Le blog du Dr Boris Hansel - Diabétologue et nutritionniste
TRANSCRIPTION
Nous sommes en 2018 et on est toujours à la recherche du régime alimentaire qui serait le plus efficace pour perdre du poids. Les études, quand on les rassemble, ont montré qu’il n’y a pas à attendre de miracles d’un régime hypolipidique et c’est la même chose avec un régime pauvre en glucides, donc pauvre en hydrates de carbone. Finalement, tout laisse à penser quelque chose de simple : ce n’est pas la teneur en tel ou tel nutriment qui est importante… seule la capacité à adhérer au régime prédit sa réussite à long terme. Voilà pourquoi finalement, une alimentation variée, qui n’est pas trop restreinte en matières grasses (ou comme je dis souvent, une alimentation de type méditerranéenne) est devenue pour beaucoup d’entre nous la référence, même quand on est en excès pondéral.
Mais on peut se poser la question suivante : si on n’a pas réussi à démontrer la supériorité relative du régime hypolipidique ou du régime pauvre en glucides, c’est peut-être parce que chacun de ces régimes est plus efficace chez certains patients et moins chez d’autres. C’est à cette question que des chercheurs ont tenté de répondre en essayant de voir si certains profils génétiques ou encore certains profils hormonaux pouvaient prédire une meilleure efficacité de tel ou tel régime. Il y a eu des hypothèses qui ont été émises à partir de certaines observations :
d’abord, on a montré que certains polymorphismes génétiques semblaient associés à une plus grande efficacité du régime hypolipidique, alors que d’autres polymorphismes pouvaient prédire une perte de poids plus importante avec un régime pauvre en glucides.
également, des études ont suggéré que le statut insulinique était prédictif d’une réponse à tel ou tel régime et qu’on pouvait être plus ou moins répondeur, en particulier à un régime pauvre en glucides ou pauvre en lipides, en fonction des valeurs d’insuline (valeur d’insulinosensibilité ou d’insulinorésistance). Cela peut sembler logique : si on est très insulinorésistant, on fabrique beaucoup d’insuline quand on apporte des glucides et donc on devrait mieux répondre à un régime pauvre en graisses qui nécessite moins de production d’insuline et par conséquent moins de prise de poids.
Toutes ces hypothèses d’un effet prédictif de la génétique et du statut hormonal sont séduisantes et elles ont été réexaminées par un très bel essai randomisé publié récemment dans le JAMA [Diet Intervention Examining the Factors Interacting With Treatment Success (DIETFITS)] [1]
609 adultes non diabétiques de moins de 50 ans ont été randomisés en deux groupes avec :
un régime relativement pauvre en lipides, puisqu’à peu près 25 à 30 % des apports énergétiques totaux étaient apportés sous forme de lipides et
un régime pauvre en glucides, avec 25 à 30 % des apports énergétiques totaux sous forme de glucides.
Le premier résultat de cette étude concerne la comparaison de ces deux régimes, l’effet sur le poids, avec un suivi d’un an. La perte de poids a été d’un peu plus de 5 kg avec le régime hypolipidique et de 6 kg avec le régime hypoglucidique. C’est une différence qui n’était pas statistiquement significative.
La seconde partie des résultats, qui est plus intéressante et novatrice, concerne les facteurs prédictifs d’efficacité de chacun des régimes, et là je vous le dis tout de suite, les résultats sont décevants, puisque les hypothèses qui avaient été formulées précédemment ne sont pas confirmées dans cette étude. En clair, les génotypes qui devaient être associés à l’efficacité de chacun des deux régimes n’ont rien prédit du tout. Et c’est exactement la même chose pour la mesure de l’insulinosécrétion : le fait d’avoir une insulinémie élevée ne justifie en rien de prescrire particulièrement un régime pauvre en glucides pour perdre du poids.
Ces résultats vont peut-être, même certainement, vous décevoir. Pour ma part, ils me rassurent sur la simplicité des messages nutritionnels à proposer à tous nos patients : ne pas faire compliqué en pensant que suivre tel ou tel régime en fonction de telle et telle situation est scientifiquement prouvé et que ce sera plus efficace pour perdre du poids. En ce qui me concerne, à la vue de l’ensemble des données scientifiques dont on dispose aujourd’hui, je pense qu’une diète de type méditerranéenne avec contrôle des quantités caloriques globales reste ce qu’il y a de plus favorable, que l’on soit obèse, que l’on soit diabétique ou que l’on soit hypercholestérolémique.
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Citer cet article: Étude DIETFITS: des résultats décevants… qui rassurent! - Medscape - 4 avr 2018.
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