Chicago, Etats-Unis– Diminuer la durée de traitement par trastuzumab (Herceptin) de 12 à 6 mois chez les femmes atteintes d’un cancer du sein HER-2+ (environ 15% des femmes atteintes de cancer du sein) à un stade précoce ne diminue pas la survie sans progression à 4 ans et permet de diviser par deux les arrêts de traitement dus à la toxicité cardiovasculaire, selon l’essai de phase 3 Persephone, présenté en avant-première du congrès de congrès de l’ASCO 2018[1] .
« L’arrivée du trastuzumab a été une avancée majeure pour les femmes HER2 + en augmentant le taux de guérison, mais aucun traitement n’est exempt d’effets secondaires et la toxicité cardiaque a toujours été un problème avec ce traitement. Ce nouvel essai montre qu’une durée de traitement plus courte peut être aussi bénéfique qu’une durée plus longue, avec moins d’effets secondaires cardiaques. C’est gagnant-gagnant pour les patientes qui reçoivent ce traitement courant », a indiqué le Dr Bruce E. Johnson, président de l’ASCO dans un communiqué.
Les essais pivots ayant mené à l’AMM du trastuzumab en 2005 ont évalué le traitement sur 12 mois, durée qui est par conséquence devenue le standard de soins. Toutefois, peu de temps après un petit essai finlandais (FinHer) a montré des bénéfices similaires avec seulement 9 semaines de trastuzumab, incitant à poursuivre les recherches la durée optimale de traitement afin de réduire les effets secondaires et les coûts.
Dans l’essai de non-infériorité Persephone, la moitié des 4088 femmes participantes ont été randomisées pour recevoir du trastuzumab pour 6 mois et l’autre moitié pour 12 mois en plus d’une chimiothérapie standard (anthracyclines, taxanes ou association des deux).
Il en ressort que la survie sans progression du cancer à 4 ans était de 89,4 % chez les femmes traitées 6 mois versus 89,8 % chez les femmes traitées 12 mois (RR=1,07, p non inf = 0,01). Le traitement de 6 mois était donc non inférieur à celui de 12 mois.
En outre, la plus courte durée de traitement a été associée à une division par 2 des arrêts de traitement pour cardiotoxicité (4 % versus 8 %, p<0,001).
Et ensuite ?
Est-il temps de changer les pratiques ? En réponse à cette question, le Pr Johnson a indiqué qu’il était encore trop tôt pour le dire.
« Le suivi ici est de 5 ans, nous avons besoin d’un peu plus de temps et d’un peu plus d’événements pour être rassuré » a-t-il commenté lors de la conférence de presse.
De son côté, l’auteure principale de l’étude, le Dr Helena Earl (oncologue médical, université de Cambridge, Royaume-Uni) a, elle aussi souligné que d’autres travaux seraient nécessaires pour déterminer quelles patientes peuvent voir leur traitement écourté sans risque.
« Nous devons être prudents avant de dire que 6 mois est assez », a-t-telle précisé.
En ce sens, les chercheurs ont prévu d’analyser des échantillons sanguins et des échantillons de biopsies pour rechercher des biomarqueurs identifiant différents groupes de risques.
Toutefois, au final, la chercheuse espère que cette durée « deviendra, à terme, un standard de traitement pour de nombreuses femmes ».
L’étude a été financée par le National Institute for Health Research (NIHR), Royaume Uni. |
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Citer cet article: Cancer du sein HER2 + : PERSEPHONE suggère de passer de 12 à 6 mois de trastuzumab - Medscape - 1er juin 2018.
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