Paris, France -- « Plus le nombre de traitements antihypertenseurs augmente, plus de risque de mauvaise observance immédiate et à long terme existe. Et, plus la liste des médicaments prescrits quotidiennement pour d’autres pathologies chroniques augmente, plus de risque de suspension du traitement antihypertenseur est majoré », analyse le Dr Alexandre Persu (Bruxelles, Belgique) à l’occasion d’une session sur l’observance des 37èmes journées de l’hypertension artérielle [1].
« L’arrêt du traitement antihypertenseur est fréquent dans la première année qui suit l’institution du traitement (35 % des hypertendus) et, en particulier, dans les 3 premiers mois si le sujet est jeune et sans facteur de risque associé. Parmi les facteurs de mauvaise observance du traitement, l’enquête FLASH 2015 menée en France a retenu le sexe masculin, le jeune âge, le nombre de comprimés antihypertenseurs (50 % de compliance si le nombre de médicaments est de plus de 3 et 0 % s’il est de plus de 6), les éventuels traitements préventifs secondaires des maladies cardiovasculaires et le nombre de maladies du métabolisme pour lesquels un traitement médicamenteux est prescrit (diabète, dyslipidémies).
Une consultation d’annonce
« Il est, en effet, parfois complexe de faire prendre en compte l’intérêt d’un traitement préventif et actif à long terme chez des personnes qui ne souffrent pas de symptômes. C’est pour cette raison qu’il est souhaitable, avant de débuter un traitement, de proposer une consultation d’annonce qui permet de répondre aux questions que le patient se pose sur cette maladie silencieuse.
A l’occasion de cette consultation, il est souhaitable d’adopter une attitude empathique, d’écouter le ressenti du patient, voire d’utiliser des techniques d’entretien motivationnel qui permet d’aborder la notion de changement de comportement.
Pour faciliter l’observance, il est souhaitable de simplifier les traitements antihypertenseurs en privilégiant les molécules à prise unique quotidienne aux horaires préférés du patient, les molécules bien tolérées et les associations fixes. Pendant la période d’adaptation au traitement, il est possible de proposer des outils de e-santé pour faire préciser l’observance », continue le Dr Persu.
Il est souhaitable de simplifier les traitements antihypertenseurs en privilégiant les molécules à prise unique quotidienne aux horaires préférés du patient, les molécules bien tolérées et les associations fixes Dr Alexandre Persu
S’appuyer sur des tierces personnes et les données de la carte Vitale
Pour le Dr Jean-Marc Boivin (Nancy), « la visite à domicile était un moyen particulièrement efficace d’apprécier l’observance thérapeutique. Aujourd’hui, avec l’abandon de cette pratique, un recours aux tierces personnes est souvent utile : l’accompagnant en consultation est souvent une source de données plus fiables que l’interrogatoire du patient. Le pharmacien, l’infirmière ou l’aide ménagère sont aussi des personnes de confiance qui peuvent aider à la restitution des informations.
L’analyse de l’historique de la dispensation des antihypertenseurs (contenu de la carte Vitale) est utilisable par les professionnels de santé, à partir de l’espace pro du site Ameli en lisant les données de la carte ».
Des outils de e-santé
Différents outils de e santé ont été mis en place afin d’évaluer – en association avec l’auto-mesure tensionnelle – l’observance des patients aux traitements antihypertenseurs.
Tous ces outils font une part – plus ou moins importante – aux déclarations du patient, et sont fondés sur une confiance mutuelle entre le médecin et le patient.
-EvalObs®, disponible sur Apple Store ou Google Play permet d’évaluer l’observance. Ce test a été mis en place à partir du questionnaire de Girerd, et d’une analyse multivariée en prenant en compte le sexe, les paramètres démographiques, les antécédents médicaux et les moyens thérapeutiques. Cet outil peut être utilisé par les professionnels de santé ou les patients en auto-évaluation. L’analyse des résultats à ce test permet de proposer un dialogue non culpabilisant avec le patient en recherchant des solutions et en renforçant la communication sur les effets positifs et négatifs du traitement. EvalObs® peut permettre de proposer un traitement alternatif si la molécule prescrite initialement n’est pas bien acceptée en raison de ses effets indésirables par le patient ».
-QueObs®, disponible sur Apple Store et Google Play permet de rechercher les cas d’inobservance, est utilisable par les professionnels de santé.
-EcalObs-Pro (à consulter sur www.comitehta.org) a pour finalité d’estimer le risque d’inobservance.
Les 6 questions du questionnaire de Girerd
Le questionnaire de Girerd est un outil simple, utilisable à chaque consultation ou en préparation des consultations.
Si le patient répond non à toutes les questions, il est considéré comme bon observant.
S’il répond oui une ou deux fois il est non observant mineur
S’il répond oui trois fois ou plus, il est non observant.
- Ce matin avez-vous oublié de prendre votre traitement ?
- Depuis la dernière consultation, avez-vous été en panne de traitement ?
- Vous est-il arrivé de ne pas prendre votre traitement parce que, certains jours, vous pensez que votre mémoire vous fait défaut ?
- Vous est-il arrivé de ne pas prendre votre traitement parce que vous avez l’impression qu’il vous fait plus de mal que de bien ?
- Pensez-vous que vous avez trop de comprimés à prendre ?
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Citer cet article: Traitements antihypertenseurs : des outils pour monitorer l’observance - Medscape - 18 déc 2017.
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