Lille, France -- Alors que le nombre d’arrêts cardiaques survenant en dehors de l’hôpital chaque année en France était jusqu’à présent estimé entre 10 000 et 60 000, l’analyse détaillée des années 2013-2014 du registre RéAC permet de préciser ce nombre. Le travail mené par l’équipe du Dr Gérard Luc (Lille) – sur une population correspondant à 10 % des français – conclut à une incidence de 46 000 par an avec un âge moyen de 68 ans (61,5 pour 100 000 habitants). L’étude est publiée dans Anaesthesia Critical Care & Pain Medicine [1].
Les hommes surreprésentés
Les auteurs ont utilisé les données correspondant à 14 SMUR situés dans des régions différentes: Aulnay-sous-Bois (93), Clichy (92), Bobigny (93), Chalon-sur-Saône (71), Clermont-Ferrand (63), Créteil (94), Garches (92), Lille (59), Lyon (69), Montfermeil (93), Roubaix (59), Rouen (76), Saint- Denis (93) et Villefranche-sur-Saône (69). N’ont été pris en compte que des arrêts cardiaques ayant donné lieu à une sortie couplée pompiers et SMUR ou SMUR seul, soit 6 918 arrêts cardiaques. L’âge moyen s’établissait à 68 ans, seuls 1,8 % des arrêts concernaient les moins de 15 ans, et les hommes étaient surreprésentés (63 %). L’incidence a été estimée à 61,5 pour 10 000 habitants soit 46 000 arrêts pour la France dans sa globalité. Dans une population adulte exclusivement (plus de 15 ans), cette valeur passe à 75,3 pour 100 000 habitants (respectivement 80,7 pour les hommes et 43,7 pour les femmes).
Un témoin dans 50 % des cas
La grande majorité des arrêts cardiaques sont survenus à domicile (75 %). Les lieux publics (12 %) ou de travail (2 %) étaient moins représentés. Dans la moitié des cas, un témoin a assisté à l’évènement et pour 8 % des patients, l’arrêt est survenu alors même que les secours étaient déjà à domicile. La durée du no flow a été estimée à 7 min en moyenne, et le délai avant la mise en place des premières mesures de réanimation cardio-pulmonaire à 18 minutes.
L’ECG initial montrait une asystolie pour la majorité des cas (80 %), un rythme spontané pour 7,8 % des patients, une activité électrique sans pouls pour 6 % et une fibrillation ou tachycardie ventriculaire pour 5,9 %.
Principalement des causes cardiaques
L’étiologie de l’arrêt a pu être précisée: dans 88 % des cas il s’agissait d’une origine médicale (non traumatique). La moitié de ces patients souffrait de pathologie cardiaque et 17 % de diabète.
La fin de vie était attendue pour 13 % des patients (cancer à un stade évolué).
Dans la population générale, la survie à 30 jours s’est établie à 4,9 % (5,4 % en cas d’arrêt d’origine médicale et 1,7 % en présence d’une origine traumatique). Ce taux monte à 10,4 % lorsque des manœuvres de réanimation cardiaque ont été réalisées par les témoins.
Les auteurs précisent que le chiffre des arrêts cardiaques extrahospitaliers se situe dans la moyenne européenne et qu’il est serait possible de l’améliorer en formant la population aux soins de RCP immédiats ou en équipant de défibrillateurs externes le domicile des personnes à risque.
Les auteurs ont déclaré ne pas avoir de conflit d’intérêt et l’étude n’a pas fait l’objet d’un financement public ou privé particulier. |
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Citer cet article: Arrêt cardiaque extrahospitalier : 46 000 français en meurent chaque année - Medscape - 14 mai 2018.
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