Sclérose en plaques et grossesse : la prise en charge évolue

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

13 novembre 2017

Dans cet article

Paris, France — Après des décennies d’interdiction, il est aujourd’hui clairement établi que rien ne contre-indique a priori la grossesse chez une femme atteinte de sclérose en plaques (SEP). Cependant, jusqu’ici la quasi-totalité des traitements était déconseillée ce qui posait problème pour les formes de SEP les plus actives. Dans leurs nouvelles recommandations, l’European Committee for Treatment and Research in Multiple Sclerosis (ECTRIMS) et l’European Academy of Neurology (EAN) [1]assouplissent cette position en ouvrant la porte aux traitements pour lesquels les études de registre ou les données post marketing sont rassurantes.

Le congrès international de la sclérose en plaques ECTRIMS/ACTRIMS 2017 qui s’est déroulé à Paris fin octobre, a été l’occasion de dévoiler ces nouvelles recommandations, mais aussi de présenter les dernières données sur l’exposition aux traitements de la SEP pendant la grossesse, notamment sur le natalizumab (Tysabri®, Biogen), l’alemtuzumab (Lemtrada®, Genzyme) et le tériflunomide (Aubagio®, Sanofi-Aventis)[2].

1. Nouvelles recommandations européennes

Les premières recommandations européennes officialisent deux changements majeurs de la prise en charge de la grossesse chez les femmes atteintes de SEP. D’une part, elles indiquent qu’il n’est pas forcément nécessaire d’arrêter tous les traitements dès le projet de grossesse et d’autre part, qu’il peut être envisagé de continuer certains traitements pendant la grossesse en cas de SEP active ou très active.

SEP : recommandations sur la situation particulière de la grossesse

 

Recommandation 18 : Informer les femmes en âge de procréer que les médicaments de la SEP ne sont pas indiqués pendant la grossesse, excepté l’acétate de glatiramère (Consensus d’experts).

Recommandation 19 : Si une femme a un projet de grossesse et qu’il existe un risque élevé de réactivation de la maladie, l’interféron et l’acétate de glatiramère peuvent être proposés. Dans des cas très spécifiques (maladie active), continuer le traitement utilisé pendant la grossesse peut également être envisagé (Recommandation faible).

Recommandation 20 : Chez les femmes avec une maladie hautement active et persistante, il sera généralement recommandé de reporter la grossesse. Pour celles qui décident tout de même de faire un enfant ou qui ont une grossesse imprévue, un traitement par natalizumab pendant la grossesse peut être envisagé après une discussion sur les risques potentiels. Autre alternative : dans le cas de maladies très actives et si la grossesse est planifiée, l’alemtuzumab peut être proposé si un intervalle de 4 mois est strictement observé entre la dernière perfusion et la conception (Recommandation faible).

Pr Patrick Vermersch

« Il y a eu tellement d’enfants qui ont été conçus sous interféron ou acétate de glatiramère que la prise du médicament est désormais autorisée jusqu’à ce que la grossesse soit déclarée. Il s’agit d’une avancée notable. Aussi, ces recommandations suggèrent que, selon le rapport bénéfice-risque, le traitement peut être continué. Il s’agit d’une discussion au cas par cas. Parfois, l’arrêt des traitements entraîne des effets rebonds qui repoussent trop le projet de grossesse. C’est le cas du natalizumab notamment. Du coup, dans la vraie vie, il est parfois continué jusqu’à la 28ème semaine. Il est ensuite arrêté parce qu’il a été associé à quelques risques hématologiques à la naissance », a commenté le Pr Patrick Vermersch (CHRU de Lille) pour Medscape édition française.

 
Ces recommandations suggèrent que, selon le rapport bénéfice-risque, le traitement peut être continué Pr Patrick Vermersch
 

Commenter

3090D553-9492-4563-8681-AD288FA52ACE
Les commentaires peuvent être sujets à modération. Veuillez consulter les Conditions d'utilisation du forum.

Traitement....