Le blog du Pr Christian Perronne – Infectiologue
Pour le Pr Christian Perronne, la polémique sur les risques liés à la présence de sels d’aluminium dans les vaccins est basée sur une méconnaissance scientifique. Il rappelle que la « totalité d’aluminium que l’on peut recevoir d’une 20aine d’années de vaccins est proche de la quantité d’aluminium que l’on mange tous les jours dans 1 kg d’aliments... »
TRANSCRIPTION
Bonjour, je vais vous parler aujourd’hui de l’aluminium dans les vaccins.
Le profil de tolérance des vaccins commercialisés aujourd’hui est excellent et, cependant, des rumeurs sans arguments scientifiques solides ont tenté de discréditer les traces aluminium utilisées comme adjuvant de certains vaccins. Or cet adjuvant permet de rendre efficaces plusieurs vaccins. On tente de faire croire que l’aluminium est un élément chimique lié à l’ère industrielle. On compare l’aluminium, métal léger, avec les métaux lourds comme le mercure ou le plomb qui, eux, peuvent être toxiques. Cette désinformation traduit une méconnaissance profonde de la chimie minérale. L’aluminium est le troisième composant chimique naturel de la planète après l’oxygène et le silicium. L’aluminium représente 8 % du poids de l’écorce terrestre. Il y a plus aluminium sur Terre que de fer ou de calcium. Ce métal léger est omniprésent en faible quantité dans l’eau et les aliments depuis la nuit des temps. Depuis des millénaires, bien avant l’ère industrielle, les légumes et en particulier le thé contiennent des quantités non négligeables d’aluminium que l’on mange tous les jours. La consommation quotidienne d’aluminium par l’humanité a toujours existé et n’a, donc, rien à voir avec les ustensiles de cuisine en aluminium ni avec les vaccins.
Des complications neurologiques réelles liées à des intoxications majeures à l’aluminium ont été rapportées lors des premières hémodialyses quand les personnes en insuffisance rénale sévère ingéraient tous les jours plusieurs grammes de phosphate aluminium sur des périodes prolongées. Ces cas étaient de véritables intoxications où l’on pouvait retrouver des concentrations élevées du métal dans le sang. Ces surdosages n’ont rien à voir avec les quelques centaines de microgrammes d’aluminium contenus dans certains vaccins. Ainsi, la totalité d’aluminium que l’on peut recevoir d’une vingtaine d’années de vaccins est proche de la quantité d’aluminium que l’on mange tous les jours dans 1 kg d’aliments, même les aliments les plus bio de la planète. Certes, seule une très faible quantité d’aluminium ingérée par voie digestive est absorbée et le peu qui passe dans sang est éliminé par les reins, dans les urines. L’aluminium contenu dans les vaccins est injecté, ce qui court-circuite la barrière digestive, mais les quantités globales administrées sur une vie sont négligeables.
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Citer cet article: Aluminium dans les vaccins : une polémique sans fondement scientifique - Medscape - 2 févr 2018.
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