7 questions polémiques sur les vaccins : que répondre aux parents ?

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

3 janvier 2018

Dans cet article

Paris, France –Alors que l’obligation vaccinale pour 11 vaccins pédiatriques sera effective au 1er janvier 2018, le Pr Alain Fischer (professeur d’immunologie pédiatrique, Paris) et le Pr Philippe Sansonetti (infectiologue) ont réuni un groupe d’experts indépendants pour réfléchir aux moyens de rétablir la confiance autour de la vaccination. Pour rappel, en 2016, 40 % des français disaient douter de la sécurité des vaccins, selon les résultats de la vaste étude Vaccine Confidence Project .  

Lors d’une série de mini-conférences organisées le 22 décembre en partenariat avec l’Université paris Descartes, l’Institut Pasteur, l’Inserm et l’AP-HP, les experts ont répondu aux questions qui inquiètent et qui font débat [1].

Aluminium, effets indésirables, vulnérabilité des nourrissons, protection maternelle, présence de gélatine de porc,  lobbying de l’industrie pharmaceutique … les intervenants (voir encadré en fin de texte) ont balayé les principaux sujets polémiques autour de la vaccination et des nouvelles obligations vaccinales.

Que sait-on de la toxicité de l’aluminium ?

Lors de son intervention sur la question, Liliane Granget-Kéros (Académie nationale de pharmacie, Paris) a d’abord rappelé que les « sels d’aluminium » étaient utilisés comme adjuvants vaccinaux depuis plus de 90 ans.

Mais aussi, que l’aluminium était présent « partout », dans l’air, dans l’eau de boisson, les aliments, les conservateurs, les anti-transpirants…et que les apports totaux (non professionnels) étaient estimés à 3 à 15 mg par jour. Elle a précisé qu’il était présent naturellement dans les organes (cerveau, foie…) et le sang.

A la question, l’aluminium est-il neurotoxique ?, la pharmacienne a répondu qu’il existait une toxicité documentée en cas d’exposition chronique si la fonction rénale était altérée (cas des encéphalites des dialysés). « L’intoxication chronique existe mais si la fonction rénale est normale, elle n’est pas très problématique », a-t-elle expliqué.

Sur les craintes d’une éventuelle toxicité de l’aluminium contenu dans les vaccins, le Dr Grangeot-Kéros a souligné que les quantités utilisées étaient faibles et que l’apport ne pouvait pas être considéré comme chronique. Pour les vaccins injectés par voie intra-musculaire, elles sont au maximum de 0,6 mg et pour les vaccins injectés par voie intraveineuse d’1 à 2 mg, a-t-elle précisé.

Elle a ajouté que les études épidémiologiques n’avaient pas mis en évidence de sur-risque d’apparition de maladies graves (maladies auto-immunes, syndrome auto-immun ASIA, autisme, maladie d’Alzeheimer…) avec les vaccins contenant de l’aluminium.

 
L’intoxication chronique existe mais si la fonction rénale est normale, elle n’est pas très problématique. Liliane Granget-Kéros
 

Concernant un éventuel lien avec les maladies autoimmunes, elle a, par ailleurs, cité une étude danoise (2012) réalisée chez des individus allergiques ayant utilisé des produits de désensibilisation contenant des quantités d’aluminium 100 à 500 fois supérieures à celles des vaccins, chroniquement sur 3 à 5 ans, sans retrouvé de signal de sécurité.

Sur l’association éventuelle entre l’aluminium vaccinal et la lésion histologique appelée myofasciite à macrophages accompagnée de divers symptômes (myalgies, arthralgies, fatigue persistante, troubles cognitifs), l’intervenante a indiqué qu’aucun lien de causalité n’avait pu être mise en évidence à ce jour par les études et que le taux de notification de signaux de pharmacovigilance pour la maladie était faible : 1 cas pour 360 000 vaccinations (aucun nourrisson).

La pharmacienne a expliqué que les études réalisées récemment chez la souris (en référence aux travaux du Pr Romain Gherardi, chef du service neuromusculaire à l’hôpital Henri Mondor de Créteil) ne reflétaient pas la réalité de la vaccination chez l’homme, non seulement parce qu’elles étaient réalisées chez l’animal mais aussi parce que, dans les expériences, seul l’adjuvant avait été injecté et non l’adjuvant plus l’antigène vaccinal.

Elle a rappelé que pour être de bonne qualité, les études évaluant la toxicité de l’aluminium vaccinal devaient utiliser un nombre de sujets suffisant et avoir des sujets contrôles.

Au sujet des critiques sur l’absence de nouveaux financements octroyés au Pr Gherardi pour continuer ses recherches, le Pr Alain Fischer a souligné que le financement de 150 000 euros qu’il avait obtenu au départ était déjà exceptionnel. « Il s’agit du  seul chercheur travaillant sur la vaccination en France qui a bénéficié d’un financement direct. Il a été mieux financé que quiconque autre », a-t-il précisé.

Enfin, à la question « peut-on se passer de l’aluminium dans les vaccins ? », Daniel Levy Bruhl (responsable d’unité Santé Publique France, département des maladies infectieuses) a répondu par la négative.

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