Neurofeedback : une technique d’avenir en psychiatrie

Stéphanie Lavaud

Auteurs et déclarations

21 février 2018

Dans cet article

4. Neurofeedback guidé par IRMf et dépression

Autre modalité du neurofeedback, le guidage par l’IRMf, « une technique non-invasive, permettant d’enregistrer une réponse hémodynamique (signal BOLD : Blood Oxygenation Level Dependant), reflet indirect de l’activité neuronale » explique le Dr Thomas Fovet (CHU de Lille). D’autant qu’il est désormais possible d’avoir un accès immédiat aux résultats expérimentaux en temps réel.

« L’intérêt est double : une haute résolution spatiale permettant un meilleur apprentissage et une technique « cerveau entier » permettant de cibler des régions profondes impliquées dans les processus émotionnels et donc dans les troubles psychiatriques », précise le psychiatre lillois.

Une littérature riche avec des protocoles souvent rigoureux comprenant une condition contrôle (sham feedback dans 39% des études) montre qu’on peut apprendre à un sujet sain à réguler l’activité de certaines régions cérébrales comme : l’amygdale, le cortex cingulaire antérieur ou le cortex insulaire par exemple. « Là où le niveau de preuve est, en revanche, beaucoup moins élevé, ce sont pour les modifications comportementales associées à cet apprentissage » reconnait-il [2,3].

Quelle utilisation de l’IRMf-neurofeedback en psychiatrie ?

Des résultats préliminaires encourageants sont disponibles dans la douleur mais aussi pour la dépression. En 2014, l’équipe de Kimberley Young a démontré que des patients dépressifs étaient capables d’apprendre à réguler l’activité amygdalienne gauche au cours la remémoration de souvenirs autobiographiques positifs et que cela était corrélé à une diminution des scores cliniques d’anxiété [6]. Ils ont postulé que l’activité amygdalienne liée à la remémoration de souvenirs positifs permettrait d’améliorer la symptomatologie dépressive. Après cette preuve de concept en ouvert, les chercheurs ont reproduit l’expérience dans un essai contrôlé en aveugle avec des résultats positifs puisque les patients déprimés du groupe actif étaient répondeurs dans 63% des cas versus 12% dans le groupe contrôle [7].

Au CHU de Lille, les Drs Thomas Fovet et Renaud Jardri, travaillent, quant à eux, à un programme de recherche chez des patients souffrant d’hallucinations auditives [8].

« Une technique ancienne donc mais qui ouvre un champ de recherche passionnant dans de nombreux domaines de la psychiatrie » a conclu le Dr Fovet.

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