Nouvelles propositions de la SFHTA pour améliorer la prise en charge de l’hypertension

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

27 décembre 2017

Paris, France – La Société Française d’Hypertension Artérielle (SFHTA) vient d’éditer une série de nouvelles propositions pour améliorer la prise en charge de l’hypertension en France. Pas d’objectifs tensionnels ou d’algorithmes thérapeutiques cette fois, mais des propositions pour s’adapter aux évolutions techniques et à celles de la société. Ce texte qui sera transmis aux autorités de santé pour alimenter la stratégie nationale de santé, a été présenté en avant-première lors des journées annuelles de la SFHTA qui se sont déroulées à Paris le 15 décembre [1].

Inquiétude devant la banalisation de l’hypertension

« Nous assistons à une banalisation de l’hypertension en France. Les résultats de l’enquête FLASH 2017 (article à venir) sont inquiétants. Les pourcentages de patients hypertendus dépistés et traités diminuent. Il nous est donc apparu important de donner un second souffle à la prise en charge de l’hypertension », a indiqué le Pr Thierry Denolle, Président de la SFHTA et cardiologue à Dinard, lors de sa présentation.

 
Il nous est apparu important de donner un second souffle à la prise en charge de l’hypertension  Pr Thierry Denolle
 

Pour le cardiologue, l’objectif du travail réalisé par la SFHTA est triple :

- Sortir l’HTA du simple facteur de risque ;

- Atteindre au moins 70 % de patients contrôlés ;

- Prévoir un plan de santé publique HTA.

Dans le nouveau texte, le groupe de travail propose la mise en place de stratégies pérennes pour effectuer un état des lieux des maladies hypertensives en France et détaille « les actions nécessaires pour améliorer et étendre le contrôle tensionnel, en s’adaptant aux progrès techniques et aux demandes de la société ».

En tout, 37 auteurs, la plupart membres de la SFHTA et de la Société Française de cardiologie (SFC) ont pensé ce texte en tenant compte des propositions de patients, d’infirmiers, de pharmaciens, de chercheurs, de médecins (généralistes, cardiologues, néphrologues, internistes, endocrinologues, gynécologues, gériatres…) libéraux et hospitaliers. Au nombre de 78, les propositions s’articulent autour de 10 axes (voir encadré en fin de texte).

Quelques propositions clés

Parmi les propositions phares de la SFHTA, la société savante souhaite que soit organisée une évaluation nationale de façon périodique et que soit développé un système d’information cohérent et pérenne.

Sur le plan des inégalités, elle rappelle l’importance des actions de santé publiques « à enseigner dès la petite enfance », insiste sur la nécessité de prévoir un plan de lutte contre l’obésité en Outre-Mer mais aussi sur celle de faire disparaitre les difficultés d’accès aux soins.

Pour favoriser le diagnostic de l’hypertension, elle insiste pour que l’automesure soit remboursée, tout comme la Mesure Ambulatoire de la Pression Artérielle (MAPA) lorsqu’elle est reconnue comme nécessaire.

« Les diabétologues ont réussi à faire rembourser les glucomètres, nous devons réussir à faire rembourser l’automesure et la MAPA », a insisté le Pr Denolle.

Elle demande également à ce que soit créée une consultation complexe pour le diagnostic et l’annonce de l’hypertension artérielle avec interprétation du bilan biologique et éducation sur l’automesure.

En termes de traitement, le groupe de travail préconise :

- de prescrire impérativement les antihypertenseurs en DCI ;

- d’harmoniser les contenus des boites d’antihypertenseurs ;

- de retirer du remboursement les molécules antihypertensives dont la durée d’action et/ou l’efficacité est inférieure aux autres molécules de la même classe thérapeutique ;

-d’améliorer l’observance par une meilleure formation, éducation et information ;

-d’utiliser de plus en plus la détection urinaire des médicaments antihypertenseurs par spectrométrie de masse chez les hypertendus résistants pour documenter l’inobservance médicamenteuse ;

-d’utiliser plus souvent les associations fixes à faibles doses en première intention ;

-de rembourser les associations triples chez les patients à haut risque CV pour faciliter l’observance et améliorer le contrôle tensionnel ;

-d’autoriser et promouvoir un plus grand nombre d’associations fixes aux doses appropriées.

Concernant l’organisation du parcours de soins, la SFHTA recommande d’impliquer les pharmaciens et les infirmières libérales dans la mesure tensionnelle et dans le dépistage de la mauvaise observance.

« Les médecins traitants ne peuvent plus s’occuper seuls de l’hypertension », a commenté le Pr Denolle.

Enfin, le groupe de travail insiste sur l’importance de la télémédecine, de l’innovation technologique, et notamment sur le besoin d’encadrer les avancées avec une labellisation et sur celui d’élaborer des listes d’homologation des appareils d’automesure.

Les 78 propositions s’articulent autour de 10 axes :

  1. Evaluation de l’HTA et de sa prise en charge en France 

  2. Place de l’HTA dans la prévention globale avec correction des inégalités sociales et géographiques (en particulier au niveau des départements et régions d’Outre-mer) 

  3. Favoriser le diagnostic de l’HTA 

  4. Les traitements médicamenteux de l’hypertension artérielle 

  5. L’innovation technologique

  6. Les formes particulières d’HTA (HTA secondaires à des maladies ou des thérapeutiques, hypertensions artérielles des personnes âgées, hypertensions artérielles de la grossesse)

  7. L’organisation des parcours de soins sous l’égide d’un médecin traitant

  8. La formation : méthodes et contenu (e-learning, …)

  9. Promouvoir la recherche expérimentale clinique, épidémiologique, translationnelle et en organisation de soins en hypertension artérielle

  10. Hypertension artérielle et Francophonie.

 
Les médecins traitants ne peuvent plus s’occuper seuls de l’hypertension » Pr Denolle
 

 

 

 

 

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