Prise en charge des « troubles dys » : coup d’accélérateur en 2018 ?

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

16 février 2018

Dans cet article

Paris, France – La prise en charge des troubles dys reste insuffisante et inégale en France. Toutefois, en 2018, la situation devrait s’améliorer grâce au nouveau parcours de soins détaillé de la HAS[1] et à l’apparition de nouveaux outils diagnostics.

Les différents troubles du développement et des apprentissages scolaires

Les troubles dys sont fréquents : en France, ils concerneraient près de 8% des enfants d’âge scolaire. Ils peuvent concerner le langage oral (dysphasie), les apprentissages scolaires (dyslexie, dysorthographie, dyscalculie), la coordination et les fonctions visuo-spatiales (dyspraxie), et les fonctions transversales (attention, mémoire, fonctions exécutives).

« Ces troubles sont durables. Ils ont des conséquences sur la vie quotidienne des enfants, puis des adultes, sur l’insertion scolaire puis professionnel. Or, ces conséquences peuvent être prévenues ou atténuées par une prise en charge adaptée précoce », a indiqué la HAS lors de la présentation de son nouveau guide « parcours de soins » à la presse.

1. Encore trop d’inégalités d’accès aux soins

Pourtant aujourd’hui, la prise en charge « adaptée et précoce » n’est pas accessible à tous.

« Les réponses sont trop inégales sur le territoire. Il y a des régions entières où il faut attendre un an et demi pour obtenir un bilan d’orthophonie », a commenté Christine Auché-Le Magny (Membre de la Fédération Française des DYS—Ffdys) lors de la conférence de presse de la HAS.

Dr Catherine Billard

Aussi, selon le Dr Catherine Billard (neuropédiatre, spécialiste des troubles dys, Paris), qui a participé à l’élaboration du guide HAS, l’accès aux soins des populations les plus défavorisées reste très limité alors même que la précarité est un facteur aggravant des troubles dys.

 
Il y a des régions entières où il faut attendre un an et demi pour obtenir un bilan d’orthophonie  Christine Auché-Le Magny
 

« Nous avons réalisé une étude épidémiologique auprès de 1000 enfants de CE1 à Paris en 2005 qui a mis en exergue l’importance de la précarité dans les troubles dys et l’inégalité d’accès aux soins. Les données ont montré qu’il y avait 11 % de très faibles lecteurs au mois de janvier. Il y en avait jusqu’à 25 à 30 % dans les écoles du XVIIIème arrondissement versus 4 % dans les écoles qui font face à la Tour Eiffel. Aussi, paradoxalement, seulement 18 % des faibles lecteurs avaient une rééducation orthophonique alors que 30 % des bons lecteurs étaient suivis ».

« Le plan Langage en 2000 a sorti les troubles Dys de l’ombre mais depuis, tout ce qui est possible de faire n’a pas été fait », a souligné la pédiatre.

Face à cette prise en charge hétérogène et inégale sur le territoire, en 2013, la Commission de la Naissance et de la Santé de l’Enfant (CNNSE) a saisi la HAS pour « améliorer la coordination des acteurs et détailler l’organisation d’un parcours de santé structuré de recours aux soins ». Le nouveau guide « parcours de santé » édité par la HAS est un début de réponse.

 
Le plan Langage en 2000 a sorti les troubles Dys de l’ombre mais depuis, tout ce qui est possible de faire n’a pas été fait Dr Catherine Billard
 

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