Tentative de suicide d'un médecin au CHU de Besançon

Jean-Bernard Gervais

Auteurs et déclarations

13 mars 2018

Besançon, France -- De nouveau, un médecin a tenté de mettre fin à ses jours (par pendaison) sur son lieu de travail, au CHRU de Besançon cette fois-ci. C'est France Info qui a révélé ce drame, confirmé le 5 mars par un communiqué de l’établissement en question [1].

Sa situation de mal-être était connue

Selon la radio nationale, ces faits se sont produits le 1er mars en début de soirée, aux urgences. Ses collègues l'ont aussitôt pris en charge et ont réussi à la réanimer. Après avoir été admis en réanimation, elle a pu quitter l'hôpital et n'est plus hospitalisée à ce jour, a précisé la direction dans son communiqué. Et d'ajouter : « Sa situation de mal-être est connue au sein de son service et par la direction qui l’a signalée auprès de la médecine du travail à plusieurs reprises ». Une cellule médico-psychologique a été mise en place, pour accueillir les personnels traumatisés. « Toute la communauté hospitalière est profondément peinée par ce geste d’une particulière gravité », ajoute la direction.

« Le personnel est en tension permanente »

Le choc a été tel que la réunion du Comité hygiène sécurité et condition de travail (CHSCT) le 8 mars, prévue de longue date, a été consacrée en grande partie à cette tentative de suicide. « Ces conditions de travail qui se dégradent sont essentiellement dues au manque de financement. Il manque un budget pour remplacer les arrêts-maladie, pour remplacer les congés maternité et donc le personnel est en tension permanente », a déclaré à France 3 Colette Rueff, infirmière aux urgences, et membre du CHSCT Sud Santé-Sociaux. « Les urgences de manière générale, c'est quand même un secteur éponge de la société, donc on y rencontre toute la misère du monde. Aujourd'hui le personnel concerné doit être accompagné », a ajouté Pascal Hudry, secrétaire du CHSCT du CHRU- CFDT Sud Santé-Sociaux. Le CHSCT a décidé de mener une expertise, confiée à un cabinet indépendant, sur le service des urgences.

Malaises et enquête au service de dermatologie

Le CHRU de Besançon avait déjà été mis en cause pour ses méthodes de management délétères. L'Association des amis de Jean-Louis Mégnien, qui lutte contre le harcèlement des personnels médicaux à l'hôpital, avait dénoncé en 2017 des faits de harcèlement dans le service de dermatologie de ce CHRU. L'Agence régionale de Santé (ARS) Bourgogne Franche-Comté, qui avait mené une enquête, avait rendu ses conclusions en mars 2017 : elle n'avait pas retenu les accusations de harcèlement formulées par Philippe Humbert, chef de service en dermatologie et, par ailleurs, vice-président de l'association des amis de Jean-Louis Mégnien. L'association a depuis saisi le médiateur national Édouard Couty sur le dossier bisontin. Le service de dermatologie n'est pas le seul où le climat est délétère. Selon France Info, qui a recueilli de nombreux témoignages, une mauvaise ambiance règne également aux urgences.

 

 

 

 

 

 

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