Maryline Gygax Généro, une femme à la tête du service de santé des armées

Stéphanie Lavaud

Auteurs et déclarations

28 septembre 2017

           

Maryline Gygax Généro

           

Paris, France – Grande première. Depuis le 11 septembre 2017, le service de santé des armées (SSA) est dirigé par une femme, LA médecin général inspecteur, Maryline Gygax Généro. Celle-ci aura la lourde tâche de poursuivre les mutations engagées par son prédécesseur dans le cadre du plan SSA 2020 visant de maintenir la qualité de l'offre de soins du service de santé des armées, centrée sur l’opérationnel tout en tenant en s'intégrant de plus en plus au système public de santé.

Une nouvelle mission pour la médecin général des armées, qui dispose pour la mener à bien, « de beaucoup de cordes à son arc », a-t-elle assuré. En témoigne son brillant parcours (voir CV détaillé en fin d’article).

Le SSA en chiffres :
  • 15 800 agents dont 10 800 militaires et 5 000 civils (chiffres de 2016),

  • 1 800 médecins, plus 2 900 réservistes,

  • 2100 praticiens, paramédicaux et périmédicaux sur le théâtre d’opération militaire (chiffres de 2015),

  • 2 plateformes hospitalières, l’une en Ile-de-France (Bégin à Saint-Mandé et Percy à Clamart), l’autre en région PACA (Saint-Anne à Toulon et Lavéran à Marseille),

  • 4 hôpitaux d’instruction des armées : Clermont-Tonnerre à Brest, Desgenettes à Lyon, Legouest à Metz, Robert Picqué à Bordeaux.

«Un parcours brillant et exemplaire»

Ancienne élève de l’École du service de santé des armées de Lyon, le médecin Gygax Généro a choisi de servir dans l’armée de l’Air après avoir obtenu ses diplômes. Agrégée en médecine aéronautique, elle rejoint l’hôpital du Val-de-Grâce en 2012 avant d'exercer à l’hôpital des armées Bégin dont elle prendra la direction en 2014. Enfin, janvier 2017, Maryline Gygax Généro se retrouve en charge de la stratégie hospitalière en qualité d’adjointe au directeur du Service de santé des armées pour finalement être nommée à sa tête cet été. « J’ai le sentiment d’avoir eu au sein du SSA un parcours fluide, et d’avoir toujours bénéficié de la reconnaissance des compétences acquises », avait-elle témoigné, en 2009, dans le rapport « Plan égalité des chances » du ministère de la Défense. La ministre des Armées, Florence Parly a pour sa part, évoqué dans un communiqué, une nomination qui « vient consacrer un parcours brillant et exemplaire et illustre la place croissante et méritée des femmes aux plus hauts postes de l’administration de la défense » [1].

La formation initiale des médecins militaires, dispensée dans les universités de médecine de Bordeaux et de Lyon, est identique à celle reçue par les autres médecins. En revanche, les médecins militaires font l’objet d’une sélection par un concours spécial.

Une nécessaire ouverture au service public

Maryline Gygax Généro succède à ce poste au médecin général des armées Jean-Marc Debonne, qui ironie de l’histoire, rejoint la Cour des Comptes, laquelle avait écharpé le SSA, en raison de son déficit « hors norme » et d’une situation financière « très dégradée » dans un rapport de 2010. « Les établissements militaires, dont le Val-de-Grâce à Paris constituent le premier déficit hospitalier de France alors qu'ils représentent 2 % des capacités publiques » observaient alors les magistrats financiers, dont Le Monde rapportait les conclusions [2].
De ces documents très critiques, le service a tiré un plan d'action, le plan SSA 2020, prenant la forme de diminution d'effectifs, de réorganisations (ayant conduit à la fermeture de l’hôpital du Val-de-Grâce en 2016), mais aussi d'une « ouverture au service public, nécessaire à la performance technique et à l’efficience économique du SSA » - un programme dont la nouvelle directrice devra assurer la continuité.

Le « damage control » : mise à disposition du savoir-faire spécifique du SSA

Si son cœur de mission est le soutien opérationnel des forces armées, le SSA est également acteur de santé publique – ou, du moins, tend-il à le devenir de plus en plus. « Un choix stratégique d’ouverture à la santé publique récent, a commenté la médecin général inspecteur.

Les échanges possibles entre les deux systèmes, c'est par exemple : donner accès à des plateaux techniques de très haut niveau présents dans les hôpitaux militaires aux médecins du public, organiser des gardes des médecins des Forces au sein des services d’urgence des hôpitaux publics mais aussi inscrire les hôpitaux militaires au sein des territoires de santé et des réseaux de soins, de façon à leur assurer un recrutement civil.

