France -- Jusqu’ici, le vaccin contre la grippe s’est montré efficace contre le premier pic épidémique. Mais, un deuxième pic est à craindre avec le virus muté H3N2 qui fait actuellement des ravages en Australie, aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne et contre lequel le vaccin est très peu efficace.
En France, la souche majoritaire est présente dans le vaccin
Le réseau Sentinelle a publié la carte de France de l’épidémie de grippe, et force est de constater que tout le territoire métropolitain est désormais concerné.
Le nombre de passages pour grippe aux urgences a été évalué à 11 462 pour la dernière semaine de l’année. Pendant cette période, 1 251 personnes ont été hospitalisées dont 165 en réanimation : 26 % étaient âgées de 45 à 75 ans et 37 % de plus de 75 ans.
En médecine ambulatoire, le taux de consultations pour grippe a été estimé à 527/100 000 habitants.
Le réseau Sentinelle estime que « l’incidence des syndromes grippaux devrait continuer d’augmenter dans les prochaines semaines ».
Alors qu’en Europe, 59 % des souches détectées sont de type B, en France, c’est la grippe A qui est la plus présente : 77 % des prélèvements en ambulatoire et 73 % à l’hôpital. Le sous type A (H1N1) pdm9 est majoritaire puisqu’il est retrouvé chez 24,5 % des malades. Cette souche est présente dans le vaccin 2017-18 où elle est associée à une souche A(H3N2) et une souche B.
En Australie et aux Etats-Unis, le vaccin inefficace sur la souche H3N2
Dans un article publié dans le NEJM[1], des infectiologues australiens et américains dirigés par le Dr Antony Fauci précisent que le vaccin grippe a été peu efficace cette année dans l’hémisphère sud puisque le nombre de cas mi-octobre était évalué à 215 280 contre 59 000 habituellement.
Cette importante épidémie était liée à une prédominance de souches H3N2 sur lesquelles le vaccin n’était doté d’une efficacité proche de 10 % en raison d’une mutation sur l’hémagglutinine survenue entre le moment où le vaccin a été mis en fabrication et la survenue de l’épidémie de grippe.
Face à l’épidémie de grippe H3N2 mutante, le CDC demande aux médecins américains de proposer aux personnes les plus fragiles des traitements antiviraux dès les premiers signes d’infection voire en prophylaxie du fait de la situation exceptionnelle de non-concordance entre le vaccin et les souches circulantes.
La crainte d’un deuxième pic épidémique plus tard en France
En Grande-Bretagne, c’est la souche A (H3N2) australienne qui a fait son apparition la semaine 48, ce qui fait craindre une épidémie de très grande ampleur aux autorités sanitaires.
En France, seuls 4,5 % des patients sont atteints par la souche H3N2 mutante qui a été à l’origine de l’épidémie australienne et qui fait actuellement des ravages aux Etats-Unis.
Les autorités sanitaires n’ont pas encore proposé de mesures particulières à propos des antiviraux qui restent indiqués aux personnes les plus fragiles en post-exposition et non en prophylaxie.
Mais il est possible qu’après cette première épidémie H1N1 en France, le virus H3N2 arrive de Grande-Bretagne et provoque une nouvelle flambée épidémique dans les semaines qui viennent.
Citer cet article: Grippe : le vaccin sera peu efficace si le virus muté H3N2 arrive de Grande-Bretagne - Medscape - 5 janv 2018.
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