Reconstruction mammaire en 2017 : le point avec le Dr Jean-François Honart

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

4 septembre 2017

Villejuif, France — Alors que l’incidence du cancer du sein a beaucoup augmenté ces dernières décennies, notamment chez les femmes jeunes, des progrès considérables sont en cours dans le domaine de la reconstruction mammaire.

Les reconstructions autologues gagnent du terrain

Dr Jean-François Honart

Les reconstructions autologues gagnent du terrain grâce à la microchirurgie qui permet de limiter les séquelles au niveau des sites où la graisse est prélevée. Elles représentent aujourd’hui environ 30 % des reconstructions mammaires (vs 70% de reconstructions prothétiques). En pratique, les tissus de la patiente peuvent être prélevés, au niveau du ventre, de la culotte de cheval ou des poignées d’amour et utilisés pour refaire le sein. L’avantage est qu’il s’agit d’une technique définitive. « La patiente n’a pas à avoir de surveillance de sa prothèse, à la changer quand elle est usée, les tissus sont souples, évoluent avec la patiente », explique le Dr Jean-François Honart (chirurgien plastique, Gustave Roussy, Villejuif, France) à Medscape édition française.

Il précise toutefois que les interventions de reconstruction autologue sont un peu plus longues que celles de reconstruction classique (4 à 5 heures), qu’elles nécessitent une réelle expertise en microchirurgie et qu’il existe un risque d’échec d’environ 5 %.

Préserver le mamelon et l’aréole

Dans le domaine esthétique, la préservation du mamelon et de l’aréole est à l’étude dans certaines indications.

« Dans la mastectomie classique, on enlève tout par la grande cicatrice qui barre le sein, alors que dans les cas de préservation du mamelon et l’aréole, nous pouvons garder toute l’enveloppe cutanée », explique le plasticien.

Pour l’instant cette conservation est encore réservée à certaines indications bien précises. Elle se fait dans le cadre de protocoles d’études. En cas de cancer infiltrant, les femmes qui peuvent en bénéficier doivent avoir plus de 40 ans, une tumeur à plus de 2 centimètres de l’aréole et pas d’indication pré-opératoire de radiothérapie.

Les matrices biologiques ou synthétiques révolutionnent les pratiques

Autre avancée technique, l’utilisation de matrices biologiques ou synthétiques pour améliorer les résultats de la reconstruction prothétique avec implant mammaire. Ces matériaux utilisés à l’échelle internationale ne sont pas encore remboursés en France. « Nous les testons pour montrer qu’ils apportent un bénéfice aux patients, surtout en cas de reconstruction immédiate. Elles permettent d’adapter parfaitement la loge de l’implant, et amélioreraient également les résultats à long terme. On utilise cette technologie depuis deux ans maintenant et elle a révolutionné nos résultats », explique le chirurgien.

L’arrivée de la chirurgie robot-assistée

Parmi les avancées récentes dans le domaine de la mastectomie on peut citer la chirurgie « robot-assistée » qui a été développée à Gustave Roussy. « Elle permet de limiter la rançon cicatricielle à une cicatrice qui est cachée par le bras et qui fait 4 cm, tout en ayant un bon contrôle sur la maladie, ce qui est difficilement faisable par un humain », explique le Dr Honart.

La technique est actuellement réservée aux patientes qui ont des prédispositions génétiques au cancer du sein mais pas la maladie. A ce jour, seules deux équipes au monde ont commencé à publier des résultats, une équipe italienne et Gustave Roussy [1,2].

« Les résultats que nous avons obtenus à Gustave Roussy sur 35 patientes sont très bons mais nous attendons d’inclure plus de patientes pour avoir un recul suffisant », note le Dr Honart.

Une meilleure information aux patientes

Dernière avancée et non des moindres, l’information aux patientes. L’évolution importante des méthodes de reconstruction au cours des dernières années et l’engagement de plus en plus fort des patientes dans leur prise en charge sont à l’origine d’un réel besoin d’information. Dans ce contexte, des initiatives ont vu le jour pour tenter de les guider et d’apporter des réponses à leurs questions, notamment à Gustave Roussy.

 « A l’IGR, nous faisons des réunions-débats pour environ 50 patientes une fois par mois. Nous expliquons pendant deux heures les principes de la reconstruction et toutes les techniques disponibles puis nous échangeons avec les patientes (voir https://www.facebook.com/infocancerdusein/ ). A l’avenir, nous souhaitons créer une plateforme internet où nous pourrions faire ces réunions en streaming pour les patientes qui ne peuvent pas se déplacer ou qui sont loin de notre centre », conclut le Dr Honart.

 

Le Dr Honart n’a pas de liens d’intérêt en rapport avec le sujet.

 

 

 

 

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