Paris, France -- Alors qu’aucune femme n’était admise, il y a encore deux ans, parmi les 8 membres du collège de la Haute Autorité de Santé (HAS), c’est, depuis ce 4 décembre, une femme, le Pr Dominique Le Guludec, qui succède à une autre femme, le Pr Agnès Buzyn, à la tête de l’institution. Elle assurera ainsi la fin du mandat d’Agnès Buzyn, jusqu’en 2023. Cette nomination était attendue, puisque la candidature du Pr Le Guludec avait déjà été proposé au Parlement par Emmanuel Macron. Elle avait ainsi été auditionnée au Sénat le 8 novembre dernier, et a pu décliner son CV. Qui n’est pas sans ressembler à celui de son prédécesseur.
Une cardiologue qui devrait garder une activité de consultation
Comme Agnès Buzyn, Dominique Le Guludec a fait l’essentiel de sa carrière à l’hôpital public, tout en occupant des responsabilités à l’Institut de radioprotection et de sécurité nucléaire (IRSN). « Je suis d’abord et avant tout un médecin de terrain, avec une spécialité comme cardiologue et une spécialité d’imagerie », a notamment déclaré devant les sénateurs la toute nouvelle présidente de la HAS, qui devrait, par ailleurs, conserver une activité de consultation de cardiologie à l’hôpital Bichat.
Ancienne interne des hôpitaux de Paris, « elle a été responsable de l’enseignement de biophysique à la faculté de médecine Paris Diderot entre 1994 et 2011, du module imagerie cœur-poumon au sein de l’Institut national des sciences et techniques nucléaires (INSTN), Saclay, et co-responsable d’une UE du BioMedical imaging master à la Sorbonne Paris Cité. Elle a dirigé le service de médecine nucléaire de Bichat depuis 1993 et a été responsable du pôle imagerie médicale entre 2006 et 2011 », informe la HAS dans un communiqué de presse [1].
Toute sa carrière en zones défavorisées
Actuellement professeur des universités, praticien hospitalier de biophysique et médecine nucléaire à l’hôpital Bichat, Dominique Le Guludec dit avoir « exercé toute sa carrière dans des zones défavorisées du nord de Paris (Avicenne, Beaujon, Bichat) et pu constater les bienfaits de notre système de solidarité français ». Le Pr Le Guludec s’est également impliquée dans la recherche, en créant une équipe Inserm en imagerie multimodalité, et en lançant une expérimentation sur une plate-forme d’imagerie. Présidente du conseil d’administration de l’IRSN depuis 2013, présidente de la commission médicale d’établissement du groupe hospitalier Hôpitaux universitaires Paris-Nord Val-de-Seine (HUPNVS) depuis 2015, Dominique Le Guludec a également été présidente d’une commission de qualification du Conseil national de l’Ordre des médecins, et a siégé au conseil de l’Agence européenne de médecine nucléaire.
Dans la droite lignée du travail entrepris par Agnès Buzyn
Pour ce qui est de ses ambitions pour la HAS, le professeur Dominique Le Guludec s’inscrit dans la droite lignée du travail entrepris par le Pr Agnès Buzyn. « En ce qui concerne les missions d’évaluation des produits de santé, […] nous allons poursuivre et accélérer ce travail », a-t-elle promis devant le Sénat. D’autant que des innovations thérapeutiques majeures sont attendues dans les prochains mois, « qui viennent avec des prix inédits à ce jour » : « thérapies géniques, immunothérapies, biothérapies, et ceci dans tous les domaines, pas seulement celui du cancer, mais aussi l’asthme sévère, la dermatologie, les maladies rhumatismales, inflammatoires… Certaines injections coûtent plus de 500 000 euros la dose », a-t-elle ajouté.
Dans le domaine de l’accréditation, Dominique Le Guludec devrait poursuivre une évaluation de la mortalité par pathologie. « Une expérimentation sera lancée l’an prochain sur la mortalité à un mois après infarctus du myocarde », a-t-elle confirmé devant le Sénat. « Cela permettra de mieux juger, sur des critères durs, de la pertinence des prises en charge et de les améliorer là où elles doivent l’être. » Elle a également rappelé que la construction du référentiel des parcours est une « expérimentation essentielle pour la HAS ».
« Faire plus et mieux »
La HAS, après avoir fusionné avec le comité technique des vaccinations, devrait se rapprocher de l’Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (ANESM). Rebondissant sur l’actualité sanitaire la plus récente, à savoir l’adoption du PLFSS 2018, le professeur Le Guludec a rappelé que la HAS aurait un rôle éminent à jouer dans l’évaluation des innovations organisationnelles que permettra le PLFSS l’an prochain : « l’enjeu pour la HAS consistera à définir une batterie d’indicateurs de résultats, y compris du point de vue du patient. »
Et de conclure : « La médecine aujourd’hui n’a rien à voir avec ce que j’ai connu durant mon internat. Il faut faire plus et mieux et c’est ce qui nous attend comme changement. »
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Citer cet article: Jean-Bernard Gervais. Le Pr Dominique Le Guludec prend la tête de la HAS - Medscape - 11 déc 2017.
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