Saint Denis, France— A la veille de l’obligation vaccinale élargie à 11 vaccins, le danger potentiel de l’aluminium présent en petite quantité dans certains vaccins revient sur le devant de la scène. L’ANSM a-t-elle fait preuve de négligence en ne relayant l’avis de son comité d’experts sur les éventuels effets neurotoxiques de l’aluminium présent dans certains vaccins ? C’est ce que suggère un article récent du Parisien .
Dans son édition du 21 septembre, Le Parisien a publié, pour la première fois, le compte rendu du conseil scientifique de l’ANSM du 8 mars dernier où ont été présentées de nouvelles données sur la biopersistance et la neuromigration des adjuvants aluminiques des vaccins, ainsi qu’une analyse sur la prédisposition génétique à développer une myofasciite à macrophages après vaccination[1].
Dans un contexte rendu particulièrement sensible par la décision gouvernementale de rendre obligatoires 11 vaccins pédiatriques au 1er janvier, la polémique, qui ne date pas d’hier (voir article medscape), a rapidement enflé, incitant l’ANSM à publier un communiqué expliquant pourquoi elle n’avait pas jugé bon de rentre publique le document et pourquoi elle n’allait plus financer de recherches sur le sujet.
Les vaccins contenant des sels d’aluminium
le vaccin obligatoire contre la diphtérie, le tétanos la poliomyélite ;
les futurs vaccins obligatoires contre la coqueluche, l’hépatite B, les pneumocoques, les méningocoques C ;
le vaccin facultatif papillomavirus humain.
Parmi les futurs vaccins obligatoires, seuls les vaccins contre la rougeole, les oreillons et la rubéole et contre la bactérie Haemophilus influenzae ne contiennent pas de sels d’aluminium.
Un avis favorable à la poursuite de recherches
En substance, les travaux supervisés par le Pr Romain Gherardi (chef du service neuromusculaire à l’hôpital Henri Mondor de Créteil) et présentés aux scientifiques réunis par l’ANSM en mars ont montré, d’une part, que les adjuvants vaccinaux à base d’oxyhydroxyde d’aluminium pouvaient migrer du point d’injection du vaccin à d’autres tissus, notamment au cerveau. Et d’autre part, que certains individus seraient prédisposés à développer une myofasciite à macrophages après vaccination.
Myofaciite à macrophages : une maladie rare ?
La myofaciite à macrophages (MFM) est une lésion musculaire histologique provoquant notamment des myalgies, de la fatigue, des arthralgies, et des céphalées. L’origine de la maladie est inconnue mais devant la persistance de macrophages contenant de l’Aluminium au point de vaccination, des chercheurs ont émis l’hypothèse d’une association de causalité entre les deux. Cette causalité a été reconnue le Conseil d’Etat chez deux femmes en 2015 mais reste largement débattue.
En octobre 2012, l'Association santé environnement France (ASEF) rapportait 1000 cas de MFM identifiés par biopsie musculaire en France, tout en soulignant que la pathologie était probablement sous-diagnostiquée. En parallèle, le Pr Gherardi et coll., estimaient, eux, que jusqu’à 5 % de la population était génétiquement prédisposée.
Face à ces résultats, le groupe d’experts consulté par l’ANSM a jugé que les recherches devaient être «poursuivies» et «approfondies ».
Or, depuis la réunion de mars 2017, l’ANSM n’a ni rendu publique ces conclusions, ni entrepris de participer à de nouveaux travaux. Et, c’est ce qui lui est reproché aujourd’hui.
L’agence qui avait investi 150 000 euros pour les travaux initiaux, refuse de donner les 550 000 euros qui seraient nécessaires pour poursuivre les recherches, a précisé le Dr Jean-Yves Nau dans son blog du 23 septembre.
L’ANSM défend sa position
Une décision que l’ANSM défend dans un communiqué-réponse[2].
