SPYRAL HTN-ON MED : efficacité à 6 mois de la dénervation chez les hypertendus résistants

Dr Isabelle Catala

Auteurs et déclarations

30 mai 2018

Paris, France -- Deuxième volet de la saga SPYRAL, après SPYRAL HTN-OFF MED, SPYRAL HTN-ON MED a été présenté comme la preuve de concept de l’efficacité de l’ablation par radiofréquence chez les patients hypertendus résistants traités par 3 médicaments au maximum. L’utilisation du cathéter Simplicity Spyral® (Medtronic) a été associée à une baisse significative de la pression artérielle à 6 mois avec une PA systolique abaissée de 9 mmHg contre 1,6 mmHg chez les témoins et une PA diastolique de 6 mmHg contre 1,9 mmHg, respectivement. Ces résultats qui confirment l’efficacité du cathéter à 4 électrodes – lesquelles peuvent être appliquées dans les artères rénales et les branches collatérales délivrant une ablation circonférentielle – ont été présentés à l’occasion du congrès EuroPCR 2018 et publiées simultanément dans le Lancet[1]. Au final, ces données sont encourageantes mais des questions restent en suspens, notamment celle de savoir si l’efficacité se maintient dans le temps, celle de la sélection des patients et celle des possibles interactions entre dénervation et médicaments antihypertenseurs.

53 % traités par trois antihypertenseurs

L’analyse détaillée concerne le suivi à 6 mois des 80 premiers patients inclus dans SPYRAL HTN-ON MED (sur un total de 476). Ils étaient âgés en moyenne de 53 ans, il s’agissait d’hommes dans 85 % des cas, leur IMC s’établissait à 31,6. La plupart d’entre eux étaient traités par 3 antihypertenseurs (53 %), 25 % n’en recevaient qu’un et 22 % étaient sous bithérapie. Les traitements les plus utilisés étaient des IEC-ARA2 (82 %), les inhibiteurs calciques (72 %), les diurétiques (59 %), loin devant les bêtabloquants (12%). En dépit de ces traitements, les chiffres tensionnels demeuraient insuffisants avec des chiffres moyens de 164/100 mmHg au cabinet, une mesure moyenne sur 24 h de 152/97 mmHg.

Baisse de tous les paramètres tensionnels

Les patients inclus ont été tirés au sort pour recevoir soit l’ablation par radiofréquence soit une simple angiographie (procédure sham). A 3 mois, il existe une différence significative entre les deux bras de l’étude. A 6 mois, la différence de baisse tensionnelle a été estimée à respectivement – 7 mmHg pour la PA systolique sur 24 h en faveur de la dénervation, – 4,3 mmHg pour la diastolique sur 24 h, -6,6 mmHg pour la TA systolique au cabinet, – 4,2 mmHg pour la TA diastolique au cabinet. L’ensemble des valeurs tensionnelles étudiées a été abaissé significativement avec l’ablation.

Aucun événement indésirable n’a été signalé. Pour les auteurs, « cette étude établi la preuve de concept de l’intérêt de la dénervation rénale par radiofréquence dans l’hypertension artérielle résistante ».

Interaction antihypertenseurs-innervation

Dans un éditorial joint à la publication de l’étude[2], les Drs Peter Blankestijn et Michiel Bots (Utrech, Pays-Bas) commentent « on ne sait pas encore si la dénervation rénale sera un traitement à long terme de l’hypertension, et si elle pourra être généralisée. Dans des conditions physiologiques, il est probable que l’innervation rénale soit peu importante. Il est nécessaire de déterminer quels sont les patients qui sont le plus à mêmes bénéficier de cette technique. En outre, il est nécessaire de se pencher sur les interactions entre dénervation et médicaments antihypertenseurs, puisqu’ils pourraient interférer avec la régulation nerveuse sympathique et parasympathique. Enfin, la question de la compliance au traitement antihypertenseur doit se poser, en particulier dans le cas où une décision de dénervation serait prise sur le seul argument d’une mauvaise prise des traitements prescrits ».

 
On ne sait pas encore si la dénervation rénale sera un traitement à long terme de l’hypertension. Il est nécessaire de déterminer quels sont les patients qui sont le plus à mêmes bénéficier de cette technique Les éditorialistes
 

SPYRAL HTN-ON MED/ SIMPLICITY-HTN-3: comment expliquer des résultats opposés ?

Comment s’expliquent les résultats positifs de SPYRAL HTN-ON MED versus les résultats négatifs de SIMPLICITY-HTN-3 alors que les deux études semblent de prime abord similaires : randomisées contre placebo et portant toutes deux sur des patients recevant déjà plusieurs traitements ?

Par plusieurs différences capitales a expliqué le Pr Atul Pathak (clinique Pasteur, Unité d’hypertension artérielle, facteurs de risque et insuffisance cardiaque, Toulouse) à Medscape édition française :

- l’hypertension, moins sévère dans SPYRAL HTN-ON MED ;

- l’évolution technologique de la dénervation rénale ;

- la meilleure qualité de la mesure tensionnelle ;

- l’attention portée à la prise des traitements médicamenteux.

(Voir interview du Pr Atul Pathak).

 

Le Pr Pathak a déclaré les liens d'intérêts et financiers suivants :

 

Subventions pour la recherche clinique de la part de : Daiichi Sankyo, Inc ; Roche ; Pfizer Inc.

Honoraires pour activités de consultant ou conférencier : Abbott ; Daiichi Sankyo, Inc. ; Novartis ; AstraZeneca Pharmaceuticals LP ; St Jude; Covidien ; Relor

 

 

 

 

 

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