Paris, France — Le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) vient de présenter son Atlas médical de la démocratie médicale en 2017, aux premiers résultats en apparence trompeurs. Si les effectifs médicaux en France ont augmenté de 1,8% entre 2016 et 2017, pour atteindre le chiffre inégalé de 290 974 médecins, le nombre de médecins en activité régulière, à plein temps est en retrait, tout comme celui des médecins généralistes a baissé. Seul le nombre de spécialistes est en augmentation constante en 10 ans.
Des chiffres à relativiser
Au 1er janvier 2017, les effectifs médicaux en France ont augmenté de 1,8% entre 2016 et 2017, pour atteindre le chiffre inégalé de 290 974 médecins. Si l’on considère la période 2007/2017, les effectifs ont cru de 15%. Mais ces chiffres sont à relativiser. De fait, en l’espace de dix ans, le nombre de médecins en activité totale stagne (215 941), tandis que le nombre de médecins retraités, qu’ils soient en activité ou pas, a augmenté de 93,6% (75033). En l’espace d’un an, le nombre de médecins en activité régulière s’est en fait stabilisé, à 215 941 médecins, soit une hausse de 0,8%. Le nombre de médecins retraités actifs a été multiplié par six en l’espace de dix ans, pour s’établir à 16 853 médecins.
Baisse du nombre de médecins en activité régulière
Si l’on retranche les médecins remplaçants ou temporairement sans activité, on obtient le nombre de médecins en activité régulière, à plein temps. Ils sont 197 859 médecins, soit en retrait de 0,5% sur dix ans.
Ils sont 197 859 médecins en activité régulière, à plein temps.
En baisse
Les plus fortes baisses de médecins en activité régulière sont enregistrés dans les départements de la Creuse (-20%), l’Indre (-19%), la Nièvre (-18%) le Cher (-18%), la Haute Marne (-18%), la Yonne (-17%).
En hausse
A contrario, les plus fortes hausses d’effectifs de médecins en activité régulière se rencontrent dans les départements de la Loire-Atlantique (+14%), de la Haute-Savoie (+14%), et de la Savoie (+13%).
Médecine générale en berne
La spécialité qui pâtit le plus de cette baisse des effectifs semble être la médecine générale. Le nombre de généralistes est de 88 137 soit une baisse de 9,1% depuis 2007. La première région la plus impactée, avec une baisse de 30% en dix ans, est la Bretagne, suivie par l’Occitanie (-18,3%) et l’Ile-de-France (-15,5%). Département par département, c’est la Nièvre qui enregistre la plus forte baisse (-27%) suivi par Paris (-25%).
Spécialité en croissance
A contrario, la population des autres spécialités médicales ne cesse de croitre. L’Ordre recense 84 862 médecins spécialistes médicaux, soit une augmentation de 7,2% en dix ans. Seules les régions PACA et Corse enregistrent une baisse de leurs effectifs.
Idem pour les spécialités chirurgicales, en hausse de 9,6% sur dix ans, soit 24 287 chirurgiens en 2017. Sur la période 2010/2017, toutes les régions enregistrent une hausse du nombre de spécialistes chirurgicaux, de +2,6% (Ile-de-France) à +42,9% (Mayotte). Mais ce sont les départements ruraux qui enregistrent les plus fortes hausses : +17% dans les Vosges, +21,9% dans le Tarn et Garonne, +25,3% en Ardèche, et +30% dans la Meuse.
Paris, le département le plus doté
En terme de densité médicale, la moyenne s’établit à 330,7 médecins pour 100 000 habitants, avec un minimum à Mayotte de 133,1 médecins pour 100 000 habitants, et un maximum dans la région PACA avec 353,2 médecins pour 100 000 habitants.
Avec une densité médicale de 681,2 médecins pour 100 000 habitants, le département de Paris est 5,1 fois plus doté que le département de Mayotte. Il détient la plus forte densité médicale en France.
Vieillissement de la population médicale et salariat
La population médicale vieillit : l’âge moyen des médecins en activité régulière est de 51,2 ans contre 50 ans en 2007. Le nombre de médecins de moins de 40 ans est de 20% contre 28% de médecins de plus de 60 ans, en âge de prendre leur retraite. Parallèlement la population médicale se féminise : les femmes représentent 47% des médecins en activité régulière, contre 38% en 2007.
Aussi les médecins sont de plus en plus salariés : 42,8% des médecins actifs réguliers exercent en libéral exclusif soit 10,5% de moins qu’en 2007. Les mixtes représentent 10,7% de l’ensemble des actifs réguliers et ont augmenté de 9,7% sur la période 2007/2017. Les salariés représentent 46,5% des médecins en activité régulière. Les effectifs ont augmenté de 10,7% durant la dernière décennie.
À noter des écarts significatifs territoriaux entre les départements à faible densité comme l’Eure et l’Ain qui recensent respectivement 66 médecins salariés/100 000habitants et 67,3/100 000 contrairement aux départements du Val-de-Marne (208,1 médecins pour 100 000 habitants) et de Paris (411 médecins pour 100 000 habitants) qui enregistrent les plus fortes densités.
Médecins étrangers en augmentation constante
Parallèlement à la publication de cet atlas, le CNOM rend publique une étude sur les flux migratoires des médecins étrangers. Le CNOM constate une augmentation constante du nombre de médecins étrangers en activité régulière depuis dix ans.
En 2017, ils étaient 22 619, représentant 11% de l’activité régulière. 45% d’entre eux sont originaires de l’Union européenne, et ils sont en majorité salariés, à 62%.
« Le numerus clausus a toujours été établi sans prendre en compte l'arrivée en France de ces médecins à diplôme étranger. Il est aujourd'hui impératif de le faire, en mettant à profit ces données nouvelles, afin que la régulation de l'entrée dans les études médicales en France soit mieux corrélée aux besoins réels des territoires », pense le CNOM.
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Citer cet article: Jean-Bernard Gervais. Atlas du CNOM 2017 : toujours moins de généralistes et plus de spécialistes - Medscape - 25 oct 2017.
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