« Les montants estimés par le Pr Gherardi dépassent de très loin les capacités financières de l’ANSM en matière de financement de recherche » et « il ne rentre pas dans ses missions de financer des programmes de recherche de manière pérenne. Il est important de souligner que cette équipe de recherche ayant déposé un brevet (en rapport avec les gènes de susceptibilité étudiés), cela pourrait ouvrir à un financement privé et il serait contraire à la bonne utilisation de la subvention publique versée par l’ANSM que de supporter une activité privée lucrative ».
Au final, l’ANSM réitère clairement sa position sur les vaccins contenant de l’aluminium :
« L’ANSM rappelle que ces vaccins sont administrés à des centaines de millions de personnes dans le monde depuis près d’un siècle […]Les résultats des études de l’équipe du Pr Gherardi, ainsi que l’ensemble des rapports et publications disponibles à ce jour, ne modifient pas ce rapport bénéfice-risque positif ».
L’ANSM passe le relais
Globalement, les instances sanitaires en France, comme à l’international, notamment le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP), l’académie de médecine, l'académie de pharmacie et l’OMS… estiment que les données scientifiques disponibles ne permettent pas de remettre en cause la sécurité des vaccins contenant de l’aluminium et que le lien de causalité entre la présence persistante de l'aluminium au niveau du site d'injection du vaccin et la MFM n'est pas démontré.
Faut-il pour autant arrêter les recherches ? Ce n’est pas nécessairement ce que dit l’ANSM. Lors du Conseil scientifique organisé par l’ASNM en mars dernier, le directeur de l’agence, Dominique Martin avait expliqué qu’il était « sans doute temps pour l’ANSM « de passer la main » et de déporter le poids des recherches entreprises vers des organismes de recherche institutionnels plus puissants, ayant les moyens de supporter un champ de recherche élargi ».
Résumé des données présentées au Conseil scientifique de l’ANSM le 8 mars [1]
-Volet 1 : données sur la biopersistance et la neurotoxicité des adjuvants vaccinaux à base d’oxyhydroxyde d’aluminium
L’équipe du Pr Gherardi a présenté trois petites études réalisées chez des souris.
La première a été publiée dans BMC Médecine en 2015 par Eidi et al,. Elle a montré « une translocation physique des adjuvants entre le muscle injecté et d’autres tissus, dont le cerveau, 21 jours après l’injection d’un complexe « adjuvant aluminique-nanodiamants fluorescents (le marqueur)».
En parallèle, la deuxième étude, de Crépeaux et coll., publiée en 2015 dans JIB, a montré que 9 mois après la vaccination, les particules injectées étaient encore détectables dans les tissus, le muscle injecté, la rate et les ganglions lymphatiques comme inguinaux. Les injections intramusculaires n’étaient pas associées à des dépôts au niveau du cerveau contrairement aux injections sous-cutanées.
Une troisième étude de Crépeaux et coll. publiée dans Toxicology en 2017 a permis de tester l’« effet dose ». Trois doses de 200 μg, 400 μg et 800 μg d’aluminium par kg ont été administrées par voie intramusculaire à trois groupes de souris. Après 180 jours, les chercheurs ont observé une modification du niveau d’activité et d’anxiété des animaux, une accumulation cérébrale d’aluminium et une densité de cellules microgliale augmentée chez les animaux ayant perçu la dose de 200 μg/kg d’aluminium. Selon la chercheuse, dans ses faibles doses, les particules d’aluminium sont de petites tailles. Or ce serait ces particules plus petites qui favoriseraient l’internalisation de l’adjuvant par les macrophages et donc la translocation des particules injectées vers les tissus.
-Volet 2 : données génétiques
Les chercheurs ont présenté une analyse montrant que sept gènes étaient surreprésentés chez les patients qui avaient développé une myofasciite à macrophages après la vaccination versus ceux qui n’avaient pas développé le syndrome, selon Le Parisien.
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Citer cet article: Aude Lecrubier. Vaccins : la polémique sur l’aluminium revient sur le devant de la scène - Medscape - 26 sept 2017.
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