Neurofeedback : une technique d’avenir en psychiatrie

Stéphanie Lavaud

Auteurs et déclarations

21 février 2018

Dans cet article

3. Neurofeedback guidé par EEG et TDAH

Malgré la variété d’approches de neurofeedback qui ont été développées et étudiées sur un large panel de pathologies au cours de toutes ces années d’existence, sa méthodologie optimale et son efficacité restent aujourd’hui débattues. Actuellement, l’application la plus convaincante du neurofeedback-EEG est, sans aucun doute, dans le traitement du trouble Déficit de l'Attention/Hyperactivité (TDAH) chez l’enfant où des données cliniques, neurophysiologiques et de neuro-imagerie sont en faveur de l'efficacité de cette technique – certaines études concluant même à une efficacité équivalente à celle des psychostimulants comme le méthylphénidate (Ritaline®) [2,3,4].

Dans le détail, « quatre méta-analyses ont exploré l’efficacité thérapeutique pour cette pathologie et leurs résultats sont divergents », concède le Dr Batail. En cause : peu d’études remplissant les critères de la médecine basée sur la preuve (petite taille d’échantillon, manque de conditions contrôle, pas de randomisation ou de double aveugle, ...), l’hétérogénéité des approches utilisées par différentes études, et le manque de connaissance sur les mécanismes sous-tendant le neurofeedback. Un manque de rigueur qui a conduit, l'an dernier, un chercheur canadien à qualifier le neurofeedback de « neuroplacebo » entrainant une polém,ique via publications interposées [5], avec les membres de NexT. Lesquels se sont attelés, pour parer ce type d'arguments, à établir un corpus de bonnes pratiques pour les études de neurofeedback en psychiatrie. Une façon aussi, comme l’a expliqué le Dr Jean-Arthur Micoulaud-Franchi dans sa présentation, de se démarquer par rapport à d'autres types d'approches non médicales surfant sur le concept (voir 5. Attention aux imitations).

A savoir : depuis 2012, l'American Academy of Pediatrics (Académie Américaine de Pédiatrie) attribue au biofeedback EEG le premier niveau ("best support") de preuves dans le traitement non pharmacologique du TDAH.

Par ailleurs, d’autres pathologies comme les épisodes dépressifs caractérisés et le trouble anxieux généralisé font, eux aussi, l’objet d’essais randomisés en ouvert.

Neurofeedback versus méthylphénidate (Ritaline®), essai en cours

La réhabilitation cérébrale personnalisée est-elle aussi efficace que le médicament de référence du trouble de déficit d’attention / hyperactivité (TDAH) ? Pour le savoir, le CHU de Montpellier a lancé en 2016 un projet européen de recherche, l’étude « Newrofeed » dont l’hôpital Saint Eloi du CHU de Montpellier est partie prenante. L’idée est d’apprendre à des enfants, âgés de 7 à 13 ans, issus de 9 centres cliniques (France, Belgique, Allemagne, Espagne et Suisse) à réguler eux-mêmes leur activité cérébrale enregistrée par électro-encéphalographie (EEG), à travers des « jeux sérieux » renvoyant en temps réel un reflet, visuel ou auditif (dit « feedback ») de leur activité sur une tablette informatique. L’étude dure 3 mois ; les traitements (neurofeedback et méthylphénidate, Ritaline®) seront attribués par tirage au sort aux 179 enfants. Dans le groupe « Neurofeedback » l’étude comprend des séances d’entrainement à l’hôpital ainsi que 36 séances de 45 min chacune au domicile du patient grâce à l’appareil Mensia Koala™. Les données sont transmises automatiquement sur un serveur sécurisé. Le médecin, en se connectant à ce serveur, peut suivre à distance les séances de l’enfant : son historique de séances, ses résultats et ses progrès. Les résultats sont attendus cet été.

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