New Jersey, Etats-Unis — Les teintures capillaires et les produits de défrisage sont-ils responsables de cancers du sein ?
Une étude de cohorte réalisée à New York et dans le New Jersey étaye cette hypothèse. Elle montre que l’utilisation régulière de produits de lissage ou de défrisage et/ou des teintures foncées (brun foncé, noir) peut augmenter le risque de développer la maladie [1].
En résumé, les teintures permanentes et les produits de défrisage chimiques n’auraient pas les mêmes effets délétères chez les femmes afro-américaines et d’origine européenne, probablement en raison de l’utilisation de produits différents. Les teintures foncées (brun foncé ou noir) augmenteraient surtout les risques de cancer du sein chez les femmes noires (+51%). Alors que le défrisage chimique, non problématique chez les femmes noires, augmenterait le risque de cancer du sein de 74 % chez les femmes blanches.
Quel rationnel ? Les teintures capillaires permanentes et les produits de défrisage chimiques contiennent des carcinogènes et des agents mutagènes, notamment des amines aromatiques. Bien qu’auparavant, aucune autre étude n’ait montré que les teintures capillaires foncées étaient associées à un sur-risque de cancer du sein, leur utilisation à long terme a été associée à un quadruplement du risque de lymphomes non-hodgkinien non mortels et de myélomes multiples chez les femmes dans l’étude Cancer Prevention Study II [2] et associée à une augmentation du risque de cancer de la vessie de 29 % dans une méta-analyse récente [3]. A noter : en 2010, l’ANSM a alerté sur les risques associés au dégagement de formaldéhyde dans l’air ambiant lors des techniques de chauffage utilisées pour le lissage des cheveux. Une exposition chronique est cancérogène au niveau du nasopharynx et le formaldéhyde est suspecté dans la survenue de leucémies, de cancers des sinus et de la cavité nasale. |
Une étude de grande taille
L’étude réalisée par Adana Llanos et coll. (Rutgers School of Public Health, Piscataway, New Jersey) a inclus 2280 femmes ayant eu un cancer du sein (1508 afro-américaines et 772 caucasiennes) et 2005 femmes « contrôles » (1290 afro-américaines et 715 blanches).
En pratique, il a été demandé aux participantes si elles avaient utilisé une teinture permanente au moins deux fois par an pendant au moins une année et si elles avaient déjà utilisé des produits de défrisage ou de lissage chimiques pendant au moins un an.
Il en ressort que la grande majorité (88 %) des afro-américaines ont utilisé des produits de défrisage versus 5 % des femmes caucasiennes.
En revanche, alors que 58 % des femmes blanches utilisent régulièrement des teintures capillaires foncées, seules 30 % des femmes noires le font.
Un sur-risque lié aux teintures foncées chez les afro-américaines
Concernant le risque de cancer du sein, après ajustement pour différents facteurs de biais (dont l’âge et l’origine ethnique), l’analyse des chercheurs montre que, chez les femmes afro-américaines, l’utilisation des teintures foncées est associée à un risque accru de cancer du sein de 51 % et plus spécifiquement à un sur-risque de cancer du sein ER+ de 72 %. En outre, parmi les femmes afro-américaines, la coloration régulière en salon de coiffure augmente encore leur risque de cancer du sein de 26 % et de cancer du sein ER+ de 37%.
A contrario, les produits de défrisage ne sont pas associés à un risque accru de cancer du sein chez les femmes afro-américaines, ce qui confirme les résultats de l’étude Black Women’s Health Study[4].
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Citer cet article: Cancer du sein : teintures capillaires et défrisage chimiques pointés du doigt - Medscape - 28 août 2017.
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