FLAHS 2017: une prise en charge de l'HTA marquée par un ... désespérant recul 

Pascale Solère

Auteurs et déclarations

12 janvier 2018

Paris, France -- Comme chaque année la SFHA a réalisé une enquête FLAHS visant à donner une photographie de la prise en charge de l'HTA en France. Ses résultats présentés par le Pr Xavier Girerd (CHU Pitié Salpétrière, Paris) lors des Journées de l'Hypertension Artérielle (JHTA)[1],  ne laissent malheureusement aucune place au doute. En termes d'avancées, ... on recule ! La proportion d'hypertendus contrôlés loin de s'être améliorée régresse. En parallèle, celle de patients sous monothérapie grimpe...

Pr Xavier Girerd

« L'enquête 2016 avait déjà mis en évidence un léger recul en terme de contrôle tensionnel et notamment sous traitement antihypertenseur. Ne pouvant complètement écarter l'hypothèse que cette variation de 2015 à 2016, faible et à la marge, ne soit l'effet du hasard, nous n'en avions pas fait état. Aujourd'hui FLAHS 2017 venant confirmer cette tendance, il faut en alerter les médecins. Et se demander pourquoi ce recul s'est confirmé ? », explique Xavier Girerd.

« Plusieurs phénomènes sont probablement à l'œuvre mais cette enquête n'a aucun moyen de les documenter. L'ambiance de suspicion générale vis à vis des médicaments et en particulier ceux visant le contrôle chronique de « simples » facteurs de risque - HTA, dyslipidémie, diabète... - peut y participer. Les  courriers de l'Assurance Maladie destinés aux MG n'y sont probablement pas non plus étrangers. Du moins, c'est ce que suggère selon moi le recul du taux de patients sous bithérapie et surtout de ceux sous inhibiteur du système rénine angiotensine (ARAII) ».

 
La proportion de sujets contrôlés ne progresse pas mais ...les monothérapies, oui ! Pr Xavier Girerd
 

Contrôle tensionnel : pas de progrès et même un léger recul

Parmi les près de 500 hypertendus sous traitement médicamenteux sur les 5000 sujets de FLASH 2017, globalement 57% % sont contrôlés (140-90 mm Hg).

Ce taux n'a pas progressé depuis 2010. Il est même en léger recul (Sic). Néanmoins, il reste comparable à celui observé dans les autres pays européens.

Plus précisément, chez les 35-54 ans et 65-79 ans on est autour de 57%, un peu plus chez les 55-64 ans et franchement moins au delà de 80 ans (49%).

Le taux de patients pratiquant l'automesure – avec une cible tensionnelle 135-85 mm Hg pour mémoire – ne progresse pas non plus. Il reste autour de 40%. Ceci bien que nous l'ayons vivement encouragée en France depuis de nombreuses années déjà rappelle l’hypertensiologue.

« Malgré notre investissement dans l'information des patients et des médecins, de nouvelles recommandations HAS particulièrement claires et synthétiques donc à priori faciles à appliquer en pratique clinique... On stagne donc à un peu plus de 50% de patients sous traitement médicamenteux contrôlés, ie à la cible tensionnelle de 140-90 mm Hg en France »,  commente le Pr Girerd.

« On est revenu en somme quasiment au taux observé dans FLAHS 2007 après une « pointe » observée en 2009 (Cf illustration).

 

« Il faut dès aujourd'hui en alerter les médecins. Tirer la sonnette d'alarme ». 

« D'autant que pour mémoire la population de FLAHS n'est pas du tout représentative de la population française ».

Pour rappel, il s'agit d'un panel de sujets volontaires recrutés chaque année sur les mêmes critères – avec 30% de renouvellement par an des sujets – par la même société d'enquêtes. Soit des sujets dont on peut sans trop de risque d'erreur suspecter qu'ils consultent globalement un peu plus souvent leur médecin que la population française générale d'hypertendus...

 
Il faut dès aujourd'hui en alerter les médecins. Tirer la sonnette d'alarme Pr Girerd
 

Répartition des traitements : progression des monothérapies

La répartition des diverses classes d'antihypertenseurs a bougé.  On peut se féliciter du recul des diurétiques qui se confirme.

« En revanche, il faut déplorer le regain de monothérapies. C'est assez désespérant ... »

En effet alors que depuis 2007 les bithérapies fixes avaient progressé, cette année le taux de monothérapie repart à la hausse.

On est en 2017 dans FLAHS à 33 % de bithérapies, 13% de trithérapies, 3% de quadrithérapies et 51 % de monothérapies

Quant au « sentiment » des patients vis à vis de leurs ordonnances – auscultée cette année – elle met en évidence qu’un quart des patients estiment avoir trop de comprimés à prendre », souligne le Pr Girerd. Ce qui malheureusement, on le sait bien, ne favorise pas l'observance.

FLAHS 2017/Esteban : 2 enquêtes différentes qui donnent globalement les mêmes tendances

FLAHS est une enquête diligentée chaque année par la SFHTA auprès de sujets recrutés par une agence de sondage, donc auprès de sujets volontaires et non représentatifs de la population française. Focalisée sur l'HTA, elle renseigne précisément sur la prise en charge et les types d'antihypertenseurs.

Esteban, à la différence de FLAHS, est une enquête nationale menée sur un échantillon représentatif de la population adulte (18-74 ans) vivant en métropole (voir article medscape). Il s'agit d'une enquête d'envergure puisqu'elle porte sur plusieurs aspects de la santé à savoir l’exposition à certaines substances de l'environnement, l'alimentation, activité physique plus certaines maladies chroniques ou facteurs de risque (diabète, allergies, maladies respiratoires, hypertension artérielle, hypercholestérolémie…).

Pour autant, leurs résultats ne déparent globalement pas en termes de prévalence et proportion de patients traités contrôlés en 2017. Toutefois, la ré-édition annuelle de FLAHS permet de suivre de manière plus rapprochée les évolutions qu'Esteban, actualisation à 10 ans de l'enquête ENNS (Etude Nationale Nutrition Santé) menée en 2005. C'est pourquoi en termes d'évolution de la prise en charge, FLAHS est bien plus informative à défaut d'être aussi représentative.

 

 

 

 

 

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