Londres, Royaume-Uni – Peut-on améliorer le métabolisme énergétique cérébral dans la maladie d'Alzheimer en remplaçant le glucose par des cétones (voir encadré) ? Considéré comme une thérapie alternative, la diète cétogène (à base d’huile de coco) gagne peu à peu du crédit, si l’on en croit les spécialistes dans le domaine. Pour preuve, toute une session a été consacrée au métabolisme des corps cétoniques dans le cerveau et aux interventions faisant intervenir des cétones lors du dernier Congrès international de l’Alzheimer's Association (AAIC 2017) qui s’est tenu à Londres en juillet dernier. Deux équipes ont présenté de nouvelles données [1].
D’une part, un essai pilote avec un régime cétogène a été associé à une fonction cognitive améliorée chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer. D’autre part, des résultats préliminaires d’une étude en cours suggèrent que donner des compléments alimentaires enrichis en cétones sous forme de triglycérides à chaines moyennes permet de restaurer partiellement l’apport d’énergie dans le cerveau des patients qui ont un dysfonctionnement cognitif léger avec une possibilité d’amélioration de la fonction cognitive.
Des résultats et des observations préliminaires prometteurs pour une démence où les nouveautés thérapeutiques réellement efficaces peinent à émerger.
La théorie des corps cétoniques dans la maladie d’Alzheimer Il est démontré que la maladie d’Alzheimer s’accompagne d’une diminution de l’utilisation du glucose au niveau des cellules cérébrales, susceptible d’entrainer une mort neuronale. La bonne nouvelle, c’est qu’il existe un carburant alternatif. A la manière d’un moteur hybride, le cerveau peut utiliser une autre source d’énergie dérivée des graisses : les cétones. Grâce à une diète ciblée, il est possible d’augmenter le taux de cétones dans le sang. Or l’huile de coco regorge d’acides gras particuliers (triglycérides à chaîne moyenne) transformable en cétones, ce qui en fait l’aliment de choix du régime cétogène. Chez certaines personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, prendre de l’huile de coco ou adopter un régime cétogène entrainerait une amélioration de la mémoire et de la cognition, des comportements, des interactions sociales, de l’humeur. Avec l’huile de coco, certains malades auraient même recommencé à pratiquer leurs activités favorites. Chez d’autres, elle ralentirait l’évolution de la maladie. Pour autant, jusqu’à aujourd’hui, en l’absence de preuves scientifiques venant étayer le discours, les spécialistes restent sceptiques et prudents sur l’intérêt d’un régime cétogène strict qui pourrait entrainer une hypercholestérolémie et des carences vitaminiques [2]. |
Adhésion au régime cétogène
« Quand l’apport en glucides est diminué de façon drastique sans augmentation des protéines, alors le taux d’insuline chute. Et le corps commence à mobiliser ses réserves en graisse » a expliqué le Dr Russell H. Swerdlow (Université du Kansas Alzheimer's Disease Center, Fairway) à nos confrères de Medscape édition internationale. « Ces graisses sont transformées en cétones dans le foie et relarguées dans le flux sanguin, où elles remplacent le glucose. Dans ces conditions, les neurones passent de la consommation de glucose à celle de cétones comme source d’énergie, mais pour que la graisse soit métabolisée en cétones, il faut que les taux d’insuline soient très bas. »
« L’objectif de la diète cétogène est donc de diminuer l’insuline en ne consommant que très peu de glucides, en équilibrant les calories grâce à l’apport en graisses. Mais adhérer à ce régime demande une grande motivation et la capacité des patients atteints de la maladie d’Alzheimer (MA) à adhérer à un tel régime n’est pas connue » a-t-il ajouté d’où l’intérêt de s’en assurer.
Pour ce faire, 15 individus avec une MA à un stade léger ont été placé sous régime cétogène avec une supplémentation additionnelle pendant 3 mois. Le taux de corps cétoniques atteints était mesuré quotidiennement dans les urines et mensuellement dans le plasma. La fonction cognitive a été évaluée à l’entrée dans l’étude, après 3 mois de régime et 1 mois après le retour à un régime normal.
Les résultats montrent que 10 patients sur 15 ont réussi à adopter le régime puis à atteindre et à maintenir un taux plus élevé de cétones. Ces patients avaient une démence moins sévère que les 5 qui ont stoppé le régime.
Préférer « glucide » à « carbohydrate », chimiquement incorrect Les glucides sont des composés organiques contenant un ou plusieurs oses ou dérivés d’oses. Leur catabolisme par oxydation totale libère près de 17 kJ par gramme. Leur composition chimique correspond approximativement à Cn(H2O)p, de sorte qu’ils ont reçu le nom d’hydrates de carbone ou carbohydrates, chimiquement incorrect, selon le Dictionnaire médical de l’Académie de Médecine (version 2016). |
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Citer cet article: Maladie d’Alzheimer : le régime cétogène à l’étude - Medscape - 10 août 2017.
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