Hypertension: des facteurs prédisposant hémodynamiques différents chez les hommes et les femmes

Vincent Bargoin

Auteurs et déclarations

9 octobre 2017

San Francisco, Etats-Unis  — L’augmentation de n’importe lequel des 3 facteurs déterminant la pression artérielle (PA), à savoir la fréquence cardiaque (FC)le volume d’éjection systolique (VES) et les résistances périphériques (RP) peut conduire à majorer la  PA. Sachant qu’il existe des différences tensionnelles entre les hommes et les femmes, débutant à l’adolescence et se prolongeant jusqu’à la ménopause (la PA des hommes est plus élevée que celle des femmes qui sont comparativement moins sujettes à l’hypertension) des investigateurs canadiens ont cherché à savoir si les facteurs hémodynamiques à l’origine de l’hypertension artérielle étaient différents entre les hommes et les femmes.

Leurs résultats, présentés à l’occasion des sessions scientifiques conjointes de l’American Society of Hypertension et des comités de l’American Heart Association (AHA) consacrés à l’hypertension (HTA) et au rein [1] vont dans ce sens. Ils suggèrent que la pression artérielle systolique (PAS) serait plutôt dépendante du volume d’éjection systolique chez les femmes, et des résistances périphériques chez l’homme.

« Le plus souvent, chez la femme, c’est le volume de sang envoyé à chaque contraction qui contribuerait à l’hypertension, tandis que chez l’homme, ce serait la résistance du lit vasculaire » a expliqué le Dr Willie Lawrence (Kansas City), porte-parole de l’AHA, à nos confrères de par Medscape International,

Des résultats qui devront évidemment être confirmés et approfondis avant d’envisager des recommandations de traitement de l’HTA en fonction du sexe, comme suggéré par les investigateurs dans leur conclusion.

 
Les résultats suggèrent que la PAS serait plutôt dépendante du volume d’éjection systolique chez les femmes, et des résistances périphériques chez l’homme.
 

Une étude de population sur plus de 1000 personnes

Pour tester leur hypothèse de différence liée au genre, les investigateurs ont travaillé sur une population d’adultes et d’adolescents.

L’analyse a été menée dans le cadre de l’étude Jeunesse-Saguenay portant sur 1347 personnes dont 911 adolescents âgés de 12 à 18 ans (dont 52% d’adolescentes), et 426 adultes, âgés de 36 à 65 ans (dont 56% de femmes).

Les PA systoliques et diastoliques (PAS et PAD) battement par battement, la fréquence cardiaque, le volume d’éjection systolique et les résistances périphériques ont été mesurés en continu durant 52 minutes au moyen d’une mesure non invasive (Finometer™,Finapress Medical Systems).

Mesure non invasive des paramètres hémodynamiques

Plusieurs appareils de photo-pléthysmographie, tel que le Finameter™, permettent une mesure continue de la pression artérielle de manière non-invasive. Une mini-manchette pléthysmographique adaptée au doigt, munie d’un émetteur infrarouge, mesure en continu le diamètre de l’artère digitale, et la pression pour maintenir la dimension de l’artère constante à sa valeur télédiastolique (volume minimal).  La pression enregistrée est alors équivalente à la pression artérielle systémique. Une manchette à pression brachiale permet d’étalonner les valeurs lues au doigt. Ces systèmes perdent toute précision lorsque la circulation périphérique est compromise (bas débit cardiaque), lors d’œdème, lors d’hypothermie ou lors d’utilisation de vasoconstricteurs artériels.

Durant les 52 minutes d’enregistrement, les participants suivaient un protocole supposé reproduire les activités de la vie quotidienne, incluant des changements posturaux et des épisodes de stress psychique.

Une différence suivant le sexe

Les contributions relatives de chacun de ces trois paramètres à la PAS différaient selon le sexe. Chez les femmes, le volume d’éjection systolique expliquait 55% de la variance de la PAS, contre 35% chez les hommes. Inversement, chez ces derniers, les résistances vasculaires expliquaient 47% de la variance de la PAS, contre 30% chez les femmes.

Les chercheurs notent que cet écart a été observé tout au long du protocole, mais qu’il était plus marqué lorsque les sujets se tenaient debout, et moins marqués durant les épreuves de stress.

Par ailleurs, la différence entre sexe existe aussi chez les adolescents, mais elle est moins marquée que chez les adultes, et n’est significative qu’en posture debout.

Enfin, en ce qui concerne la PAD, les résistances périphériques sont prédominantes dans les deux sexes, mais leur contribution à la variance est plus importante chez les hommes (58%) que chez les femmes (41%).

Plutôt des diurétiques chez les femmes, des IEC/IC chez les hommes ?

 « Par conséquent, chez la plupart des femmes, la réduction du volume d’éjection systolique, que l’on peut obtenir avec un diurétique, serait le traitement le plus efficace de l’HTA. Chez l’homme, il pourrait être plus efficace d’utiliser un traitement qui abaisse les résistances périphériques, c’est-à-dire un IEC ou un inhibiteur calcique » suggère le Dr Lawrence.

 

L’étude a été financée par l’Institut Canadien pour la Recherche en Santé, la Fondation Canadienne pour l’Innovation et la Fondation des Maladies du Cœur du Québec.

Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêt en rapport avec le sujet.

 

 

 

 

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