Paris, France — Si la parité n’est toujours pas de rigueur dans les plus hautes instances médicales et scientifiques, le vent tourne. En témoigne la nomination récente de deux femmes à la tête de deux sociétés savantes de taille. Alors que le Pr Hélène Hanaire (CHU de Toulouse) a été nommée présidente de la Société Francophone du Diabète (SFD) le 14 décembre dernier, la cardiologue interventionnelle Martine Gilard, que les lecteurs de Medscape-TheHeart connaissent bien, vient d'être élue à la tête de la Société Française de Cardiologie (SFC). Sa nomination officielle aura lieu lors des prochaines Journées européennes de la Société Française de Cardiologie (JESFC).
« Girl power » et plafond de verre
Depuis quelques années, la féminisation de la médecine est un phénomène qui va croissant. Aujourd’hui, 70% des étudiants en médecine sont des étudiantes. Dans les générations supérieures, sauf rare exception, les instances médicales, conseils scientifiques et autres sociétés savantes restent souvent très largement dominées par la gente masculine. Il semble toutefois, qu’à l’image des évolutions récentes de la société, dans certaines spécialités – classiquement peu féminisées – des femmes brisent par endroit le plafond de verre. De fait, qu’elles arrivent en force ou s’imposent en douceur, les femmes accèdent peu à peu aux postes à responsabilité.
Le Pr Hélène Hanaire à la tête de la SFD
C’est ce qui vient de se passer pour deux sociétés savantes où, à un mois d’écart, des femmes où accédé à la présidence. Chef du service de Diabétologie, Maladies Métaboliques, Nutrition ainsi que du pôle CardioVasculaire et Métabolique du CHU de Toulouse, le Pr Hélène Hanaire a ainsi été nommée à la Société francophone du diabète, une première pour cette société savante [1]. Elle y remplace le Pr Pierre Fontaine, Chef de pôle adjoint et responsable du service Endocrinologie diabétologie métabolismes au CHU de Lille. Tout au long de sa carrière, l’éducation thérapeutique et les technologies innovantes au service du diabète (pompes à insuline portables et implantables, mesure continue du glucose, pancréas artificiel, télémédecine) ont constitué ses principaux axes de travail.

Pr Hélène Hanaire
Chef du service de diabétologie, maladies métaboliques et nutrition au CHU de Toulouse depuis 1999 et chef de pôle cardio-vasculaire et métabolique au CHU de Toulouse depuis 2006, le Pr Hélène Hanaire est présidente de la délégation de recherche et d’innovation clinique au CHU de Toulouse. Elle est membre du Conseil National des Universités (CNU) et est un des membres fondateurs du réseau de santé, diabète Midi-Pyrénées (DIAMIP) fondé en 2000, qui anime un groupe régional sur la thérapie par pompe à insuline. Ses domaines d’intérêts et ses thèmes de recherches comprennent l’éducation thérapeutique, le développement de technologies innovantes, telles que la thérapie par pompe à insuline, la surveillance continue de la glycémie et la télémédecine. Depuis sa création en 1990, elle est membre de l’EVADIAC (ÉVAluation dans le Diabète des Implants ACtifs), un groupe d’étude qui évalue les thérapies d’implants actifs dans le diabète et a participé sous ses auspices à de nombreux essais cliniques sur les pompes à insulines implantables ainsi que sur les dispositifs de surveillance continue de la glycémie. Enfin, le Pr Hélène Hanaire contribue aux travaux du consortium français de boucle fermée DIABELOOP.
Le Pr Martine Gilard, nouvelle présidente de la SFC

Pr Martine Gilard
Quant à la Société Française de Cardiologie, elle vient d’élire à sa tête le Pr Martine Gilard (CHU de Brest), l’une des très (et trop) rares femmes cardiologues interventionnelles en France – aux côtés tout de même du Pr Hélène Eltchaninoff (Rouen) ou du Dr Marie-Christine Malergue (Paris). Brestoise d’adoption, Martine Gilard (61 ans) a fait ses études de médecine à Clermont-Ferrand, se spécialisant en cardiologie et en radiologie. Membre de nombreuses sociétés savantes, elle est au bureau de la SFC depuis 2012 où elle occupait précédemment le poste de vice-présidente. Ses axes de recherche sont l’imagerie morphologique et fonctionnelle cardio-vasculaire. En 2009, son projet en imagerie par cohérence optique en cardiologie interventionnelle mené en collaboration avec son confrère brestois, le Pr Jacques Boschat, lui avait valu une Victoire de la médecine avant de se voir décerner en 2010 le titre de chevalier de la Légion d'honneur.
Cardiologie interventionnelle : où sont les femmes ?
Interrogée par Medscape édition française en mai 2017, lors du congrès EuroPCR 2017 , sur la place des femmes en cardiologie interventionnelle, voici ce que répondait le Pr Martine Gilard : « on espère qu’à l’avenir il y en aura plus. Il ne faut pas croire que les femmes ne sont pas intéressées par cette spécialité mais rien n’est fait pour les aider quand elles commencent à avoir une famille et qu’elles sont appelées la nuit. Cela étant les mentalités changent, dans les couples modernes les hommes s’investissent autant pour les enfants que les femmes. Aujourd’hui, 70% des étudiants en médecine sont des filles, les choses sont amenées à évoluer. Parmi les cardiologues de ville, la parité est à peu près respectée même s’il y a un peu plus d’hommes. Mais en cardiologie interventionnelle, il doit y avoir une vingtaine de femmes, incluant des jeunes qui j’espère, ne changeront pas d’orientation sur 600 à 700 hommes. On ne peut qu’encourager les femmes à s’orienter vers cette spécialité ».
On souhaite à ces deux femmes de qualité beaucoup de succès dans les missions qui leur ont été confiées.
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Citer cet article: Cardiologie et diabète : 2 sociétés savantes mettent des femmes à leur tête - Medscape - 11 janv 2018.
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