La marijuana triplerait le risque de décès lié à l’hypertension

Vincent Bargoin

Auteurs et déclarations

23 août 2017

Atlanta, Etats-Unis — Une analyse rétrospective de la cohorte américaine NHANES (National Health and Nutrition Examination Survey) suggère que la marijuana, cannabis sous forme de feuilles (herbe), pourrait augmenter considérablement la mortalité liée à l’hypertension (HTA), Selon les chiffres publiés dans l’European Journal of Preventive Cardiology, le sur-risque pourrait     dépasser un facteur 3, et augmenterait d’année en année avec la durée d’utilisation [1].

Stimulation du système sympathique

Comme l’indiquent les auteurs en introduction du papier, « on dispose de données associant cannabis et urgences cardiovasculaires. En revanche, les études évaluant l’impact du cannabis sur la mortalité cardiovasculaire sont rares ».

Evidemment, les deux paramètres sont liés. « Le sur-risque de mortalité liée à l’hypertension n’est pas surprenant », souligne ainsi le Dr Barbara Yankey (Georgia State University, Atlanta, Etats-Unis), premier auteur de l’étude, dans un communiqué de presse de l’European Society of Cardiology.

« Le cannabis est connu pour ses nombreux effets sur le système cardiovasculaire [notamment] la stimulation du système sympathique, augmentant ainsi la fréquence cardiaque, la PA et la demande en oxygène. Les services d’urgence rapportent d’ailleurs des cas d’angor ou d’infarctus après consommation de cannabis ».

 
Le cannabis est connu pour stimuler le système sympathique, augmentant ainsi la fréquence cardiaque, la PA et la demande en oxygène.
 

Analyse des données de 1213 participants

L’analyse a donc été menée chez des participants de la cohorte NHANES, âgés d’au moins 20 ans en 2005-2006 (37 ans en moyenne). A cette date, la question de la prise de cannabis avait été posée à ces participants. La réponse « oui » classait la personne comme « utilisateur ».

On note que la consommation de cannabis, une fois déclarée, était supposée avoir été constante depuis l’âge déclaré pour la première initiation. « On ne peut être certain que les participants ont utilisés continuellement du cannabis depuis qu’ils ont essayé la première fois », reconnait le Dr Yankey.

Ces données ont ensuite été croisées avec les données de mortalité du National Centre for Health Statistics pour 2011. Ont été  examinés les données de mortalité liée à l’HTA (notamment les diagnostics d’HTA essentielle et d’insuffisance rénale hypertensive), aux maladies cardiaques, et aux maladies cérébrovasculaires.

Au total, les données de 1213 participants ont été analysées (pour un effectif global de NHANES d’environ 5000 participants).

Chez ces personnes, on compte 34% de sujet n’ayant jamais fumé (ni tabac ni cannabis), 21% de fumeurs exclusifs de cannabis, 20% de fumeurs panachant cannabis et tabac, 16% de fumeurs de cannabis ayant cessé le tabac, 5% de fumeurs entièrement repentis, et 4% de sujets ne fumant que des cigarettes.  Selon les données recueillies dans l’étude, la durée moyenne de la     consommation de cannabis était de 11,5 ans (contre 10,1 ans pour la  consommation de tabac).

Au passage, les consommateurs de cannabis devanceraient donc les consommateurs de tabac aux Etats-Unis.

 
Aux Etats-Unis, les consommateurs de cannabis devanceraient donc les consommateurs de tabac.
 

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