un nouveau standard de soins à tester dans d’autres cancers pédiatriques

L’ensemble de ces résultats confirment les données obtenues auparavant lors d’un essai clinique de phase II où « cette chimiothérapie d’entretien quotidienne avait démontré son efficacité en rechute », a précisé le Dr Véronique Minard-Colin (pédiatre oncologue dans le département de cancérologie de l’enfant et de l’adolescent à Gustave Roussy et investigateur principal de la partie randomisée de l’étude RMS2005 en France) dans le communiqué de Gustave Roussy.

Et avec ces nouveaux résultats, pour le Pr Bisogno « la thérapie de maintenance représente désormais une nouvelle stratégie bien tolérée et efficace pour les patients atteints de rhabdomyosarcomes à haut risque ».

Mais, pour le médecin italien, les recherches ne doivent pas s’arrêter là et l’intérêt de cette stratégie doit être plus largement testé. « A l’avenir, il serait utile d’évaluer cette approche dans d’autres tumeurs solides de l’enfant », a-t-il souligné lors de la conférence de presse de présentation des résultats.

 
La thérapie de maintenance représente désormais une nouvelle stratégie bien tolérée et efficace pour les patients atteints de rhabdomyosarcomes à haut risque  Pr Gianni Bisogno
 

 

Cette étude a reçu des financements de la fondation italienne Città della Speranza.

 

 

 

 

 

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