Nette supériorité du fingolimod sur l’interféron dans la SEP pédiatrique

Vincent Bargoin

Auteurs et déclarations

31 octobre 2017

Paris, France  —PARADIGMS, la première étude randomisée complétée dans la sclérose en plaques pédiatrique, vient d’être présentée en session de late-breaking à Paris, au congrès ECTRIMS 2017 (7th Joint ECTRIMS-ACTRIMS meeting) [1].

Cette étude comparait le fingolimod (Gilenya®, Novartis) à l’interféron β-1a (Rebif®, Merck Serono) chez 215 patients âgés de 10 à 18 ans.

Les résultats sont très clairement en faveur du fingolimod en termes de rechutes à 2 ans, réduites de plus de 80% par rapport à l’interféron, de progression à l’imagerie, et de non progression du handicap.

Vers un traitement oral beaucoup plus efficace

Interviewé par Medscape France, le Pr Marc Tardieu (Centre national de référence des maladies neuro-inflammatoires de l’enfant, Bicêtre), co-auteur de l’étude, insiste sur deux messages.

Premièrement, « tous les enfants doivent être traités dès la première poussée. Il faut donc faire le diagnostic, et le cas échéant, face à des signes aigus, penser à adresser un jeune patient au centre de référence de Bicêtre, ou à un CHU ».

« Deuxièmement, à très court terme, on ne pratiquera plus d’injections d’interféron. Le fingolimod est très supérieur, le dossier sera très vraisemblablement déposé aux agences dans quelques semaines. On passera donc à un traitement oral plus efficace ».

La sclérose en plaques pédiatrique se définit par l’apparition de symptômes avant 18 ans. Il s’agit d’une maladie rare : « En France, on observe une quinzaine de nouveaux cas par an », indique le Pr Tardieu, qui ajoute que l’on s’est beaucoup penché sur cette fréquence lors de la polémique sur le vaccin contre le VHB, et qu’elle est stable.

 

Le Pr Tanuja Chtinis (Harvard Medical School, Boston) indique pour sa part que 3 à 5% des patients atteints de SEP ont vu apparaitre leurs premiers symptômes avant l’âge de 18 ans, et que les recommandations de traitements sont pour le moment basées sur des études en ouvert.

Réduction des rechutes de 82% à 2 ans

L’étude PARADIGMS est une étude multicentrique internationale, menée chez 215 patients âgés d’au moins 10 ans et de moins de 18 ans (15 ans en moyenne), traités de manière randomisée par fingolimod oral (0,25-0,5 mg) et injection placebo, ou par interféron IM (30µg) et placebo oral.

Le groupe fingolimod comportait 65% de jeunes patientes, le groupe interféron, 60%. On compte 60-65% de patients naïfs à l’entrée dans l’étude. Tous ces patients étaient diagnostiqués depuis deux ans environ, et avaient connu une rechute dans l’année précédente, ou deux rechutes dans les deux années précédentes, ou encore, présentaient une lésion visible à l’IRM (T1+gadolinium) 6 mois avant la randomisation. 

Les SEP progressives et les autres maladies démyélinisantes étaient exclues.

A 24 mois, les taux annualisés de rechute confirmée, en données ajustées, sont de 0,12 (0,078-0,192) dans le groupe fingolimod, vs. 0,67 (0,515- 0,885) dans le groupe interféron, soit une réduction de 81,9% (p<0,001).

La première rechute est significativement retardée (p<0,001). A 24 mois, 85,7% des patients du groupe fingolimod n’avaient pas connu de rechute, contre 38,8% des patients sous interféron. (25 rechutes pour 180 année.patients ont été observées dans le groupe fingolimod, contre 120 pour 163 année.patients dans le groupe interféron).

Moins de nouvelles lésions

En ce qui concerne les lésions, une réduction de 52,6% (p<0,001) du taux annualisé de nouvelles lésions ou de progression des lésions est rapportée à l’IRM (en T2), et une réduction de 66% (p<0,001) des lésions visibles en T1 au gadolinium.

Enfin, en analyse post-hoc, la progression du handicap confirmée à 3 mois est significativement retardée. A deux ans, dans le groupe fingolimod, 95,2% des patients n’avaient pas progressé, contre 84,7% sous interféron.

L’enjeu de la sécurité à long terme

En ce qui concerne les effets secondaires, on en trouve globalement davantage sous interféron, mais les effets secondaires sévères sont plus fréquents avec le fingolimod (17,8 vs. 9,3%).

Parmi les évènements indésirables sévères que l’on n’observe que sous fingolimod, on trouve 2 leucopénies (sur 107 patients) 1 agranulocytose, 1 bloc auriculo-ventriculaire de 2ème degré, des crises épileptiques chez 2 patients, une épilepsie chez 1 patient, des crises tonico-cloniques généralisées chez 1 patient.

Toutefois, 92,5% des patients sous fingolimod ont achevé le traitement prévu dans l’étude, contre 75% des patients du groupe interféron.

« Le profil de sécurité du fingolimod est cohérent avec les données des essais cliniques chez l’adulte », a noté le Pr Chitnis.

La question de la sécurité du traitement est évidemment importante. L’étude PARADIGMS prévoit une extension de 5 ans, durant lesquels les patients, traités en ouvert par fingolimod, seront suivis.

Dans un monde idéal, un registre de sécurité devrait être ouvert. Le Pr Tardieu prévient toutefois qu’une cohorte prospective sur 20 ans est d’une part difficile à mettre en place (la « jonction des données enfant-adulte », notamment), et d’autre part, coûteuse.    

 

L’étude PARADIGMS a été financée par Novartis.

Pr Tardieu fait partie des conseillers scientifiques de Novartis et de Sanofi.

 

 

 

 

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