Milan, Italie — Selon deux études présentées au congrès de l’European Respiratory Society, le mepolizumab, un anticorps anti interleukine-5, pourrait réduire les exacerbations chez les patients atteints de BPCO à éosinophiles, et déjà sous trithérapie inhalée. Cette réduction pourrait atteindre 20% ; elle est donc modeste. L’efficacité du traitement semble cependant supérieure lorsque le taux d’éosinophiles est très élevé.
Ces deux études font l’objet d’une publication dans le New England Journal of Medicine[1].
Rappelons qu’en 2015, un autre anticorps anti-IL5, le reslizumab, avait fait preuve d’une efficacité très significative dans l’asthme hyperéosinophilique non-contrôlé d'apparition tardive, en réduisant les exacerbations de 75% par rapport au placebo. L’anticorps est aujourd’hui indiqué dans l’asthme sévère aux Etats-Unis. En France, il a été rediscuté par la Commission de la Transparence le 19 juillet dernier.
S’agissant maintenant du mepolizumab dans la BPCO, « globalement, les effets sont modestes. La stratification la population selon les paramètres sanguins [le taux de neutrophiles] permet toutefois d’identifier un groupe de sujets particulièrement répondeurs », a déclaré le Pr Ian Pavord (Oxford University) dans Medscape International. On sera toutefois prudent sur cette notion, le résultat provenant de ce qui n’est rien moins qu’une méta-analyse en sous-groupes.
Une bonne nouvelle cependant : en termes d’effets indésirables, et pour un an de traitement et prolongé par deux mois de suivi supplémentaires, l’anticorps ne se distingue pas du placebo.
METREX et METREO
L’étude METREX (Mepolizumab vs. Placebo as Add-on Treatment for Frequently Exacerbating COPD Patients) est une étude d’efficacité et de sécurité du mepolizumab, menée chez 836 patients, dont 462 présentaient > 150 éosinophiles/mm3 à l’inclusion, ou avaient présenté au moins une fois > 300 éosinophiles/mm3 dans l’année passée.
L’étude METREO (Mepolizumab vs. Placebo as Add-on Treatment for Frequently Exacerbating COPD Patients Characterized by Eosinophil Level) est une étude de doses, menée chez 674 patients, qui présentaient tous une BPCO à éosinophiles (> 150 éosinophiles/mm3 à l’inclusion).
Dans les deux études, les patients avaient connu au moins deux épisodes d’exacerbation modérée (corticothérapie systémique et/ou antibiothérapie) ou un épisode sévère (hospitalisation) dans l’année écoulée, alors qu’ils étaient traités par trithérapie inhalée (corticoïde inhalé, β2 agoniste à longue durée d’action, antagoniste muscarinique à longue durée d’action).
Le mepolizumab (versus placebo) était administré en SC, une fois toutes les quatre semaines durant un an, à la dose de 100 mg dans METREX (randomisation 1 :1), et aux doses de 100 ou 300 mg dans METREO (randomisation 1 :1 :1).
Le critère primaire était le taux annuel d’exacerbations.
Dans METREX, chez les 462 patients présentant une BPCO à éosinophiles, le taux constaté est de 1,40 exacerbation/an dans le groupe recevant l’anticorps vs. 1,71 dans le groupe placebo (RR=0,82 ; IC95%[0,68-0,98] ; p ajusté =0,04).
Dans la population globale (n=836), les taux d’exacerbations sont de 1,49 vs. 1,52/an, écart non significatif.
Dans METREO, les taux d’exacerbations sont de 1,19/an dans le groupe 100 mg, 1,27/an dans le groupe 300 mg et 1,49/an dans le groupe placebo. Les tendances sont en faveur du traitement (RR=0,80 et 0,86 respectivement), mais les écarts entre chacun des groupes traités et le groupe placebo ne sont pas significatifs.
Un signal d’efficacité
L’aspect que mettent en avant les auteurs est la réponse apparemment meilleure en présence d’un taux élevé d’éosinophiles. Dans une méta-analyse couplant les patients de METREX à phénotype éosinophiliques et les patients de METREO, chez les patients présentant entre 300 et 500 éosinophiles/mm3 à l’inclusion, le risque relatif d’exacerbation est de 0,75 [0,55-1,00]. Chez les patients présentant plus de 500 éosinophiles/mm3, le RR est de 0,72 [0,48-1,09].
« Ces résultats suggèrent que l’inflammation éosinophilique des voies aériennes contribue aux exacerbations de la BPCO, et que l’utilisation de mepolizumab, en fonction du taux d’éosinophiles, pourrait constituer une approche précise, chez patients sélectionnés, présentant des exacerbations malgré une trithérapie de maintenance, basée sur les corticoïdes », estiment les auteurs.
La démonstration reste à faire dans la BPCO. En France le mepolizumab dispose d’une AMM dans l’asthme sévère, mais n’a pas à ce jour, obtenu de remboursement.
Les études METREX et METREO ont été financées par GlaxoSmithKline. Les déclarations d’intérêt des auteurs figurent sur le site du NEJM : http://www.nejm.org/doi/suppl/10.1056/NEJMoa1708208/suppl_file/nejmoa1708208_disclosures.pdf |
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Citer cet article: BPCO : efficacité modeste de l’anti IL-5 mepolizumab - Medscape - 11 oct 2017.
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