Le blog du Dr Boris Hansel - Diabétologue et nutritionniste
L’American Diabetes Association (ADA) recommande aux cliniciens de dépister systématiquement la dépression et l’anxiété chez les patients diabétiques : une recommandation « rarement mentionnée et rarement enseignée », souligne le Dr Hansel, en ajoutant que même si l’intérêt de ce dépistage n’est pas scientifiquement prouvé, faute d’évaluation rigoureuse, la démarche semble « raisonnable, au regard des données épidémiologiques actuellement disponibles ».
La prévalence de la dépression est en effet importante parmi les diabétiques – aussi bien les diabétiques de type 1 que les diabétiques de type 2, note le Dr Hansel. Selon les estimations, la dépression serait deux fois plus fréquente que dans la population générale.
De même, les troubles anxieux.
Or, ces désordres psychologiques seraient largement sous-diagnostiqués, puisque, selon des estimations toujours, un diagnostic ne serait posé que dans un tiers des cas.
« En clair, si on les recherche systématiquement, des troubles anxio-dépressifs seront mis en évidence dans notre patientèle, alors même qu’on n’aurait pas forcément évoqué le diagnostic de dépression ».
Si le dépistage est à priori utile, c’est parce que la relation entre troubles anxio-dépressifs et diabète n’est pas anodine », poursuit le Dr Hansel. Il s’agirait en effet d’une relation bidirectionnelle, les troubles anxio-dépressifs favorisant l’apparition d’un diabète, tandis que le diabète prédispose à l’apparition de tels troubles.
Enfin, la dépression chez le sujet diabétique serait un facteur de risque indépendant de complications micro et macro-angiopathiques.
Face à ce constat, le traitement antidépresseur peut-il aider à améliorer la qualité de vie et l’équilibre glycémique, et à réduire les complications du diabète ?
« On dispose de quelques réponses à ces questions », rappelle le Dr Hansel. Le traitement antidépresseur semble ainsi aussi efficace dans la population diabétique que dans la population générale, et « même si les données sont parfois contradictoires », les traitements à visée psychologique peuvent être efficaces pour réduire l’HbA1c.
Dans ces conditions, « même si dire qu’il ne faut pas passer à côté de troubles anxio-dépressifs chez nos patients diabétiques peut sembler trivial, je pense que la recommandation de l’ADA n’est pas superflue », insiste le Dr Hansel.
Certes, face à un patient, « un certain nombre de choses doivent être surveillées, depuis les paramètres cliniques et biologiques du diabète et des facteurs de risque, jusqu’à l’observance au traitement », admet le Dr Hansel. « Mais les symptômes tels que la fatigue, ou les palpitations et les tremblements, généralement mis sur le compte du diabète et des hypoglycémies, peuvent aussi constituer d’authentiques attaques de panique ».
En pratique, pour être sûr de ne pas passer à côté de troubles anxio-dépressifs, on peut suggérer « assez fortement », d’utiliser des questionnaires validés, estime le Dr Hansel, qui ajoute que pour sa part, il fait « régulièrement remplir le questionnaire HAD (Hospital Anxiety and Depression) qui permet d’évaluer l’anxiété et la dépression en quelques minutes.
« Il s’agit d’un questionnaire de dépistage », insiste le Dr Hansel, comme d’autres questionnaires, par exemple le GAD-7 (Generalized Anxiety Disorders) qui peut aussi être utile. Ces questionnaires ne font pas un diagnostic, mais peuvent mettre sur la piste en quelques minutes ».
Enfin, les traitements potentiellement efficaces sont « nombreux », et vont des mesures d’hygiène de vie, visant notamment l’activité physique et le sommeil, jusqu’aux traitements pharmacologiques, en passant par les thérapies cognitivo-comportementales ou la relaxation, techniques qui peuvent être pratiquées via le web, note au passage le Dr Hansel.
« Comme toujours en médecine, il s’agit de trouver pour chaque patient celui qui présente le meilleur rapport bénéfice/risque ».
© 2017 WebMD, LLC
Les opinions exprimées dans cet article ou cette vidéo n'engagent que leur(s) auteur(s) et ne reflètent pas nécessairement celles de WebMD ou Medscape.
Citer cet article: Dépression/anxiété chez le diabétique : pourquoi il faut dépister - Medscape - 22 août 2017.
Commenter