Congrès ERS : focus sur les maladies liées à la pollution

Dr Colas Tcherakian

Auteurs et déclarations

11 octobre 2017

TRANSCRIPTION

Bonjour à tous. Je suis le Dr Colas Tcherakian, pneumologue, et je suis ravi de vous retrouver pour faire un point sur les éléments qui me semblaient essentiels au cours de ce dernier congrès de l’European Respiratory Society (ERS) 2017.

L’ERS est le lieu où l’on voit souvent apparaître ce qui va impacter la recherche et la production clinique des années à venir pour les pneumologues et il est toujours intéressant de voir ce qui est dans l’air du temps. Et puisqu’on parle d’air, clairement, ce qui me semble, aujourd’hui, ressortir de cet ERS 2017, c’est la pollution. Elle me semble effectivement la grande gagnante de l’intérêt des pneumologues pour cette année. La pollution se déclinait sous plusieurs formes – évidemment, il y a notre pollution extérieure, celle que l’on connaît bien et qui fait fréquemment la Une des médias, mais il y a aussi cette pollution intérieure, dont je vous parle souvent, qui est en fait extrêmement toxique. Cette année était l’occasion de parler de la pollution professionnelle, également — une pollution qui n’est pas encore assez mise en avant sur le potentiel toxique dans certaines professions. Et puis, je voulais dire un mot sur une quatrième forme de pollution, une sorte de pollution volontaire qui est celle liée au vapotage.

La pollution extérieure

La pollution extérieure a fait l’objet de communications, dont une a retenu l’attention, celle de Lucile Sese à propos de l’impact de la pollution sur les exacerbations de fibroses[1]. La pollution extérieure a été démontrée comme étant un facteur irritant et pouvant potentiellement augmenter le nombre de passages aux urgences chez les gens qui ont des maladies respiratoires sous-jacentes comme, par exemple l’asthme. Cette fois-ci, c’est dans l’exacerbation de la fibrose pulmonaire, une autre maladie respiratoire, qu’on mettait en évidence l’impact de cette pollution. Je vous rappelle qu’il y a quelques années, les pneumologues avaient montré que lorsqu’on faisait une transplantation pulmonaire et que le patient vivait à proximité d’un axe routier, le risque de rejet était plus important, démontrant encore une fois l’impact de la pollution sur l’immunité pulmonaire. [2,3]

La pollution professionnelle

On sait depuis de nombreuses années que certaines professions, comme par exemple celles des gens qui ont une activité ménagère avec les produits de nettoyage, augmentent le risque d’exacerbation d’asthme, ou aggravent l’asthme, voire clairement développent un asthme dans les suites de l’utilisation de ces produits, surtout quand c’est régulier, dans le cadre d’une profession. Cette fois-ci on s’intéressait aux infirmières qui manipulent beaucoup de produits désinfectants contenant par exemple des ammoniums quaternaires, qui sont assez toxiques, et on montrait que ces infirmières développaient des maladies respiratoires chroniques obstructives — alors est-ce que ce sont des asthmes fixés? Est-ce que ce sont des BPCO ? On pourrait en débattre, mais en tout cas, clairement, la profession, par le biais de l’utilisation d’un certain nombre de produits, expose au risque de développer des maladies respiratoires chroniques et c’est quelque chose qu’il faudra probablement prendre en compte dans l’aménagement de la profession et la protection du travailleur. [4,5]

Pour rappel, la pollution intérieure est présente certes avec tous les produits qu’on peut apporter à la maison, comme les fameuses huiles essentielles et autres produits assainissants, qui sont plus dangereux qu’autre chose, mais l’utilisation de certains acaricides, sous forme d’insecticides, est également toxique.

Le vapotage

Le dernier point qu’il me semble nécessaire d’aborder, parce que cela fait toujours couler beaucoup d’encre et qu’il y a toujours des pourfendeurs et des défenseurs — c’est la cigarette électronique. Aujourd’hui, ce qui ressort présentation après présentation, c’est l’échec de la cigarette électronique dans la réussite du sevrage tabagique. Cela ne veut pas dire que c’est inutile pour tout le monde — cela veut dire qu’à large échelle, cela ne démontre pas une efficacité suffisante pour que ce soit un mode de sevrage conseillé. On reconnaît quand même qu’il y a, évidemment, des cas particuliers avec des personnes qui arrêtent de fumer à l’aide de la cigarette électronique, tout comme certains ont arrêté avec l’hypnose, l’auriculothérapie etc. ce qui ne veut pas dire que ce sont des méthodes pour lesquelles on va dire que de l’efficacité est démontrée. À l’inverse des méthodes que je viens de citer, la cigarette électronique reste quelque chose de potentiellement toxique — irritant bronchique — et à l’heure où on parle tant de la pollution extérieure et de la pollution intérieure, il ne me semble pas raisonnable de rajouter une pollution volontaire par l’inhalation de toute sorte de produits liés à la cigarette électronique. Vous aurez donc conclu que je ne suis pas dans les défenseurs de la cigarette électronique, mais il est toujours l’occasion d’en discuter.

Je vous remercie et j’espère vous retrouver pour faire un point sur le prochain congrès.

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