Narcolepsie : AMM européenne pour le solriamférol

Aude Lecrubier, Damian McNamara

Auteurs et déclarations

23 janvier 2020

 

ACTUALISATION/Amsterdam, Pays-Bas -- Le traitement de la somnolence diurne excessive de l'adulte atteint de narcolepsie ou d'apnée obstructive du sommeil solriamfétol (Sunosi®, Jazz Pharmaceuticals) a obtenu une AMM européenne le 21 janvier 2020. Le solriamfétol est autorisé sur le marché européen avec deux posologies différentes :

·        A des doses de 75 mg ou 150 mg, à raison d’une prise quotidienne, pour les patients atteints de narcolepsie ;

·        A des doses de 37,5 mg, 75 mg ou 150 mg, à raison d’une prise quotidienne, pour les patients souffrant d’apnée obstructive du sommeil.

 

Narcolepsie : résultats prometteurs du solriamfétol dans une étude de phase 3

Los Angeles, Etats-Unis /4 mai 2018 —L’intérêt du  JZP-110 (solriamfétol) comme traitement de la narcolepsie avec ou sans cataplexie se confirme. Les résultats d’une étude de phase 3 présentés en séance plénière lors du congrès annuel de l’American Association of Neurology (AAN)[] 1] ont suscité l’enthousiasme des neurologues présents,  alors que de nombreux patients souffrant de cette pathologie sont en échec thérapeutique.

« Le solriamfétol est, un dérivé de la phénylalanine, qui semble bien plus efficace sur la somnolence que tous les traitements dont l’ont dispose à ce jour et qui a l’air bien toléré », a commenté le Pr Yves Dauvilliers (neurologue, troubles du sommeil et de l’éveil, CHU de Montpellier), co-auteur de l’étude, pour Medscape édition française.

Pour la petite histoire, l’effet éveillant de ce puissant psychostimulant, inhibiteur sélectif de la recapture de la dopamine et de la noradrénaline, a été repéré alors que l’agent était testé comme antidépresseur.

 
Le solriamfétol est, un dérivé de la phénylalanine, qui semble bien plus efficace sur la somnolence que tous les traitements dont l’ont dispose à ce jour Pr Yves Dauvilliers
 

Des patients avec une narcolepsie modérée à sévère

Dans l’étude, le Pr Michael Thorpy (neurologue, Albert Einstein College of Medicine et directeur du centre des troubles du sommeil et de l’éveil Montefiore Medical, New York, Etats-Unis) et coll. ont randomisé 239 adultes atteints de narcolepsie modérée à sévère pour recevoir soit un placebo (n=52), soit 75 (n=49), 150 (n=51) ou 300 mg (n=43) de solriamfetol. Ils ont été suivis 12 semaines.

A l’entrée dans l’étude, les participants avaient un temps moyen de résistance au sommeil de 7,5 minutes au test de maintien de l’éveil (test réalisé dans des conditions propices à l’endormissement) et un score >10 sur l’échelle de la somnolence d’Epworth (score moyen de 17,2), soit une somnolence diurne considérée comme excessive. Ils avaient également un temps de sommeil nocturne raisonnable (minimum 6 heures par nuit).

Très bon résultats sur la somnolence, le maintien de l’éveil

Au bout de 12 semaines, le temps moyen de résistance au sommeil était significativement augmenté pour les deux plus fortes doses de solriamfétol (12,3 minutes avec 300 mg, 9,8 minutes avec 150 mg versus 2,1 minutes avec le placebo, p<0,001). « L’amélioration était observée dès la première semaine et persistait tout au long de l’étude », a commenté le Pr Thorpy pour l’édition internationale de Medscape.

La dose de 75 mg était, en revanche, associée à une amélioration statistiquement significative la première semaine mais plus au bout de 3 mois (4,7 minutes).

Concernant les scores de l’échelle de somnolence d’Epworth, les trois doses apportaient également des améliorations significatives. Là encore de la première à la douzième semaine avec les deux doses les plus élevées.

Les scores étaient abaissés en moyenne de 6,4 pour le bras 300 mg, 5,4 pour le bras 150 mg, 3,8 pour le bras 75 mg et 1,6 pour le bras placebo.

Enfin, les scores d’impression globale des patients (critère secondaire) étaient améliorés aux trois doses à 3 mois.

En revanche, il n’y avait pas d’effet sur la cataplexie, présente chez 30 % des participants.

Quelle tolérance ?

Les événements indésirables ont été peu nombreux. Les plus fréquents étaient les maux de tête, les nausées et la perte d’appétit. Un effet secondaire sévère est survenu chez un patient recevant la dose de 150 mg de solriamfétol. Il s’agissait d’une douleur à la poitrine d’origine non cardiaque associée à de l’anxiété, mais cet effet n’a pas été considéré comme en lien avec le médicament. Le patient a continué l’étude sans récidive.

« L’étude à un an en ouvert montre que le traitement semble bien toléré », a précisé le Pr Dauvilliers.

L’effet psychostimulant du solriamfétol n’étant probablement pas spécifique, d’autres études sont en cours dans d’autres pathologies induisant une hypersomnolence comme le syndrome d’apnée du sommeil, la maladie de Parkinsonien, et l’hypersomnie idiopathique.

 
L’étude à un an en ouvert montre que le traitement semble bien toléré Pr Dauvilliers
 

Hypersomnolence : plusieurs nouvelles pistes thérapeutiques

A ce jour, plusieurs nouveaux traitements sont à l’étude pour traiter l’hypersomnolence :

-le JZP-110 (solriamfétol), un dérivé de phénylalanine avec une activité dopaminergique et noradrénergique ;

-le sodium oxybate à longue durée d’action, un autre avec moins de sodium ;

-l’association modafinil et inhibiteurs des connexines ;

-les agonistes hypocrétinergiques (quelques données chez l’animal, chez l’homme par voie intranasale) ;

-l’hypocrétine-1 per os ou IV ? ;

-la prévention de la destruction des neurones à hypocrétine.

 

L’étude a été financée par Jazz Pharmaceuticals supported the study. Le Pr Thorpy a des liens d’intérêt avec Jazz Pharmaceuticals, Merck & Co, et Teva Pharmaceutical Industries Ltd.

 

 

 

 

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