Vaccination antigrippale en pharmacie : déjà 27 000 personnes, gros succès

Jean-Bernard Gervais

Auteurs et déclarations

24 octobre 2017

Mise à jour le 24 octobre 2017- Pour la ministre de la santé Agnès Buzyn, la vaccination en pharmacie bénéficie « d’un élan extraordinaire », a-t- elle déclaré sur les ondes de RTL ce 22 octobre. 27 000 personnes âgées de plus de 65 ans ont été vaccinées depuis le lancement de cette expérimentation dans les pharmacies, soit 26 958 vaccinations pratiquées dans 2562 pharmacies, dans les régions Rhône-Alpes et Aquitaine. En revanche la ministre a regretté le faible taux de vaccination des personnels de santé, sans avancer de chiffres.

Paris, France — Médecins et infirmiers ne seront plus les seuls à avoir l’autorisation de vacciner : les pharmaciens désormais les concurrencent. Une expérimentation de vaccination contre la grippe a débuté dans les régions Rhône-Alpes et Nouvelle Aquitaine depuis le 6 octobre. Quelque 3000 pharmacies sont concernées, pour une population de 11 millions d’habitants, et ce, pour une durée de trois ans. Comme dans d’autres pays, la France devrait, en autorisant les pharmaciens à vacciner, améliorer sa couverture vaccinale – qui demeure en dessous de 50% pour la grippe saisonnière.

Uniquement les plus de 65 ans

Ce n’est, ni plus ni moins, que la mise en application d’une mesure du PLFSS 2017, détaillée dans un décret et un arrêté, publiés en mai dernier. Outre les conditions de vaccination, le décret fixe le prix de l’acte de vaccination, 4,50 euros, et 6,30 euros pour les personnes vaccinées bénéficiaires d’un bon de prise en charge. Les pharmacies participant à cette expérimentation reçoivent également la somme forfaitaire de 100 euros. Le décret, quant à lui, définit les deux régions expérimentatrices cette année de la vaccination en officine contre la grippe. Il décrit les personnes vaccinables contre la grippe, à savoir « les personnes adultes âgées de 18 ans et plus, ciblées par les recommandations vaccinales […] à l’exception des femmes enceintes et des personnes qui n’ont jamais été vaccinées contre la grippe ». Il s’agit donc, cette année, uniquement des personnes de plus de 65 ans. Une plate-forme de l’ordre des pharmaciens est par ailleurs mise à la disposition des pharmaciens qui souhaiteraient se lancer dans cette expérimentation. Le pharmacien volontaire, qui souhaite s’engager dans cette démarche, doit réunir plusieurs conditions. Il doit disposer de « locaux adaptés », réunir « le matériel nécessaire », et, bien sûr, disposer de vaccins en quantité suffisante.

Ce qui motivent les pharmaciens

Quelles sont les motivations des pharmaciens qui s’engagent dans cette expérimentation ? «Nous avons décidé de nous insérer dans l’expérimentation parce qu’à la suite de la médiatisation de ce projet l’an dernier, nous avons eu des demandes, et parce que le pays accuse un tel retard en termes de couverture vaccinale contre la grippe que franchement, si on peut y contribuer, on est pour », explique à l’AFP une pharmacienne de Flavignac, en région Nouvelle Aquitaine. Mais des problèmes se posent, pour qu’un plus grand nombre de pharmaciens puissent participer à cette expérimentation : « Il n’y a qu’un titulaire ici, et il y a un problème de place, nous ne pouvons pas avoir une place dédiée », se désole Isabelle Quincy, pharmacienne à Bordeaux. Les pharmaciens interviewés regrettent aussi de ne pouvoir vacciner qu’une partie de la population, à savoir les plus de 65 ans. « C’est dommages car les gens qui pourraient être attirés par cette formule, ceux qui n’ont pas le temps d’aller chez le médecin, ne peuvent être vaccinés en pharmacie », considère un pharmacien de la région bordelaise. D’autres pharmaciens refusent de participer à cette expérimentation, pour ne pas faire de la concurrence aux médecins et infirmiers : « Je n’apprécierai pas que les médecins vendent des vaccins », fait remarquer une pharmacienne de Bordeaux.

 
Le pays accuse un tel retard en termes de couverture vaccinale contre la grippe que franchement, si on peut y contribuer, on est pour Pharmacienne de Flavignac
 

Vaccination par les pharmaciens : une fausse bonne idée ?

De son côté, le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil) regrette que les infirmiers n’aient jamais « bénéficié d’une campagne de communication aussi forte pour informer les patients de leur savoir-faire ». Depuis 2008, les infirmiers libéraux assurent la vaccination antigrippale des personnes âgées de plus de 65 ans, ou souffrant de certaines pathologies. Depuis 2011, les infirmiers peuvent également vacciner les patients déjà vaccinés

Pour la confédération des syndicats médicaux français (CSMF), « c’est en développant la prévention et les missions de santé publique du médecin traitant, dans le cadre du colloque singulier et de la confiance dans la relation médecin-patient, qu’on parviendra à améliorer la couverture vaccinale. Il faut recentrer la vaccination sur le médecin traitant via des consultations dédiées à la prévention à des âges ciblés ». Selon eux, la vaccination par les pharmaciens est une fausse bonne idée : « Si les pharmaciens vaccinent des patients, comment leurs médecins seront-ils au courant alors que le dossier médical partagé n’existe pas ? Donnons plutôt un stock de vaccins aux médecins, en liaison avec leur pharmacien de proximité. »

 
Si les pharmaciens vaccinent des patients, comment leurs médecins seront-ils au courant alors que le dossier médical partagé n’existe pas ? CSMF
 

 

 

 

 

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