Paris, France — Présentée en late-breaking lors du congrès ECTRIMS 2017 (7th Joint ECTRIMS-ACTRIMS meeting), la partie B de l’étude RADIANCE conclut à la supériorité de l’ozanimod (laboratoire Celgene) sur l’interféron β-1a (Avonex®) dans la SEP rémittente-récurrente [1].
Cette partie B est une phase 3, évaluant ce nouvel immunomodulateur oral par rapport à un comparateur actif.
Rappelons que la partie A était une phase 2, menée contre placebo. Publiée en 2016 dans le Lancet Neurology , elle concluait que « l’ozanimod réduit significativement l’activité des lésions à l’IRM chez les participants atteints de SEP rémittente-récurrente, avec un profil de sécurité favorable sur 24 semaines ».
Par rapport au fingolimod (Gilenya®, Novartis), l’ozanimod revendique une sélectivité vis-à-vis des deux sous-types de récepteurs S1P1 et S1P5. Outre la SEP, les modulateurs du S1P sont évalués dans les MICI.
RADIANCE partie B est une étude multicentrique, menée dans 21 pays chez des patients atteints de SEP intermittente-récurrente, âgés de 18 à 55 ans (35 ans en moyenne), ayant fait au moins une rechute dans l’année précédente, ou au moins une rechute dans les 2 années précédentes, avec diagnostic d’au moins une lésion par IRM au gadolinium dans l’année précédente.
Le score EDSS (Expanded Diasability Status Scale) était compris entre 0 et 5 (moyenne à 2,5), et l’effectif comportait 70% de patients naïfs.
On note des critères d’exclusion cardiologiques (antécédents d’IDM, d’AVC, de QT long, ou fréquence cardiaque < 55 bpm), et diabétologiques (DT1, DT2 avec HbA1c > 7%).
Moins de récurrence et d’atrophie cérébrale
Ces patients ont été randomisés en trois groupes, traités pour une durée de 24 mois par interféron β-1a, 30 mg en IM toutes les semaines (n=441), ozanimod oral 0,5 mg/j (n=439) ou 1 mg/j (n=433).
Le critère primaire était le taux annualisé de récurrence à 2 ans. Après ajustements, ces taux sont de 0,276 pour l’interféron, 0,218 et 0,172 pour l’ozamimod 0,5 et 1 mg, soit des réductions de 21% (p=0,0167) et 38% (p<0,0001) respectivement par rapport à l’interféron.
L’atrophie cérébrale est par ailleurs significativement moindre avec l’ozanimod qu’avec l’interféron (sans écart significatif entre les deux doses d’ozanimod, malgré une très discrète tendance en faveur de la forte dose). Les écarts en faveur de l’ozanimod par rapport à l’interféron sont de 25-27% pour le volume cérébral, 57-58% pour la matière grise corticale, et 30-32% pour le volume thalamique.
Enfin, la progression du handicap confirmée sur 3 mois, n’est pas significativement retardée par l’ozanimod par rapport à l’interféron.
Le Pr Jeffrey A. Cohen (Cleveland Clinic, Etats-Unis) qui présentait l’étude, a insisté sur le petit nombre d’évènements enregistrés dans l’étude. Une analyse poolée avec les données de l’étude SUNBEAM (n=1346) ne permet pas de faire ressortir d’avantage significatif de l’ozanimod, malgré une tendance favorable.
Données de sécurité CV rassurantes à 24 mois
En ce qui concerne les effets secondaires, on en compte globalement moins avec l’ozanimod (83% vs 74,5%), mais les effets secondaires sévères sont équivalents (4,3% avec l’interféron vs. 4,3% et 3,5% avec l’ozanimod 0,5 et 1 mg). Les taux d’arrêts de traitement pour effet secondaire sévère sont de 4,1, 3,2 et 3 %.
On note la fréquence importante, et attendue des syndromes pseudo-grippaux avec l’interféron (49% vs 6%). Les taux de rhinopharyngites et de pharyngites, d’élévation de ALAT et gamma-GT, d’HTA et d’infections des voies urinaires sont eux, supérieurs de quelques pourcents dans l’un au moins des groupes ozanimod. Les taux d’infections, et d’infections sévères ne diffèrent cependant pas d’un traitement à l’autre.
« L’élévation des ALAT était transitoire, et généralement résolue par l’interruption du traitement », a relevé le Pr Cohen.
Enfin, sur le plan cardiovasculaire, on observe des bradycardies plus fréquentes et plus sévères sous ozanimod, mais pas plus d’évènements CV, au demeurant peu fréquents (0,5%, 0,7%, et 0%). Aucun bloc AV > 2ème degré n’a été rapporté.
« Les deux doses d’ozanimod ont fait preuve de leur supériorité sur l’interféron sur le taux annualisé de récurrences et les critères IRM », a souligné le Pr Cohen, en notant qu’une relation dose-réponse était montrée ou suggérée par les résultats.
« Ces résultats d’efficacité et de sécurité montrent un profil bénéfice/risque favorable de l’ozanimod dans la SEP récurrente-rémittente », a-t-il conclu.
La question d’une comparaison fingolimod-ozanimod va donc vraisemblablement se poser.
L’étude RADIANCE a été financée par Celgene. Le Pr Cohen a déclaré des activités de consultant pour Adamas, Celgene, et une activité de co-éditeur du Multiple Sclerosis Journal. |
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Citer cet article: SEP rémittente-récurrente : l’ozanimod supérieur à l’interféron β-1a dans RADIANCE - Medscape - 2 nov 2017.
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