France— Plus une semaine sans que l’on annonce le décès d’un patient en attente de prise en charge dans des services d’urgences saturés.
Le 12 mars, une femme de 60 ans admise pour des douleurs abdominales est décédée aux urgences du CHU de Rennes sans avoir pu voir un médecin.
D’après un témoin interrogé par Ouest France[1], la patiente était allongée sur un brancard dans un sas d’attente quand des pompiers, qui étaient près du guichet, se sont aperçus qu’elle ne respirait plus. Ils ont prévenu le personnel de l’hôpital mais elle n’a pas pu être réanimée.
« Nous dénonçons depuis longtemps le manque de moyens pour une bonne prise en charge des patients, notamment aux urgences du CHU de Pontchaillou », a commenté Fabrice Lerestif du syndicat FO pour le quotidien régional.
Moins d’une semaine auparavant, une femme de 73 ans était décédée d’un malaise cardiaque aux urgences de Reims après 2h30 d’attente sur un brancard.
Au moment du drame, les effectifs du service étaient au complet et s’occupaient de quatre patients « en situation d’urgence vitale », indique le Parisien[2].
Même son de cloche outre-Manche où, le 9 mars un homme de 85 ans est décédé dans les mêmes conditions dans le service des urgences débordé du Northampton general hospital (Cliftonville, Royaume-Uni) d’après le Guardian[3].
Une triste série qui survient alors que Samu Urgences de France (SUdF) a publié un communiqué, le 9 mars, signalant qu’en deux mois et demi plus de 18 000 patients ont passé la nuit sur un brancard des urgences faute de lit pour les hospitaliser dans un service [4].

Surcharge des urgences par manque de lits d’aval
Cette situation de pénurie de lits, dénoncée depuis plusieurs années par Samu-Urgences de France, est désormais recensée par les médecins urgentistes qui le souhaitent sur le site « No bed challenge ».
Hier encore, François Braun, président de SUdF et chef des urgences de l’hôpital de Mercy à Metz, décrivait sur France Bleu Lorraine[5] les conditions de prise en charge déplorables dans son service : « Il y a des brancards un peu partout et des gens qui ont beaucoup de mal à entrer dans le service des urgences parce qu'on a beaucoup de mal à entrer dans l'hôpital. On a des difficultés pour hospitaliser les patients. On manque de lits !"
« La surcharge des urgences par manque de possibilité d'hospitalisation est clairement identifiée et les solutions connues depuis les travaux du Conseil National de l'Urgence Hospitalière », indique dans son communiqué SUdF qui ajoute que « les conséquences pour les patients sont dramatiques lorsque l'on sait que cette surcharge entraine une augmentation de la mortalité de 9% pour tous les patients et de 30% pour les patients les plus graves ».
Le Président de SUdF conclut : « C'est la faillite de l'hôpital public dans son ensemble qui est montrée du doigt par les événements tragiques récents et les services d'urgence ne sauraient assumer seuls cette dégradation annoncée de la qualité́ et de la sécurité des soins ».
Les grèves se succèdent…et rien ne change
Face à cette situation, les grèves se multiplient (voir notre article : Les urgences voient rouge : tour de France des mouvements sociaux).
Dernières en date, les urgences du centre hospitalier Saint-Joseph Saint-Luc qui ont rejoint le 12 mars le mouvement social lancé depuis plus d'un mois par deux autres hôpitaux des Hospices Civils de Lyon.
Et, la semaine prochaine, ce sera au tour des urgences du centre hospitalier Jacques Cœur de Bourges avec une grève prévue mardi.
Toujours pour les mêmes raisons : des mauvaises conditions de travail et un manque de moyens…
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Citer cet article: Urgences saturées : plusieurs décès en quelques jours - Medscape - 16 mars 2018.
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