Barcelone, Espagne — En juillet dernier, Novartis avait annoncé des résultats positifs de l’étude CANTOS. Les résultats détaillés de cette phase 3, qui viennent d’être présentés par le Pr Paul Ridker (Brigham and Women’s Hospital, Boston) lors du congrès de l’European Society of Cardiology (ESC 17) sont riches d’enseignements sur le rôle de l’inflammation dans la maladie coronaire.
Ces résultats sont publiés simultanément dans le New England Journal of Medicine[1].
Evalué en prévention secondaire, le canakinumab (Ilaris®, Novartis), un anticorps monoclonal anti-interleukine-1β (IL-1β), réduit l’incidence du critère primaire, un composite associant décès cardiovasculaire (CV), infarctus du myocarde non fatal (IDM) et AVC non fatal. Mais le bénéfice modeste, le coût élevé de l’anticorps, ne suggèrent pas qu’il s’agira demain d’un traitement de routine en cardiologie.
En France, le canakinumab est actuellement utilisé dans les syndromes périodiques associés à la cryopyrine (CAPS), la maladie de Still et l’arthrite goutteuse. |
On relève par ailleurs des effets secondaires importants, négatifs et positifs, puisque la canakinumab est associé à une surmortalité par infection chez les patients traités, et parallèlement, une réduction de la mortalité par cancer.
Au total, en combinant les effets du canakinumab sur le facteur CV, sur le facteur infectieux et sur le facteur oncologique, son effet sur la mortalité générale est simplement nul.
Il reste donc une idée, développée par le Pr Ridker dans sa présentation. En prévention secondaire, les patients sont naturellement traités par statine. La question est celle du risque résiduel. Avec les anti-PCSK9, on voit apparaitre des stratégies permettant une baisse supplémentaire du LDL. Une autre stratégie de réduction du risque serait de limiter l’inflammation. « Environ 50% des patients présentent une inflammation élevée » a précisé le Pr Ridker à une question de Medscape édition française.
Athérosclérose et inflammation L’hypothèse inflammatoire dans l’athérosclérose est évoquée depuis plus de 20 ans, et c’est en fait beaucoup plus qu’une hypothèse. Comme l’explique le Pr Robert A. Harrington (Stanford University) dans un éditorial du NEJM , « les cellules inflammatoires contrôlent la réponse cicatricielle aux lésions vasculaires, permettant l’installation et le développement de la plaque. En outre, il est probable que les processus inflammatoires déstabilisent la plaque, augmentant les risques de rupture ».Sur le plan thérapeutique, l’aspirine ou les statines présentent des propriétés anti-inflammatoires, mais leur bénéfice cardiovasculaire a jusqu’à présent été attribué à d’autres effets. On a cependant commencé à se pencher sérieusement sur la question avec l’étude JUPITER, qui montrait un effet plus important de la rosuvastatine en cas de CRP-hs élevée. Toutefois, comme dans le même temps, le LDL était abaissé, il était impossible de conclure au rôle sur l’inflammation dans le bénéfice. Et l’on comprend au passage l’insistance des auteurs de CANTOS sur l’absence d’effet du canakinumab sur les lipides. |
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Citer cet article: Traitement de l’inflammation en prévention secondaire : CANTOS fait la preuve de concept - Medscape - 27 août 2017.
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