Antidote du paracétamol : 8 % de réactions allergiques avec la N-Acétylcystéine

Dr Isabelle Catala

Auteurs et déclarations

15 février 2018

Calgary, Canada -- Utilisé comme traitement préventif des risques de lésions hépatiques en cas de surdosage en paracétamol, le N-Acétylcystéine à haute dose induit des réactions allergiques dans 8 % des cas. Il s’agit principalement de signes cutanés, selon le résultat d’une étude canadienne publiée dans le Journal of Medical Toxicology[1].

Protocole sur une durée de 21 h

L’équipe du Dr Mark Yarema (Service de toxicologie, Foothills Medical, Calgary Centre) a analysé les données de pharmacovigilance de 34 hôpitaux canadiens utilisant un protocole de traitement intraveineux des surdosages en paracétamol sur une durée de 21h (150 mg/kg en 15 à 60 minutes, puis 50 mg/kg sur 4 h suivi de 100 mg/kg sur 16 h). Entre 1980 et 2005, 6 455 patients ont été traités avec ce protocole.

Au total, 528 patients ont présenté des signes d’allergie et 136 sont décédés, dont 34 qui n’avaient pas présenté de signes biologiques d’hépatotoxicité et 16 qui avaient bénéficié d’une transplantation hépatique.

Les personnes allergiques étaient majoritairement des femmes (69 %), âgées en moyenne de 24 ans. Dans plus de la moitié des cas, le paracétamol avait été consommé dans un délai connu par rapport à l’admission à l’hôpital, alors dans 26,9 % des cas l’heure de prise était ignorée. Enfin, 19 % des patients consommaient ce médicament de façon chronique ou avaient été admis à l’hôpital plus de 8 h après la prise. Un tiers des patients avaient consommé de l’alcool en même temps.

398 réactions cutanées exclusives

Une réaction allergique a été signalée pour 528 patients (8,2 %) dont 398 réactions cutanées exclusives, 34 ont manifesté une réaction systémique et 96 des signes cutanés et systémiques. La survenue de l’allergie a eu lieu pendant la deuxième injection pour 371 patients et pendant la première pour 133 autres. Après l’apparition des signes, le traitement a été suspendu de façon temporaire ou définitive chez 52 % des patients. La plupart des personnes qui ont présenté des signes d’allergie ont été traitées par antihistaminiques (92,1 %).

Parmi les facteurs de risque d’allergie, les auteurs retiennent le sexe féminin et l’absence d’ingestion d’alcool. Ils excluent par ailleurs un lien entre la paracétamolémie et la sévérité des lésions ou le délai entre l’ingestion et le traitement.

Antihistaminiques et poursuite du traitement

Les recommandations thérapeutiques proposées en 1998 par les Drs Bailey et McGuigan[2] précisent qu’en cas de signes exclusivement cutanés, il n’y a pas d’indication à suspendre le traitement mais qu’on peut lui adjoindre un antihistaminique. Si un angio-œdème survient, la perfusion doit être arrêtée pendant une heure, le temps d’un traitement antihistaminique par voie intraveineuse. En cas d’hypotension ou de symptômes respiratoire, de l’éphédrine peut être utilisée.

Si les symptômes ne réapparaissent pas après un arrêt d’une heure, la perfusion pourra être reprise.

Enfin, il est possible de proposer un prétraitement par antihistaminique en cas de réaction allergique préalable.

 

 

 

 

 

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