Manif contre  l’obligation vaccinale : la bataille est engagée

Jean-Bernard Gervais

Auteurs et déclarations

8 septembre 2017

Paris, France — La ministre de la Santé Agnès Buzyn a confirmé que 11 vaccins deviendront obligatoires chez l’enfant. Regroupés sous la bannière « Ensemble pour une vaccination libre », les opposants appellent à manifester contre ce samedi.

Terrain glissant

Le 31 août dernier, sur les ondes de CNews, la ministre de la santé Agnès Buzyn officialisait, après l’avoir sous-entendu début juillet, l’obligation vaccinale pour 11 vaccins. « Ces vaccins sont déjà dans le carnet de vaccination (mais non obligatoires, mis à part trois d’entre eux, NDLR). Nous parlons des 10 ou 15% des enfants qui ne sont pas vaccinés alors que ces vaccins sont fortement recommandés. Le fait qu’il ne soit pas vaccinés met en danger les autres enfants », a-t-elle argumenté auprès de Jean-Pierre Elkabbach. Ces onze vaccins, qui devraient devenir obligatoires à partir de janvier 2018, sont destinés aux enfants de moins de deux ans. Ils protégeront les enfants contre les maladies suivantes : coqueluche, haemophilus influenzae b, hépatite B, méningocoque C, pneumocoque, rougeole, oreillons, rubéole. diphtérie, tétanos, poliomyélite. Cette mesure drastique serait due à l’insuffisance de la couverture vaccinale en France et au retour de certaines épidémies. Précisément, seulement 70% des 6-11 ans sont à jour de leurs vaccins. Quant au retour des épidémies, l’ARS du grand Est constatait en juin dernier 44 cas de rougeoles recensés depuis janvier 2017, dont les trois quarts concernent des enfants. Bref, pour la ministre de la santé, cette mesure est de bon sens, assurément. Néanmoins, elle ne se fait pas d’illusion : le terrain est glissant. Elle l’a presque tacitement confirmé le 1er septembre dernier au congrès des médecins libéraux à La Baule. « J’ai besoin de vous pour convaincre et expliquer et nous vous donnerons les outils pour le faire », a-t-elle annoncé devant quelques 200 conférenciers. Le président de la CSMF, le Dr Jean-Claude Ortiz, l’a assuré du soutien des médecins libéraux : « Vous pouvez compter sur les médecins de terrain pour accompagner les Français afin qu’ils adhèrent massivement à ce grand défi. » MG France fait également partie des soutiens de la ministre sur ce sujet.

La fronde s’organise

Les pourfendeurs de la vaccination obligatoire, de leur coté, s’organisent. Un mouvement, Ensemble pour une vaccination libre, prévoit de manifester ce 9 septembre à 14 heures devant le ministère de la santé, « pour protester contre le projet de loi de Mme Buzyn ». Ce collectif, que nous avons tenté de joindre, regroupe les associations : REVAHB, Agir tous ensemble, Page info vaccin Prévenir, la fondation Stacy pour la vie, l’institut pour la protection pour la santé naturelle, l’association liberté information santé, les filles et le Gardasil. Ce collectif, dont le porte-parole est Sophie Guillot, est également soutenu par Michèle Rivasi, députée européenne, entre autres.

Europe divisée

Pourquoi s’opposer ? Première des raisons invoquées : le Collectif s’estime avoir été floué par les conclusions de la commission Fischer. Ladite commission devait organiser une vaste concertation sur l’obligation vaccinale. Lors de cette concertation, les jurys citoyens et de professionnels de santé s’étaient prononcés contre l’obligation vaccinale. Nonobstant, la commission Fischer a émis une recommandation en faveur de l’obligation… Le Collectif fait aussi état d’une vaste fronde mondiale contre l’obligation vaccinale : « Une loi similaire est passée début août en Italie. Depuis, Mme Lorenzin (la ministre de la santé en Italie, NDLR) a amorcé un recul, réduisant de 12 à 10 les vaccins obligatoires. Mais les manifestations se poursuivent partout dans le pays, et certaines provinces entendent attaquer cette loi qu’elles ne veulent pas appliquer. Une manifestation est prévue à Berlin, une semaine après la nôtre, pour rejeter le projet de rendre une vaccination obligatoire en Allemagne. » Le Parlement suédois a également rejeté une proposition de loi sur l’obligation vaccinale, la jugeant anticonstitutionnelle. Le communiqué de ce collectif évoque également des manifestations en Australie, Etats-Unis, Argentine, Uruguay, Pologne, République tchèque, Roumanie.

Les revendications d’Ensemble pour une vaccination libre

Ensemble pour une vaccination libre plaide pour la levée de toutes les obligations vaccinales et la dépénalisation de tout refus de vaccination. Il demande aussi une réforme de la pharmacovigilance, en simplifiant les procédures de déclarations d’effets indésirables destinées aux médecins. Selon ce mouvement, « la pharmacovigilance n’enregistre que 1 à 10% des accidents post-vaccinaux graves ». Ils ajoutent : « il est indispensable que les médecins critiques ou sceptiques vis-à-vis de la vaccination ne soient plus menacés de radiation », faisant référence au Pr Henri Joyeux, radié de l’ordre des médecins pour avoir lancé une pétition pour le retour du vaccin simple sans aluminium. La pétition a été signée par plus de 1 million de personnes, mais n’a reçu aucun écho du ministère. Sinon la radiation du Pr Joyeux de l’Ordre des médecins… Pas découragé pour autant, Henri Joyeux vient d’adresser un courrier à la ministre de la Santé, pour demander que les onze vaccinations obligatoires soient sans aluminium. Et relève au passage des incohérences dans l’argumentation d’Agnès Buzyn, qui a déclaré que 10 à 15% des enfants non vaccinés mettent en danger le reste de la population : «Comment les non-vaccinés peuvent-ils contaminer les 85 à 90% de vaccinés puisque le vaccin est destiné à les protéger ? Etes vous certaine que les enfants soient décédés seulement parce qu’ils n’étaient pas vaccinés, quand vous connaissez comme moi, les dangers des vaccinations chez les enfants immunodéprimés quelles qu’en soient les raisons ? ».

 

 

 

 

 

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