REACTUALISATION. Grenoble, 9 janvier 2017 -- Edouard Couty, médiateur national chargé le 3 novembre 2017 par la Ministre de la Santé d’une mission diagnostique sur la situation à l’hôpital de Grenoble, a rendu son rapport qui met en cause les institutions locales. Au regard de difficultés remontées du terrain et du suicide d’un jeune neurochirurgien, le rapporteur a interrogé 30 personnes et il a été contacté directement par d’autres soignants qui souhaitent s’entretenir avec lui en dehors du cadre hospitalier.
Le fonctionnement – les dysfonctionnements plutôt – de trois services sont analysés : le bloc neurochirurgical, la néphrologie et la réanimation.
Le médiateur donne des pistes pour résoudre les conflits dans certains services – qui passent le plus souvent par une mutation de certains médecins. Il insiste aussi sur la nécessité d’accompagner les nouveaux responsables de services médicaux, d’accorder une attention particulière aux signaux d’alerte en lien avec la médecine du travail, de faire évoluer le « style » de management « qui maintient de manière permanente une certaine pression sur les équipes et qui priorise le résultat [financier] ». Il propose de recréer une dynamique de projet d’établissement et de mettre en place une sous-commission de la vie hospitalière pour aborder les situations conflictuelles.
Ces mesures seront-elles suffisantes pour faire passer cette période de crise ? Un bilan d’étape serait souhaitable.
Harcèlement au CHU de Grenoble : les patients s’en emparent, la Ministre réagit
Grenoble, France/ 22 décembre 2017 -- Le 16 décembre 2017, l’Association des Jeunes Diabétiques de l’Isère a mis en ligne une pétition qui a déjà recueilli plus de 2 300 signatures afin d’apporter son soutien à deux endocrinologues pédiatres du CHU de Grenoble qui avaient été contraintes de se mettre en arrêt maladie en raison de leurs conditions de travail.
Les Drs Anne Spieteri et Clémentine Dupuis étaient en état de souffrance morale et physique en dépit de multiples alertes sur leurs conditions de travail. Elles ont dénoncé la maltraitance institutionnelle en lien avec la logique financière et la recherche de rentabilité de l’établissement.
La direction du CHU, quant à elle, affirme qu’il s’agit de propos diffamatoires de la part de ces deux praticiennes et souligne qu’elles ne sont pas adressées à leur instance représentative, la Commission Médicale d’Etablissement (CME).
Les patients contraints de faire 120 km
L’Association des Jeunes Diabétiques de l’Isère précise que le nombre d’enfants accueillis dans le service est passé de 60 à 250 en 15 ans, sans que des moyens humains dédiés soit proposés.
La commission des usagers de l’hôpital a été saisie et le CHU a diffusé un message aux parents : « Le CHU de Grenoble s’est organisé pour assurer la prise en charge de tous les enfants lors d’une découverte de diabète ou en cas d’urgence.
L’éducation thérapeutique sera assurée grâce au personnel soignant habituel, avec des effectifs maintenus jusqu’au 31 janvier 2018, en attente d’autres solutions.
Cependant, la mise en place des pompes à insuline nous obligera à un transfert pour les enfants de moins de 5 ans au CHU de Lyon, entre 5 et 14 ans dans les hôpitaux généraux de Voiron ou de Chambéry où cela est possible, grâce à des pédiatres spécialisés formés par notre équipe ; dans le service du Pr PY Benhamou à Grenoble au-dessus de 14 ans. »
Bref, certains jeunes diabétiques devront désormais être suivi à Lyon, et on peut facilement imaginer la détresse des familles en cas de complications aiguës ou chroniques.
Grenoble : un CHU en souffrance
Le 19 décembre 2017, à l’occasion des questions aux gouvernement (à 1 h 42 de la séance), le député Olivier Véran, lui même médecin du CHU de Grenoble, a attiré l’attention sur les conditions de travail dans son établissement. En effet, il y a 2 mois déjà, un jeune neurochirurgien s’était donné la mort au sein même de son service.
La Ministre de la Santé, Mme Agnès Buzyn, a répondu qu’une enquête a mis à jour des situations grave de harcèlement dans cet établissement.
Début 2018, elle a prévu de rencontrer la direction, le président de CME et le doyen de la faculté afin de demander la mise en place d’un plan d’action conforme aux recommandations de la commission d’enquête. Elle souligne aussi que le management doit « être bienveillant et vigilant face à l’humain face aux équipes soignantes en grande tension ». Elle précise enfin, « je n’accepterai plus que des personnes qui quittent des services dans lesquels elles sont harcelées soient obligées d’abandonner leur poste…Le service, qui verra un professionnel quitter son poste pour de telles raisons de harcèlement, ne verra pas son poste sanctuarisé dans le service concerné ».
Un premier pas vers une lutte active contre les harceleurs chefs de services ou membres de la direction ? Affaire à suivre…
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Citer cet article: Harcèlement au CHU de Grenoble : le rapport Couty épingle la Direction, la CME et le doyen - Medscape - 9 janv 2018.
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