La rapidité des avancées dans le domaine du traitement du cancer, qu’il s’agisse de nouvelles classes thérapeutiques, de nouveaux produits ou bien encore de nouvelles combinaisons et protocoles de prise en charge, font que des effets indésirables encore jamais observés sont susceptibles de survenir. On le sait, il n’y a pas de médicament actif sans effet indésirable, tout est question de balance bénéfice/risque. Et les traitements du cancer destinés à détruire les cellules cancéreuses sont particulièrement agressifs. Les chimiothérapies conventionnelles sont toujours aussi toxiques mais on sait aujourd’hui mieux les administrer et gérer les vomissements, la chute des cheveux, les neutropénies… Chaque nouvel agent anticancéreux a son lot d’effets indésirables que les équipes spécialisées en oncologie apprennent à surveiller pour adapter le traitement si besoin plutôt que de devoir l’interrompre (ce qui pourrait être une perte de chance), mais aussi pour éviter un événement grave.
Mais si les centres français de cancérologie disposent d’un haut niveau de connaissances de ces effets secondaires et de leur gestion, il n’en va pas de même pour les médecins généralistes, qui bien souvent, notamment le soir et le week-end, faute de pouvoir entrer en contact avec un oncologue « sachant », adressent le patient cancéreux fébrile ou diarrhéique aux urgences.
Outre les chimiothérapies et traitement ciblés comme les inhibiteurs de tyrosine kinase, l’arrivée des immunothérapies du cancer, dont le principe est de redonner la possibilité aux cellules immunitaires de l’organisme de détruire les cellules cancéreuses, s’est accompagnée de l’apparition de nouveaux effets indésirables liés à la surstimulation du système immunitaire. La toxicité des inhibiteurs de checkpoint est différente de celle des chimiothérapies. Leurs effets indésirables sont fréquents et ils peuvent survenir de manière retardée (vitiligo, colite, thyroïdites, hypopituitarisme….).
Et après s’être familiarisé avec les effets indésirables des inhibiteurs de checkpoint, il faudra probablement apprendre à gérer ceux des futures thérapies par lymphocytes T autologues génétiquement modifiés, les fameuses cellules CAR T dont on attend beaucoup. On sait déjà que ces lymphocytes CAR T pourront rester longtemps dans l’organisme et devront faire l’objet d’une surveillance rapprochée.
Si l’on ajoute au tableau l’augmentation du nombre de patients cancéreux, la tendance aux soins ambulatoires et l’augmentation du nombre de traitements oraux du cancer, on voit que la question de la surveillance des patients cancéreux à domicile est plus que jamais d’actualité.
Vers une formation des généralistes en oncologie ?
Selon une récente enquête de la Drees menées auprès des médecins généralistes (1.200 praticiens interrogés entre décembre 2015 et mars 2016), près d’un patient cancéreux sur 2 fait appel à son généraliste durant les soins du cancer alors qu’un tiers d’entre eux n’a suivi aucune formation complémentaire en lien avec la cancérologie. Les deux tiers éprouvent des difficultés pour gérer les effets indésirables des traitements ou prendre en charge les séquelles du cancer. Le manque de transmission d’information en provenance des hôpitaux ou des médecins spécialistes dans les délais utiles est souvent évoqué comme une source de difficultés. Ainsi, au moment de l’annonce du diagnostic, seuls 31 % des médecins disposent d’une information complète sur la pathologie de leurs patients (recommandée par le plan Cancer).
De même, en dépit des recommandations, plus de 20 % des généralistes, faute de pouvoir contacter facilement l’oncologue référent, choisissent d’adresser aux urgences un patient immunodéprimé déclarant une fièvre élevée pendant le week-end.
Plus que jamais, une véritable collaboration entre les centres d’oncologie et les médecins de ville s’impose comme le garant du maintien de la qualité des soins pour les patients cancéreux, notamment du fait des effets indésirables inhérents aux avancées thérapeutiques.
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Citer cet article: Nouveaux traitements du cancer, nouvelles toxicités - Medscape - 27 oct 2017.
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