Paris, France -- En 2015, l’agence Santé Publique France (anciennement InVS) a reconduit l'enquête ENNS (Etude Nationale Nutrition Santé) nommée Esteban destinée à apprécier divers marqueurs de santé dont la prévalence de l'HTA en France métropolitaine chez les adultes de 15-74 ans à partir d'un échantillon représentatif de la population générale. Ses premiers résultats ont été présentés en avant-première lors des Journées de l'hypertension artérielle (JHTA).
Evolution de la prévalence de l’HTA
Plus de 2100 adultes ont rempli un questionnaire de santé, d'alimentation plus un examen clinique incluant une mesure de leur pression artérielle (3 mesures au bras droit selon une technique validée). Les données patients ont, en outre, été croisées cette fois-ci avec les données du SNIIRAM (hospitalisation, prescriptions etc...) en définissant l'HTA par une PA supérieure à 140/90 mm Hg et/ou une prescription d'antihypertenseur. Enfin les résultats d'Esteban ont été comparés à ceux de la précédente étude ENNS datant de 2006.
Qu'en ressort-il ? « Bonne nouvelle, la prévalence de l'HTA n'a quasi pas augmenté à l'exception d'une tendance à l'augmentation chez les plus jeunes (18-24 ans). En revanche, on n'enregistre aucune amélioration du taux de patients hypertendus diagnostiqués et guère plus de progrès en termes de contrôle tensionnel » résume Valérie Olié (Santé Publique France, Saint Maurice).
Plus d’activité physique pour les hommes, moins chez les femmes
Dans cette enquête menée sur des adultes de 47 ans d'âge moyen, 27% des hommes et 47% des femmes ont une activité physique réduite. Assez classiquement, 20% sont fumeurs. Leur index de masse corporel (IMC) est autour de 26 kg/m2 et près de 20% ont un LDLc supérieur à 1 g/l.
Comparativement à la dernière enquête (ENNS 2006) :
- le niveau d'activité physique s'est amélioré pour les hommes quand il s'est beaucoup dégradé pour les femmes ;
- le tabagisme a chuté comme attendu ;
- l'IMC a significativement augmenté chez les femmes mais pas chez les hommes.
Quid de l'HTA?
En 2016, la PAS moyenne – qui augmente avec l'âge – est de 131 mm Hg chez les hommes versus 121 mm Hg chez les femmes.
Les mesures tensionnelles mettent en évidence des PAS élevées chez 35,5% des hommes et 25 % des femmes.
Et comparativement à 2006, la prévalence de l'HTA n'a globalement pas bougé. Néanmoins, on observe une augmentation significative de l'HTA chez les femmes jeunes (18-24 ans) – un tout petit sous-groupe – plus une tendance, ici non significative, chez les hommes jeunes. S'y ajoute une tendance à l'augmentation chez les femmes de 57-64 ans.
En terme d'HTA connue – données SNIIRAM – il n'y a malheureusement aucune évolution depuis 2006.
On plafonne toujours autour de 50% chez les hommes (54%) et d'un peu plus chez les femmes (62%) d'HTA diagnostiquée. Autrement dit, la moitié des hypertendus restent non diagnostiqués en 2016.... Si l'on regarde les prescriptions d'antihypertenseurs, on est, globalement, aux mêmes taux. Seuls 46% d'hommes et 50% de femmes hypertendus à l'examen clinique sont sous traitement antihypertenseur. Seule évolution nette par rapport à 2006, la proportion de femmes hypertendues de 65-74 ans sous traitement a nettement régressé, passant de 71% en 2006 à 60% en 2016 ...
Enfin, en 2016, l'HTA diagnostiquée n'est toujours contrôlée que chez 40% des hommes et 60% des femmes.
Il n'y a donc eu malheureusement aucune amélioration ni en termes de diagnostic ni en termes de contrôle tensionnel en population générale en dix ans, malgré les campagnes d'information, de sensibilisation. Si ce n'est une réduction des femmes hypertendues âgées sous traitement médicamenteux. Une constatation qui peut s’expliquer par une augmentation du seuil tensionnel de 140 à 150 mmHg chez le sujet âgé et/ou par une meilleure prise en compte de l’effet blouse blanche que l’on sait maximal dans cette population.
Esteban à la différence de FLASH est une enquête nationale menée sur un échantillon représentatif de la population adulte (18-74 ans) vivant en métropole. Il s'agit d'une enquête d'envergure puisqu'elle porte sur plusieurs aspects de la santé à savoir l’exposition à certaines substances de l'environnement, l'alimentation, activité physique plus certaines maladies chroniques ou facteurs de risque (diabète, allergies, maladies respiratoires, hypertension artérielle, hypercholestérolémie…).
FLASH est, elle, une enquête diligentée chaque année par la SFHTA auprès de sujets recrutés par une agence de sondage, donc auprès de sujets volontaires et non représentatifs de la population française. Focalisée sur l'HTA, elle renseigne néanmoins bien plus précisément sur la prise en charge et les types d'antihypertenseurs.
Pour autant, leurs résultats ne déparent globalement pas (cf article FLASH à venir) en termes de prévalence et proportion de patients traités contrôlés en 2017. Toutefois, la ré-édition annuelle de FLASH permet de suivre de manière plus rapprochée les évolutions qu'Esteban, actualisation à 10 ans de l'enquête ENNS (Etude Nationale Nutrition Santé) menée en 2005. C'est pourquoi en termes d'évolution de la prise en charge, FLASH est bien plus informative à défaut d'être aussi représentative.
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Citer cet article: Pascale Solère. HTA : diagnostic et contrôle tensionnel n'ont pas évolué en 10 ans ! - Medscape - 20 déc 2017.
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