Enfin, ce partenariat passe aussi par la mise à disposition du savoir-faire spécifique du SSA dans les situations sanitaires exceptionnelles. Maryline Gygax Généro a rappelé que, pendant l’épidémie d’Ebola, l’hôpital Bégin a accueilli deux patients atteints du virus, qu'il a guéri sans aucune contamination du personnel.

Plus récemment, lors des attentats parisiens, les militaires ont mis leur compétence en chirurgie de guerre au service des blessés sur le territoire national. A la suite des attaques, le SSA a d’ailleurs mis en place un enseignement du savoir-faire militaire de la prise en charge des blessés lors d’attentats utilisant des armes de guerre, le « damage control » à l’attention des professionnels de santé civils. Lors de l'attentat de Nice, l'apport des militaires a été d'ordre psychologique et psychiatrique, a précisé la nouvelle directrice.

Plasma lyophilisé à transfuser sur la zone de combat

Autre volet d’optimisation demandée par la Cour des comptes : l’amélioration de la performance économique. « Cela consiste notamment à valoriser notre savoir-faire en déposant la marque du SSA sur des produits médicamenteux élaborés par nos équipes de façon à pouvoir les mettre à disposition de structures civiles, et parfois, d’autres nations », explique le médecin hors classe. C’est le cas, par exemple, du centre de transfusion sanguine des armées (CTSA à Clamart, 92) qui est le seul établissement en France à fabriquer du plasma lyophilisé et sécurisé qui se conserve à température ambiante. « Il a les mêmes capacités thérapeutiques que le plasma frais congelé (PFC) utilisé dans les hôpitaux, et en s’affranchissant de la nécessité de maintenir une chaîne du froid, il est parfaitement adapté aux conditions de la transfusion sur la zone de combat*».

 

* en cas d’accrochage sur les théâtres d’opération, la prise en charge des blessés par le SSA se fait sur place, de façon immédiate, en amenant au plus près des combats médecins, chirurgiens et anesthésistes-réanimateurs pour traiter malades et blessés avant de les évacuer dès que possible vers la métropole. Alors que les Anglo-Saxons privilégient la rapidité de l'évacuation, le concept qui place l'équipe chirurgicale au plus près du blessé est une spécificité française.  

 

 

Le SSA recrute

« Les contraintes qui pèsent sur la démographie médicale en France touchent aussi le SSA dont les recrutements sont en concurrence avec la santé publique, a reconnu Maryline Gygax Généro. Ceci dit, notre savoir-faire spécifique est un attrait puissant pour de jeunes praticiens, qui, avant de s’installer, seraient désireux d’exercer autrement pendant quelques années, avant de s’installer dans leur vie professionnelle civile. » 

le-ssa-recrute.contact.fct@intradef.gouv.fr ou service recrutement : 01 41 93 27 85

 

Curriculum Vitae

- 19 mars 1959 : Naissance de Maryline GYGAX à La Calle (Algérie)

- 1976 : Entrée à l'école du service de santé des armées (Lyon)

- 1983 : Docteur en médecine, major de sa promotion
- 1984 : Brevetée de médecine aéronautique et affectée à l'hôpital d'instruction des armées « Desgenettes » à Lyon. Reçue au concours de l'internat, suit le cursus des internes au sein des centres hospitaliers universitaires de Lyon

- 1991 : Hôpital d'instruction des armées « Dominique Larrey » (Versailles)

- 1994 : Chef du service de pneumologie à l'hôpital d'instruction des armées « Legouest » (Metz)

- 1997 : Promue au grade de médecin en chef

- 2001 : Agrégée de médecine aéronautique et spatiale

- 2006 : Chef du service de médecine-cardiologie du centre principal d'expertise médicale du personnel navigant (CPEMPN).

- 2010 : Directrice du CPEMPN.

- 2012 : Médecin chef adjoint de l’hôpital d’instruction des armées du Val-de-Grâce à Paris.

- 2014 : Médecin-chef de l’hôpital d’instruction des armées « Bégin » à Saint-Mandé.

- 2016 : Chargée de mission auprès du directeur central du service de santé avant d’être désignée adjointe au directeur central du service de santé des armées.

Officier de la Légion d’honneur et de l’ordre national du Mérite, chevalier de l’ordre des palmes académiques, le médecin général inspecteur Maryline GYGAX est nommée directrice centrale du service de santé des armées et élevée aux rang et appellation de médecin général des armées à compter du 11 septembre 2017.

 

 

 

 

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