La difficile question des effets secondaires
La question des effets secondaires est ici particulièrement importante. Rien n’a été observé sur le plan hépatique ou rénal. La neutropénie est plus fréquente sous canakinumab. Mais surtout, une forte élévation de la mortalité infectieuse a été constatée : 0,31 (pour l’ensemble des groupes canakinumab) vs. 0,18 (placebo) pour 100 personne.années (p=0,02).
A contrario – preuve que l’immunité est un domaine complexe – une réduction de la mortalité par cancer a également été constatée : 0,45 vs. 0,64 pour 100 personne.années (p=0,02).
Alors que l’incidence des cancers n’est pas significativement différente d’un groupe à l’autre, cet écart de mortalité renvoie à plusieurs papiers, publiés dans les années 2000, montrant une corrélation entre l’IL-1β et la progression et l’invasivité des tumeurs, notamment le cancer du poumon, a longuement souligné le Pr Ridker en conférence de presse.
Faudrait-il évaluer le canakinumab en oncologie ? Le message était en tout cas fortement suggéré.
En attendant, et pour rester dans la cardiologie, l’effet du canakinumab s’est finalement révélé neutre sur la mortalité toutes causes. Et ceci pour un coût qui, aux Etats-Unis et dans les indications rhumatologiques (à raison d’une administration par mois, et non tous les trois mois), est de l’ordre de 200.000 $ par an, indique le Pr Harrington dans son éditorial.
Dans son communiqué de juillet dernier, Novartis annonçait son intention « d’entamer des discussions avec les autorités de santé ». Sur la base de ce résultat globalement neutre, il n’est pas sûr qu’elles se laisseront facilement convaincre. Le Pr Ridker a souligné que le bénéfice du traitement était corrélé à la baisse de l’CRP-hs dans les trois premiers mois, ce qui permettrait de sélectionner les patients. Probablement s’agira-t-il d’un argument du dossier.
Preuve de concept
Si l’avenir cardiovasculaire du canakinumab reste incertain, la preuve de concept est en revanche très claire : « le principe lower is better semble s’appliquer à l’inflammation », a résumé le Pr Ridker.
Et l’inhibition de l’IL-1β n’est pas la seule piste. On peut notamment citer l’étude australienne LoDoCo (Low Dose Colchicine for secondary prevention of cardiovascular disease) qui montre, chez 512 coronariens stables randomisés, suivis 3 ans, que de faibles doses de colchicine (0,5 mg/j) réduisent fortement l’incidence d’un composite associant syndrome coronarien aigu, arrêt cardiaque extra-hospitalier et AVC ischémique non cardioembolique (RR=0,33 ; p<0,001).
Pour sa part, le Pr Ridker a conclu sa présentation en conférence de presse en évoquant une étude actuellement menée par le National Heart, Lung and Blood Institute américain sur le méthotrexate à faible dose en prévention secondaire post-IDM chez des patients diabétiques. « Un traitement génériqué, et peu coûteux ».
L’étude CANTOS a été financée par Novartis. Le Pr Ridker a indiqué des contrats de recherche avec Novartis, ainsi q’un statut de co-inventeur dans des brevets couvrant l’utilisation de marqueurs de l’inflammation dans les maladies cardiovasculaires. Les déclarations d’intérêt des autres auteurs figurent dans la publication. |
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Citer cet article: Traitement de l’inflammation en prévention secondaire : CANTOS fait la preuve de concept - Medscape - 27 août 2017.
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