France -- Les urgences vont-elles de nouveau imploser ? Sur l’ensemble du territoire, la fronde gronde. Une trentaine de maires qui menacent de démissionner pour protester contre la fermeture d'un service d'urgence de proximité ici, des grèves à répétition là, un manque de personnel ici encore… Dans toute la France, les urgences sont dans le rouge et ce n’est pas faute d’avoir alerté.
En janvier dernier, l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF) avertissait : « la pénibilité vécue au quotidien par les personnels soignants et les médecins urgentistes est aggravée par la pénurie de lits pour hospitaliser les patients ce qui compromet la qualité et la sécurité des soins » [1]. Le syndicat d’urgentistes exigeait entre autres un moratoire sur la fermeture de lits et le maintien des services d’urgence ainsi que des hôpitaux de proximité. Une suspension qui, pour l’heure, ne semble pas s’appliquer au projet de fermeture des urgences de nuit urgences de Clamecy (Nièvre), dernier exemple en date de la fronde.
Région Bourgogne : Clamecy (Nièvre)
Alors que le nouveau projet régional de santé 2018-2022, qui devrait être adopté en juin prochain, acte d’un manque patent d’urgentistes dans la région, estimé à 200 selon l’agence régionale de santé (ARS) de Bourgogne Franche-Comté, l’Agence régionale de santé (ARS) propose de fermer les « petites urgences », dont celle de Clamecy pour mieux répartir les urgentistes. Le SMUR resterait effectif 24 heures sur 24, mais les habitants seraient pour leur part transférés dans les hôpitaux de Nevers, Cosne ou d’Auxerre. Des manifestations ont été programmées, fin février, contre ce projet. Geste fort : trente maires de la Nièvre ont annoncé avoir adressé leur démission au préfet, pour contrer ce projet de fermeture. «Normalement les services d'urgences doivent intervenir dans les 30 minutes. Dans un territoire comme le nôtre où la population est âgée, si on nous ferme les urgences de nuit, nous allons compter les morts», a expliqué Danielle Konieczny, maire de Ouagne, commune de 150 habitants voisine de Clamecy, au Figaro.
Région d’outre-mer : île de la Réunion
Autre région, autre situation : au centre hospitalier Saint-Pierre de la Réunion, les urgentistes se sont mis en grève depuis le 21 février. Ils souhaitent avant tout, informe l’Association des Médecins Urgentiste de France (AMUF), attirer l’attention de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, sur les conditions de fonctionnement des urgences au CHU Sud. « Prévus pour 85 passages par jour, il arrive que les Urgences du CHU à Saint-Pierre voient passer 160 patients dont certains en situation extrêmement grave. Les entrées aux Urgences croissent de 10% chaque année et le personnel affecté à ce service se révèle aujourd’hui insuffisant », peut-on lire sur le site de l’AMUF.
Région Rhône-Alpes : Lyon
Les urgentistes des Hospices civils de Lyon (Lyon Sud et Edouard Herriot) sont en grève illimitée depuis le 2 février. L’hôpital Edouard Herriot demande 9 équivalents temps plein brancardiers, un aide-soignant pour assurer l’accueil aux urgences la nuit et le jour, la titularisation des contractuels, et l’amélioration des conditions de travail. Malgré plusieurs entrevues avec la direction, les négociations n’ont pas pour l’heure abouti.
Région Occitanie : Auch
Au centre hospitalier d’Auch, en revanche, les urgentistes ont déposé les armes. En grève depuis le 15 janvier dernier, ils ont signé un accord le 17 février dernier. Ils avaient lancé ce mouvement social, car la sécurité des patients, du fait de conditions de travail dégradées, n’était plus assurée. Aussi, ils protestaient contre l’absence d’application de l’accord sur les 39 heures. Au final, le protocole d’accord signé par les urgentistes d’Auch prévoit la mise en place d’une charte des hospitalisations non programmées, afin d’améliorer le parcours de soins des patients après leur admission aux urgences, la promesse de renfort, et l’application de l’instruction du 10 juillet 2015 sur le temps de travail des médecins urgentistes. Pour autant, précisent les grévistes d’Auch, « l’extrême fragilité de la situation des urgences, du CHG Auch et la persistance du risque de rupture de fonctionnement pesant sur ce service », perdure.
Région Grand-Est : Epinal
Ailleurs, par manque de personnel, les urgences ferment temporairement. Ainsi, au CH d’Epinal, la deuxième ligne de nuit du service mobile d’urgence et de réanimation (Smur) est temporairement suspendue depuis le 1er février, dans l’attente de trois médecins urgentistes. Ces derniers devraient être en poste courant avril.
Région Centre-Val de Loire : Chinon
Et il n’y a pas que les médecins qui se mobilisent. Aux urgences de Chinon, ce sont les infirmiers et aides-soignants qui ont voté la grève illimitée à compter du 24 janvier. Ils réclament des moyens humains supplémentaires, notamment une infirmière et une aide-soignante supplémentaire.
«Alors que nous subissons une situation de tension permanente du fait des objectifs productivistes dans un contexte d’austérité budgétaire, il est urgent que le gouvernement prenne en compte nos revendications » terminait l’AMUF dans son communiqué daté du mois dernier [1]. A en croire la multiplication des mouvements sociaux pour protester contre les situations d’extrêmes tensions au sein des services d’urgence, le ministère de la Santé tarde à apporter des réponses concrètes.
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Citer cet article: Les urgences voient rouge : tour de France des mouvements sociaux - Medscape - 26 févr 2018.
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