Le blog du Dr Boris Hansel - Diabétologue et nutritionniste
TRANSCRIPTION
Aujourd’hui je voudrais revenir sur le congrès de la Société Francophone du Diabète qui a eu lieu en mars dernier et faire un focus sur des données et des réflexions portant sur le diabète de type 1 (DT1) et en particulier sur le risque cardiovasculaire du DT1.
Il y a eu plusieurs interventions sur les nouveaux facteurs de risque cardiovasculaire, c’est-à-dire lorsqu’on s’intéresse aux risques qui vont au-delà des facteurs de risque traditionnels que sont l’hypertension, le tabac et la dyslipidémie. On sait que ces patients diabétiques de type 1 ont un surrisque cardiovasculaire qui n’est pas expliqué par ces facteurs de risque traditionnels. Il y a eu notamment une intervention [1] avec le Pr Bruno Vergès [Président du Conseil Scientifique de la SFD], qui a parlé de ces nouveaux facteurs de risque cardiovasculaire. Il a été évoqué le rôle de l’hyperglycémie, qui semble en elle-même jouer un rôle — c’est ce qui ressort des études épidémiologiques et notamment de l’étude du DCCT, qui est connue de tous les diabétologues [2]. Également, la survenue d’hypoglycémies, qui pourraient être responsables d’un risque cardiovasculaire avec, donc comme conséquence l’importance d’éviter d’avoir des traitements qui entraînent des hypoglycémies si on veut réduire de risque cardiovasculaire. Aussi, et cela va peut-être vous paraître plus surprenant, il a été mentionné l’insulinorésistance, qui est observée chez certains diabétiques de type 1 et qui pourrait expliquer un surrisque cardiovasculaire.
Et puis les anomalies de la qualité des lipoprotéines… On parle souvent de l’hypercholestérolémie et d’un taux abaissé de HDL-cholestérol, mais on parle moins d’anomalies qui ne se voient pas sur un bilan de routine lipidique : ces anomalies de la qualité des lipoprotéines qui pourraient donc, peut-être également chez les diabétiques de type 1, expliquer une partie du surrisque cardiovasculaire.
Ce qui ressort également, c’est le rôle de la néphropathie, qui est associée au risque cardiovasculaire de façon indépendante. Et puis je reviens à la glycémie. Il y a une notion importante qui est à la mode : la variabilité glycémique — le fait que la glycémie varie, que l’hémoglobine glyquée varie beaucoup au cours du temps et que cette variabilité pourrait expliquer une partie du surrisque cardiovasculaire, là encore indépendamment des facteurs de risque cardiovasculaire traditionnels. D’ailleurs, et cela n’a pas été mentionné à la SFD, je ferai remarquer qu’il y a un article qui vient de paraître à ce sujet dans Lancet Diabetology and Endocrinology : il s’agit d’une vaste étude rétrospective qui montre que chez des sujets âgés il y a une relation entre la variabilité glycémique et la mortalité.
Relation entre néphropathie et risque CV
Alors, en ce qui concerne la néphropathie, il y a d’autres interventions qui ont eu lieu, notamment avec le Pr Ronan Roussel qui a abordé la relation entre la microangiopathie et le risque cardiovasculaire. [3] Et ce qui ressort, c’est que quand on s’intéresse à ses relations entre la microangiopathie et le risque cardiovasculaire, il y a beaucoup de facteurs de confusion qui perturbent l’évaluation de cette relation, mais si on regarde de plus près, c’est vraiment la néphropathie – c’est-à-dire soit l’atteinte de la fonction rénale soit, même avant, l’existence une microalbuminurie – qui a une valeur pronostique particulièrement forte et qui résiste aux ajustements avec l’idée que cette néphropathie, même débutante, est un facteur de risque cardiovasculaire indépendant chez le patient diabétique de type 1. L’essentiel, mais pas la totalité du surrisque cardiovasculaire de mortalité associée au diabète est concentré sur le groupe des patients, d’ailleurs, qui ont une manifestation de la néphropathie même débutante et il y a ici un message fort qui ressort si on dit cela : quand on n’a pas de néphropathie et quand on ne fera pas de néphropathie (comme d’ailleurs 50 % de la population des diabétiques de type 1), [on a moins de surrisque CV.] En effet, ces patients qui ne développent pas de néphropathie pour des raisons qu’on ne connaît pas vraiment — probablement des raisons génétiques — n’ont pas ou pratiquement pas de surrisque cardiovasculaire, donc cette néphropathie joue un rôle important en termes de dévaluation du risque cardiovasculaire et il ne faut donc pas oublier de l’évaluer régulièrement. Cela permet d’intensifier plus ou moins le traitement, la prévention cardiovasculaire…
La cohorte française SFDT1
Toujours lié à ces questions des facteurs de risque cardiovasculaire dans le type 1, il y a un autre travail français qui a été présenté : c’est le lancement de la cohorte SFDT1. C’est un projet ambitieux qui consiste à suivre des patients diabétiques de type 1 en France. C’est une étude dont l’investigateur principal est le Pr Jean-Pierre Riveline. Il y a pas mal d’objectifs qui ont été annoncés pour cette cohorte, mais ce sont des objectifs qui sont en grande partie axés, là encore, sur la recherche du risque contre le diabète de type 1 et les maladies cardiovasculaires, avec recherche toujours et encore de facteurs non traditionnels de risque cardiovasculaire. Notamment, un des buts formulés est d’identifier les déterminants de l’instabilité glycémique et en même temps d’étudier la relation entre cette instabilité glycémique et la survenue d’événements cliniques. Il y a 15 000 patients qui devront être inclus dans cette cohorte et la variabilité glycémique va être mesurée avec l’aide du dispositif FreeStyle Libre, qui permet de mesurer la glycémie capillaire de façon très fréquente au cours du temps, et donc d’évaluer vraiment cette variabilité glycémique. Il y a une collection biologique qui va être effectuée pour recueillir et évaluer plus tard des marqueurs biologiques et puis des autoquestionnaires pour évaluer pas mal de choses chez ces patients diabétiques. Les événements cliniques vont être recueillis grâce à l’Assurance maladie et au système national des données de santé.
Voilà en quelques minutes ce qu’on pouvait dire sur ce qui a été évoqué sur le diabétique de type 1 à la SFD. Alors, je n’ai pas tout dit — il y a eu beaucoup de sujets et puis évidemment des choses sur le diabète de type 2, mais je vous ai fait part de ma sélection en quelques minutes. Je vous remercie de votre attention et je vous dis à très bientôt sur Medscape.
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Citer cet article: Quels sont les risques cardiovasculaires « non traditionnels » du diabète de type 1 ? - Medscape - 24 avr 2018.
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